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Situations violentes autour de toi: Tu peux agir !
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Situations violentes autour de toi: Tu peux agir !
Deux écoliers et un adolescent ont été victimes d’agression. Une écolière de 11 ans a été agressée par six «camarades» de classe, quatre filles et deux garçons, à la sortie de l’école à Bambous… La série de violences et de harcèlement chez les collégiens ne cesse de s’allonger. Qu’est-ce qui explique cette situation ? Julien Quenette, Docteur en psychologie du développement, président de la Société des Professionnels en Psychologie (SPP), et Emilie Rivet-Duval, Docteure en psychologie clinique, «Manager» d’Action for Integral Human Development (AIHD) et membre du Kolektif Drwa Zanfan Morisien (KDZM) et de la Société des Professionnels en Psychologie, t’expliquent tout cela.
Quels problèmes rencontrent les jeunes scolarisés aujourd’hui ? Et par rapport aux années précédentes, quelle est la situation dans les collèges ?
Je rencontre principalement des situations de dépression chez les adolescents mauriciens. La dépression est une cause majeure de handicap chez les adolescents et cela s’observe un peu partout dans le monde comme en France où 8 % des adolescents, âgés entre 12 et 18 ans, sont touchés, selon les données de la Haute autorité de santé (HAS). Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un jeune sur sept, âgés entre dix et 19 ans, dans le monde, souffre de troubles mentaux. Les relevés que nous avons dans une quinzaine de collèges où se trouvent des professionnels à l’écoute de l’AIHD indiquent qu’ils se sont également multipliés ces dernières années. De nombreuses études relatent également les répercussions du Covid-19 et du confinement sur notre bien-être mental et les recherches montrent une augmentation de la détresse mentale chez les jeunes.
Je rencontre également, et particulièrement cette année, des auteurs et des victimes de harcèlement par leurs pairs (bullying). Selon une enquête de l’OMS, dans 19 pays, entre 2003 et 2006, 34 % des élèves, âgés de 11 à 13 ans, déclarent avoir été victimes de harcèlement à l’école.
Les élèves osent-ils en parler à leurs parents et à un psychologue ?
Parler aux parents n’est pas toujours facile, pour plusieurs raisons. Ils peuvent craindre les conséquences que cela entraînerait. Il y a la peur que la violence n’augmente, celle de ne pas être compris et parfois même de ne pas être cru. Il y a aussi un sentiment d’incapacité à sortir de cette situation ou à se défendre. Il y a aussi un sentiment de culpabilité. L’enfant victime se dit que ce qui lui arrive est de sa faute.
Parler à un psychologue n’est pas toujours facile non plus. Il n’y a pas assez de psychologues dans les établissements scolaires. Le ministère de l’Éducation a récemment recruté un certain nombre d’Educational psychologists mais cela ne suffira pas encore. Il y a aussi des tabous autour du fait d’aller voir un psychologue, qui découragent certaines personnes, enfants et adultes.
Quelles sont les solutions pour aider les enfants victimes de brutalités et de harcèlement ?
Il faut encourager les enfants à chercher des solutions et à développer davantage leurs compétences psychosociales à travers des jeux de rôle où vous vous mettez à la place de la victime mais aussi de l’auteur. Le rôle de l’adulte est également important. L’enseignant ne doit pas permettre le harcèlement dans la classe. De plus, il est tenu par la loi, selon la Children’s Act, de signaler toute situation de harcèlement scolaire.
Il existe diverses formes de violence :
Les violences physiques : Gifler, frapper, pousser, tirer les cheveux, bousculer, etc.
Les violences psychologiques : Se moquer, dénigrer, humilier, ridiculiser, rabaisser l’autre, le cyber harcèlement, etc.
Les violences verbales : Crier, insulter, menacer, etc.
Les violences sexuelles : Sexting (envoi de photos et de vidéos pornographiques à travers le portable), attouchements, relations sexuelles forcées, chantage sexuel, diffusion ou partage de photos sans le consentement de la personne, etc.
Les violences sur soi : Se mutiler, tenter de se donner la mort ou se suicider.
Face à des situations violentes
Tu peux penser : «C’est injuste», «Ce n’est pas mon problème», etc.
Tu peux ressentir : De la tristesse, de la colère, de la peur, de la honte, de l’impuissance, etc.
Tu peux agir : Tu interviens et dis d’arrêter, tu prends la fuite, tu observes sans rien dire, tu ignores, etc.
Savais-tu qu’à Maurice :
En 2020, il y a environ un accompagnement par un Educational psychologist/Social worker pour 3 663 enfants dans 1 299 écoles et collèges.
Que le poste de School counsellor n’existe pas au sein de l’Education nationale.
Qu’il y a seulement huit psychologues au ministère de la Santé pour 1 265711 habitants.
Qu’il y a un seul pédopsychiatre pour environ 300 000 enfants.
Qu’il n’existe aucun programme scolaire national pour aider les enfants et les adolescents à développer des habiletés psychosociales comme la gestion des émotions/des conflits.
Que lors du dernier exercice budgétaire, aucune somme n’a été allouée à la santé mentale des enfants et des adolescents.
Qu’en milieu scolaire, l’état de la santé mentale de plusieurs élèves est inquiétant.
Ces chiffres sont indicatifs et ne reflètent pas l’état réel de la santé mentale de la communauté scolaire, étant donné :
Qu’une partie des élèves n’a pu accéder aux services en raison du temps de présence réduit dans les établissements scolaires Que ces services ne sont offerts que dans 16 collèges catholiques. Ils restent néanmoins éclairants.
Au sein de ce même projet, parmi les 19 situations d’élèves gérés à juin 2021, les problématiques sont :
Violence (sexuelle, harcèlement, physique) : 10/19 = 52,6 %
Risques suicidaires : 9/19 = 47 %
Violence sexuelle : 5/19 = 26,3 % Violence physique : 3/19= 15 %
Sais-tu qu’au niveau des recherches :
Les troubles de santé mentale comme la dépression et l’anxiété sont en grande partie associés à la détérioration du climat scolaire et à une augmentation de la violence scolaire.
La dépression est l’une des principales causes de morbidité et d’invalidité chez les adolescents. Le suicide est la troisième cause de mortalité chez les 15-19 ans.
Que donner l’accès à des services de School counselling au sein d’une école améliore, de manière significative, la communication, renforce le sentiment de sécurité, aide à prévenir la violence en milieu scolaire et a un impact positif significatif sur les problèmes de discipline.
Que les School counsellors sont efficaces pour enseigner des habiletés psychosociales à leurs élèves et pour prévenir les comportements de violence sur soi.
Alors tu dois te demander «mais qu’est-ce que je peux faire face à ces situations de violence, qui existent autour de moi ? Je suis jeune ! Je n’ai pas le pouvoir de changer les choses !»
Chacun d’entre nous peut agir de manière à prévenir et intervenir face à des situations de violence.
Tu peux :
Être un exemple de non-violence.
Choisir de mettre en mots plutôt qu’en actes tes sentiments.
Par exemple, quand tu ressens de la colère, prends un temps pour te calmer, respire au lieu de réagir.
Choisir d’intervenir quand tu es témoin d’une situation de violence, de dire STOP, sans te mettre en danger.
Ne pas être un témoin passif. Peu importe d’où vient cette forme de violence.
Choisir d’écouter un(e) ami(e) qui subit de la violence ou la commet et aller avec lui/elle pour demander de l’aide à un adulte de confiance.
Condamner et critiquer tout comportement agressif.
Te confier à un adulte de confiance si tu souffres, si tu te sens seul et/ou s’il arrive parfois que tu penses à te faire du mal pour mettre fin à ta souffrance.
Signaler toute situation de violence à un adulte responsable et de confiance, qui peut intervenir pour protéger l’enfant victime : parent non-maltraitant, directeur d’école, membre de ta famille, Counsellor ou psychologue, enseignant.
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