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Nationalité britannique pour les Chagossiens: cafouillages à l’état civil

25 juin 2022, 18:00

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Nationalité britannique pour les Chagossiens: cafouillages à l’état civil

Alors que l’enregistrement pour l’obtention du passeport britannique par tous les descendants de Chagossiens doit débuter dans quelques semaines, l’inquiétude est grandissante chez plusieurs d’entre eux en raison des erreurs figurant sur les actes de naissance de leurs ancêtres. Depuis mars, des descendants de Chagossiens font des allées et venues à l’état civil en vue de rectifier ces erreurs qui, selon les fonctionnaires, prendront des semaines, voire des mois, à être corrigées. Mais les descendants de Chagossiens ne perdent pas espoir pour autant.

Pendant longtemps, ils ont attendu d’obtenir réparation pour les injustices causées à leur peuple. Plusieurs sont morts avant d’avoir vu cet avenir meilleur tant espéré. Depuis le 22 mars, la loi concernant les descendants de Chagossiens a été amendée par la House of Commons à Londres. Ils seront désormais éligibles à la nationalité britannique. Cet amendement fait suite à une demande d’Henry Smith, député de Crawley. Tous les descendants de Chagossiens âgés de plus de 18 ans auront cinq ans pour s’enregistrer auprès du Home Office afin de devenir des British OverseasTerritory Citizens (BOTC). Et à partir de là, ils pourront s’enregistrer en vue d’obtenir la nationalité britannique. Quant aux enfants mineurs, ils pourront faire leur demande une fois qu’ils auront atteint leur majorité, et ce, jusqu’à ce qu’ils aient 23 ans. Le Home Office a demandé que tous les papiers relatifs aux natifs des îles Chagos soient en règle.

Marie Lina Jacqueline Pénélope, une habitante de Pamplemousses, est une descendante de Chagossiens. Elle a entamé les procédures en vue d’être considérée BOTC depuis mars. Mais jusqu’à maintenant, elle attend d’obtenir l’acte de naissance de son grand-père, Joseph Edouard François, né aux Chagos. «Kan inn fer amandman, monn komans al rod tou mo papie ek monn al trouve ki lor lak de nesans mo granper inn mete ki linn né Moris ek dan plas inn met Edouard, zot inn met Henri. Kan monn esay fer sanzman leta sivil, zot inn dir mwa ki mo mama se pa zanfan Joseph Edouard François me de so frer, kinn ne Moris. Me frer-la inn mor ler li ti ena enn an. Se enn vre kafouyaz»,soupire Marie Lina Jacqueline Pénélope. Elle a fait une demande par écrit pour que cette erreur soit rectifiée et selon les fonctionnaires du bureau de l’état civil, cette correction prendra au moins six mois.

Dilemme                                                 

Le père de Claude est également un natif de Diego Garcia. Comme tant d’autres descendants de Chagossiens, il s’est rendu à l’état civil en mars pour une nouvelle impression des actes de naissance de ses ascendants. Mais il s’est retrouvé face à un dilemme. «Mon papa est né à Diego Garcia et il est arrivé à Maurice avec sa mère et sa sœur, également natives de Diego Garcia. Lorsqu’ils ont essayé de repartir, on leur a dit que Diego finn ferme ek pa pou kapav retourne. Mon papa est mort à l’âge de 56 ans, à Maurice. Sur son acte de décès, les fonctionnaires du bureau de l’état civil ont mis qu’il est né à Maurice. Mais nous avons son acte de naissance original qui précise bien qu’il est né sur l’île de Diego Garcia», affirme Claude. Il a dû faire une demande à l’état civil pour que cette erreur soit corrigée.

Nous avons sollicité un fonctionnaire de ce bureau. Ce dernier a expliqué que les erreurs se sont glissées dans les documents lorsque le ministère a embauché des contractuels pour l’informatisation des données. Et comme l’écriture des anciens fonctionnaires de l’état civil n’était pas toujours très lisible, c’est ce qui a pu provoquer ces erreurs. Nous avons aussi interrogé Misley Mandarin, membre du groupe British Indian Ocean Territory. Il est parmi ceux qui ont milité pour que les droits des descendants de Chagossiens soient restaurés. Misley Mandarin fait ressortir que malgré les erreurs commises sur les actes de naissance ou de décès à Maurice, cela n’empêchera pas les procédures pour les descendants de Chagossiens d’aboutir. «Si zot ena bann papie-la, li pou enn plis pou zot. Sinon, Home Office inn met lame lor bann lakt de nesans bann Sagosien ki ti lor lil. Sa bann dokiman-la la ti dan Sesel e zot pou biento an lign pou tou desandan kapav fer zot demars.»