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Insécurité alimentaire: le pain dans le pétrin

19 juin 2022, 21:39

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Insécurité alimentaire: le pain dans le pétrin

Mangerons-nous notre pain noir après le 30 juin, date à laquelle expire l’ultimatun de l’association des boulangers qui réclament la majoration du prix du pain maison bien que le gouvernement ait augmenté les subsides sur la farine ? En tout cas, c’est un dialogue de sourds qui semble s’être installé entre le ministre du Commerce et les boulangers.

Les effets de l’inflation se font ressentir plus que jamais. C’est au tour des boulangeries d’en avoir ras-le-bol. Comme aucune mesure concrète n’a été annoncée dans le Budget 2022-23 pour améliorer la situation des boulangers, un ultimatum au 30 juin sur l’arrêt de la production des scheduled breads en cas de non-résolution avec le ministre du Commerce, a été lancé par Nasser Moraby de l’Association des propriétaires de boulangeries. Il réclame que le prix du «pain maison» soit revu à la hausse, soit à Rs 4,09. Mais les consommateurs affirment qu’ils ne mangent pas de ce pain-là et que la qualité n’est pas au rendezvous. Les boulangers nous mènentils vraiment à la baguette ? Quid de leurs revendications ?

Direction un mini-marché à Curepipe, où nous rencontrons Subhash Mandhub, le propriétaire, qui est aussi distributeur de pain. Il vend environ 100 baguettes et 150 pains ronds par jour. «On ne peut pas nier que de nombreuses boulangeries ont subi des pertes pendant la pandémie et maintenant, les hausses de prix semblent incessantes», dit-il, en tenant une tranche de pain de macédoine emballée pour la vente. «Mais en y réfléchissant, regardez les massepains, les sandwichs et pains aux raisins. Ne sont-ils pas produits avec la même farine subventionnée par la STC ? Vous avez un contrôle des prix pour les scheduled breads, mais vous vendez quand même d’autres produits qui se vendent à au moins Rs 25 à Rs 30 pièce. Alors pourquoi créer un brouhaha en lançant un tel ultimatum ? Il faut laisser le public choisir.»

Nous lui demandons si la vente de pain est contrôlée dans son commerce par des officiers mandatés. Car si les Consumer Protection (Control of Manufacture and Sale of Bread) Regulations 2018 définissent clairement les normes de fabrication et de vente du pain, les consommateurs se plaignent souvent de la qualité du pain produit dans les boulangeries ou disponible dans les boutiques. Réponse affirmative ; nous pouvons néanmoins constater en pesant quelques pains, que leurs poids sont plus (ou moins) conformes aux normes : un pain maison de 100 g à Rs 2,60, et une baguette de 199 g à Rs 5,40.

Du pain sur la planche

Hans Sharma est un jeune professionnel de 29 ans qui habite Camp-Fouquereaux. «Chez moi, nous achetons cinq pains ronds par jour. Nous sommes très conscients du fait que les boulangeries fonctionnent à perte au vu des récentes hausses de prix, puisque le coût de production dépasse le prix de vente.» Arrêter la production du pain ne résoudra pas le problème, affirme-t-il en revanche. «Le gouvernement a volontairement créé l’incertitude en investissant dans des choses qui n’auraient pas dû être prioritaires, comme le métro et le stade de Côte-d’Or. Outre l’insécurité alimentaire actuelle, nous ne pouvons pas exiger que le public surcompense pour le manque de compréhension du gouvernement.»

«Le pain maison est certainement ce que l’on trouve dans toutes les maisons mauriciennes…» a qui plus est affirmé le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, dans son discours budgétaire, le 7 juin. Mais jusqu’à quand ? Il a également affirmé que le pays sera bientôt confronté à une crise alimentaire inévitable. Est-ce donc le début de la ‘faim’ ?

Cette habitante de La Valette, mère de trois enfants propose aussi un refuge sûr pour trois enfants adoptés, qu’elle nourrit avec amour. Et souvent avec des plats au pain. Madame Sophia explique que la hausse potentielle du prix du pain ou l’arrêt de production éventuel du pain maison et de baguettes par des boulangeries aura un profond impact sur la vie des gens. Le pain, affirme-t-elle, est une nécessité dans sa famille. «Cela affectera ceux d’entre nous qui travaillons dur pour nourrir nos enfants. Comment s’attendent-ils à ce que nous nous en sortions ?»