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Tourisme et restrictions sanitaires: voyage au pays des contradictions

15 juin 2022, 22:00

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Tourisme et restrictions sanitaires: voyage au pays des contradictions

Les chiffres sont de Statistics Mauritius. De janvier à mai 2022, Maurice a enregistré 313 548 arrivées, dont 230 863 touristes européens. La majorité, soit 83 938, étaient des Français. Comparons : avant le Covid, de janvier à mai 2019, 557 684 personnes avaient visité l’île, dont 302 038 Français et 141 520 Britanniques. Un petit calcul démontre ainsi que le pays a enregistré cette année seulement 56 % des arrivées touristiques habituelles, ce qui équivaut à une baisse de 44 %. Comment faire pour remonter la pente, d’autant que les restrictions sanitaires, elles, ont posé leurs valises chez nous et ne semblent pas vouloir plier bagage (voir encadré) ? 

Toujours est-il que le ministère du Tourisme cible un million de touristes d’ici la fin de l’année, grâce à sa stratégie baptisée Relaunching Tourism as One Mauritius. Le Budget 2022-2023 a en outre annoncé que l’enveloppe accordée à la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA) passe de Rs 360 millions à Rs 400 millions, l’objectif étant même d’accueillir 1,4 million de visiteurs au cours de la prochaine année financière. Mais les ambitions et la réalité sont-elles en phase ? Ces chiffres seront-ils atteints ? 

Pour Ajay Jhurry, président de l’Association of Tour Operators, un, si ce n’est le frein majeur, ce sont les restrictions sanitaires. «Nous suivons à chaque fois le modèle international. Pourquoi Maurice ne s’aligne-t-il pas sur les autres pays ? Il ne faudrait pas que les autres destinations nous dépassent...» D’autant que nous avons été parmi les derniers pays à rouvrir nos frontières. «Aujourd’hui, les opérateurs veulent plus d’opportunités de travail, d’égalité dans la distribution de la richesse. Il faut que les affaires reprennent au plus vite, que l’on atteigne notre vitesse de croisière. Cela aidera l’État à diminuer ses dépenses sociales.» 

Daniel Saramandif, président de l’Association of Tourism Professionals, abonde dans le même sens. Si on veut atteindre le million de touristes, on n’a d’autre choix que de revoir, d’assouplir les restrictions sanitaires. «Certes, il faut protéger notre population mais avec l’évolution du Covid-19, les cas diminuent. De plus, on est condamné à vivre avec. Les Seychelles et Les Maldives ont largement dépassé leurs objectifs en termes d’arrivées touristiques. Ils sont en avance sur Maurice. Quand on parle de Meetings, Incentives, Conferences and Exhibitions (MICE), par exemple, il y a des groupes qui viennent à plusieurs. Ici, on ne peut qu’accueillir 50 personnes. Même si on injecte des millions de roupies dans le marketing, si on n’a pas de stratégie pour attirer davantage de touristes, on ne va pas atteindre le chiffre d’un million», fait valoir celui qui est également le nouveau conseiller du ministère du Tourisme à Madagascar. 

Pour Umarfarooq Omarjee, Executive Director d’Omarjee Aviation, le meilleur outil demeure le marketing. «Il faut intensifier la campagne promotionnelle. Des eductours, des webinars, il y a pas mal de choses à faire.» 

En attendant, hormis la hausse du budget de la MTPA, d’autres mesures ont été prises pour attirer les touristes, notamment des services personnalisés qui seront proposés par Airport Holdings Ltd pour accueillir les visiteurs très fortunés. Ces services comprendront la prise en charge des clients qui voyagent à bord de jets privés et les transferts de l’aéroport vers les hôtels, en hélicoptère.

De plus, pour soutenir les travaux de rénovation engagés par les hôteliers, l’exonération de 50 % des loyers sera prolongée jusqu’en juin 2023. Et si le gouvernement ne parle pas de la levée des restrictions pour les groupes de 50 personnes, le Budget a annoncé que les organisateurs d’événements comprenant un minimum de 50 participants seront éligibles pour bénéficier du remboursement de la taxe sur la valeur ajoutée en vertu du MICE Scheme. Sans oublier, même si la mesure a été quelque peu raillée, le bon d’achat de Rs 200 accordé à tous les passagers d’Air Mauritius, à dépenser à l’arrivée, chez Mauritius Duty Free Paradise… 

Tout cela suffira-t-il pour que Maurice se transforme de nouveau en paradis pour touristes ? Et cela, avec ces «virus» que sont les restrictions sanitaires ? Les prochaines décisions prises à ce propos seront décisives, si l’on veut panser les plaies, voire guérir le secteur…

Les conditions

En attendant que de nouvelles décisions soient prises, les visiteurs étrangers doivent se plier aux exigences des autorités quant aux restrictions sanitaires, comme cela est stipulé sur le site mauritiusnow.com.

Pour les voyageurs vaccinés

  • Vous devrez effectuer un test antigénique obligatoire à votre arrivée à l’hôtel (jour 0). Ce test peut être payant, selon la politique de votre hôtel. Si vous êtes vacciné au Sputnik Light, vous devrez réaliser un test PCR à l’aéroport, plutôt qu’à votre hôtel.
  • Vous pouvez explorer l’île après avoir reçu un résultat négatif de votre test antigénique le jour 0.
  • Avant le voyage, il est recommandé de remplir le formulaire de voyage «All in One», auquel vous pouvez accéder via le lien disponible sur le site mauritiusnow.com. Il générera un document PDF avec un code QR, qui devra être présenté aux agents de santé à l’arrivée à l’aéroport de Maurice. Pour le moment, vous devez également remplir la carte de débarquement de l’immigration, qui vous sera remise pendant votre vol. Vous devez la présenter aux fonctionnaires de l’immigration à votre arrivée à l’aéroport de Maurice.
  • Pour séjourner dans les villas, bungalows, maisons d’hôtes, chambres d’hôtes ou à votre domicile sur l’île, vous devrez faire un test antigénique à votre arrivée à l’aéroport (jour 0). Le test sera gratuit pour tous les clients vaccinés.
  • Vous pouvez explorer l’île après avoir reçu un résultat négatif à votre test antigénique réalisé à votre arrivée (jour 0).

Pour les voyageurs non vaccinés :

  • Vous serez soumis à un test antigénique à votre arrivée (jour 0).
  • Vous devez vous auto-isoler pendant 7 jours dans le logement de votre choix.
  • Vous devez effectuer un test antigénique au jour 7.
  • Si votre test du 7e jour est négatif, vous pourrez explorer librement l’île à partir du 8e jour de votre séjour (NdlR, donc vous ne pouvez venir pour un séjour inférieur, puisque vous repartiriez alors que vous êtes supposé être en isolement).
  • Avant le voyage, il est recommandé de remplir le formulaire de voyage «All in One», auquel vous pouvez accéder via le lien disponible sur mauritiusnow.com. Il générera un document PDF avec un QR Code, qui devra être présenté aux autorités sanitaires à l’arrivée à l’aéroport de Maurice. Pour le moment, vous devez également remplir la carte de débarquement de l’immigration, qui vous sera remise pendant votre vol. Vous devrez la présenter aux fonctionnaires de l’immigration à votre arrivée à l’aéroport.

 

 

Voisins et visites en baisse

<p>Pour MTPA, La Réunion est notre principal marché de proximité et notre troisième <em>&laquo;source&raquo; </em>d&rsquo;arrivées touristiques. Pour inciter nos voisins à nous rendre visite, l&rsquo;Office du Tourisme est à la recherche d&rsquo;un consultant en relations publiques, qui devra gérer une enveloppe de Rs 11,2 millions pendant un an. D&rsquo;autant que selon <em>Statistics Mauritius</em>, de janvier à mai 2022, seuls 12 998 touristes réunionnais sont venus chez nous, contre 57 010 de janvier à mai 2019, par exemple.&nbsp;</p>

<p>Pourquoi boudent-ils la destination Maurice ? Depuis le 27 mai, les Réunionnais sont autorisés à fouler le sol mauricien seulement sur présentation d&rsquo;un test Covid négatif, effectué 24 heures avant le départ. Le site mauritiusnow.com mentionne également la possibilité d&rsquo;effectuer un test rapide à leur arrivée ici. De plus, la quarantaine de sept jours pour les non-vaccinés limite les courts séjours de ces derniers.&nbsp;</p>

<p>Puis, selon Ajay Jhurry, les vols sur La Réunion ont repris tardivement.<em> &laquo;Nous n&rsquo;avons pu rattraper le coup pendant la saison de Pâques. C&rsquo;est ce manque de planification qui a causé le retard. Le consultant que recrutera la MTPA doit également sonder le marché par rapport aux restrictions sanitaires. S&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;une barrière majeure, ce problème doit être réglé en urgence.&raquo;&nbsp;</em></p>

<p>Daniel Saramandif n&rsquo;y va pas par quatre chemins ; il faut enlever les restrictions sanitaires comme à La Réunion.<em> &laquo;On ne vient pas en vacances pour porter des masques. Il faut que le gouvernement fasse des efforts. On avait l&rsquo;habitude d&rsquo;accueillir 85 000 à 90 000 touristes réunionnais. Seulement 12 000 en six mois, c&rsquo;est grave. Les petits tour-opérateurs qui travaillent avec les Réunionnais souffrent.&raquo;&nbsp;</em></p>

<p>Umarfarooq Omarjee est d&rsquo;avis lui que les chiffres devraient repartir à la hausse. <em>&laquo;Depuis trois semaines environ, avec la visite de la MTPA et du ministre du Tourisme à l&rsquo;île soeur, il y a eu des discussions pour relancer la destination Maurice.&raquo; </em>Par ailleurs, <em>&laquo;avec les vacances scolaires de juin à août à La Réunion, les perspectives sont prometteuses&raquo;.</em></p>