Le 16 mars 1828, la goélette «La Turquoise» quittait le petit port de Yanaon, (côte S.E. de l'Inde). L'équipage commandé par M. Prévost de Langristin accompagnait un convoi de 15 travailleurs Indiens à l'île Bourbon. Une première expérience. La  suite de ce voyage pourtant décisive dans l'histoire de l'immigration indienne n'avait jamais pu être retracée.

Depuis les années quatre-vingt des historiens et divers chercheurs de La Réunion, de la zone de l'océan indien et d'ailleurs se sont évertué vainement à retrouver la date d'arrivée de ce premier convoi.

IL EST DESORMAIS ETABLI QUE «LA TURQUOISE» A ACCOSTE AU BARACHOIS LE 3 JUIN 1828. (a)L'information est relatée dans la feuille hebdomadaire de Bourbon. Le périodique révèle par ailleurs qu'après le départ de Yanaon la goélette a fait une escale à Pondichéry avant de reprendre le large le 15 avril 1828,  pour mouiller dans les eaux pacifiques de Bourbon le 3 juin 1828. A leur arrivée, ces quinze cultivateurs «telinga» (actuel Andra Pradesh) ont été placés chez des planteurs de Ste Marie. Quelques mois plus tôt, le 6 Déc. 1827 dans une séance du conseil Privé de Bourbon la décision a été prise d'introduire dans l'île un premier groupe de travailleurs indiens sous contrat. A la fin de l'année 1828, c'est-à-dire vingt ans avant l'abolition de l'esclavage il y avait déjà quelques 1 100 Indiens à La Réunion. Les premiers historiens à évoquer «La Turquoise» furent Roger S. Paquiry «Mémoire sur L’immigration indienne à La Réunion», Firmin Lacpatia (en 1981, «Les Indiens de La Réunion), ensuite Sully Govindin «Les Engagés indiens: Île de la Réunion, XIXe siècle» et Jean-Régis Ramsamy «La Turquoise».

Une découverte majeure dans les relations historiques entre l'Inde et La Réunion

Après deux siècles d'oubli, La Réunion renoue avec une étape décisive de son histoire en retrouvant la date d'arrivée du premier bateau qui transporta des travailleurs indiens. Cette nouvelle est aussi fondamentale que l'installation du consulat de l'Inde à La Réunion en 1986 ou l'ouverture d'une ligne aérienne entre La Réunion et Chennai (Tamilnadû). Cette césure dans le Passé de l'île ouvre de nouvelles perspectives épistémologiques. Notre île conforte sa place parmi les diasporas indiennes dispersées dans une vingtaine de pays. Il ne serait pas exclu que ce soit sur la terre réunionnaise, au début du XIXe siècle que la première expérience de l'engagisme indien a commencée.