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Vassen Kauppaymuthoo: «Il faut se reconnecter avec notre mère nourricière»
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Vassen Kauppaymuthoo: «Il faut se reconnecter avec notre mère nourricière»
Ce 8 juin marque la Journée mondiale de l’océan. Cette année, les Nations unies ont choisi comme thème «Revitaliser les océans par l’action collective». Pour l’océanographe et ingénieur en environnement Vassen Kauppaymuthoo, c’est le moment de renouer des liens avec la mer, et d’arrêter de la polluer.
Dans quel état se trouvent nos océans aujourd’hui ?
Nos océans, qui recouvrent 70 % de la planète, sont en danger. Ils nous ont protégés pendant de nombreuses années en absorbant 80 % du dioxyde de carbone, émis par l’atmosphère, mais ils s’épuisent. Les océans s’acidifient à cause du dioxyde de carbone et ils sont en train de perdre leurs ressources marines, les stocks de poissons s’effondrent les uns après les autres. La gouvernance globale des océans laisse encore à désirer. Malheureusement, l’on continue à commettre les mêmes erreurs, par rapport à la terre, en ce qui concerne la biodiversité. Or, le secrétaire des Nations unies a dit qu’il est temps de faire la paix avec la nature et de comprendre qu’elle est la solution à nos problèmes. Il faut la sauvegarder.
Donc, il est primordial de protéger nos mers…
En effet, car il ne faut pas oublier que les mangliers nous protègent contre l’érosion. Les herbiers marins absorbent une grande quantité de dioxyde de carbone qu’on appelle le carbone bleu. La biodiversité marine nous amène des solutions par rapport aux antivirus, aux antibactériens, ou aux anti-inflammatoires. Il faut revoir aujourd’hui notre perception des océans, non comme un grand coffre avec des billets dedans, mais comme un partenaire, voire notre mère nourricière, qu’il faut protéger. Avec le confinement, les océans ont pu souffler un peu. Peut-être qu’il faut apprendre de cet épisode. Pourquoi ne pas fermer les mers pour quelque temps de temps à autre ? Afin de les laisser reprendre un peu leur souffle. Un petit poisson ou corail peut apporter des remèdes à nos problèmes. Il faut être reconnecté à la nature et l’océan.
Quels sont les gestes à adopter afin de ne pas polluer les mers qui nous entourent ?
Il faut considérer que 10 % de nos zones économiques exclusives sont des aires marines protégées. À Maurice, on doit encore les développer. Il faut apprendre de cette biodiversité que même certains scientifiques peinent à comprendre. Il y a un lien entre la terre et la mer, tout ce qui se passe sur terre finit dans la mer. Comme à Flic-en-Flac, où il n’y a pas de réseau de tout à l’égout. Toutes les eaux usées de cette région finissent dans la mer. À quoi cela sert de planter des coraux pour reconstruire l’écosystème sans s’attaquer au problème à la source ? Si on ne trouve pas une alternative aux fertilisants ou aux engrais qu’on utilise, ou à l’utilisation du plastique sur terre, on n’y arrivera pas.
Il faut cesser de prendre l’océan pour une poubelle. On doit conscientiser la jeune génération, qu’elle évite d’utiliser des filets ou encore de pratiquer la pêche à la senne, qui détruit les coraux. Il faut redonner de la valeur à la science mauricienne et qu’on comprenne que les océans sont nos alliés. Je suis convaincu que l’économie bleue peut être bénéfique si elle est envisagée de façon durable. La journée de l’océan, c’est une journée de réflexion où il faut s’immerger et recentrer ses priorités par rapport à ce que nous vivons. C’est aussi le moment de se reconnecter avec notre mère nourricière.
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