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Karan Juglall: «Chaque don est précieux. Chaque roupie contribuée fait une différence.»

18 juillet 2022, 15:09

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Karan Juglall: «Chaque don est précieux. Chaque roupie contribuée fait une différence.»

Ils sont petits mais ce sont déjà des guerriers. Ils sont gravement malades et ils se battent pour s’en sortir. Les enfants qui sont pris en charge par l’association Enn Rev Enn Sourir auront une chance de guérir à condition qu’on les aide. Karan Juglall, directeur et fondateur de l’association explique combien chaque don est précieux. Son cri du cœur : on ne peut pas laisser mourir un enfant par faute d’argent.

Enn Rev Enn Sourir a pour mission de collecter des fonds pour subvenir aux traitements des enfants malades…
Effectivement, c’est une association qui existe depuis 5 ans et qui vient en aide aux enfants atteints d’une maladie grave qui ne peuvent pas être soignés dans nos hôpitaux. Ils doivent ou se rendre en clinique privée ou à l’étranger. Souvent ces traitements sont très coûteux, longs et éprouvants. Et les parents sont non seulement abattus et perdus, ils n’ont pas les moyens de les fi nancer. La mission de Enn Rev Enn Sourir est de permettre à ces enfants d’avoir accès aux meilleurs traitements et ainsi d’avoir des chances de guérison et de survie. Pour cela nous comptons sur les donations des particuliers et des entreprises.

De quelles maladies souffrent ces enfants au juste? Pour vous donner quelques exemples précis...
Zaynab qui n’a que 15 mois souffre d’omphalocèle qui est une malformation de la paroi abdominale. Shahaan est atteint de surdité grave et a eu besoin d’un implant cochléaire. Praneel a besoin d’une transplantation cardiaque. Shanvi et Rachel ont une malformation cardiaque. Camelia a une tumeur à l’abdomen. Keyla, une tumeur au rein. Neitik, Dishti, Medha, Muditya, Yohan, Lusias ont la leucémie… Donc en gros, il s’agit de cancers et de malformations diverses. Jusqu’ici nous avons traité autour de 200 cas. En ce moment, il y a 17 enfants qui sont sous traitement et qui ont besoin de nous.

Comment décidez-vous de qui va bénéfi cier de l’aide fi nancière ?
Nous avons des critères d’éligibilité précis. Souvent les enfants nous sont référés par des médecins. Un comité analyse les rapports médicaux et fait des recommandations. On vérifi e la situation fi nancière des parents et si on va de l’avant avec la prise en charge, un contrat est signé entre les parents et l’ONG.

Les dons à votre association doivent reposer sur la confi ance…
La transparence quant à l’utilisation de l’argent que nous recevons est pour nous une priorité et une exigence. Vous verrez que dans nos collectes de fonds, nous donnons les détails concernant les frais de traitement, les billets d’avion, l’hébergement, l’argent de poche (pour des besoins basiques)… Sur notre site, nous publions des rapports audités mensuels et annuels de la gestion des fonds. A savoir aussi que l’on prélève 10% pour assurer les frais de fonctionnement de l’association. Enn Rev Enn Sourir a fait ses preuves. Ce n’est que grâce à la générosité de tout un chacun que nous pourrons sauver ces enfants malades. Les dons redonnent espoir aux familles et leur enlèvent le fardeau de la mendicité dans la rue.

Mais il ne s’agit pas seulement de collecter de l’argent…
On encadre les parents. On se tient informé de l’évolution de l’état de santé de chaque enfant. On assure le suivi médical avec les médecins et cliniques. On est en contact avec tout un réseau d’experts. On collabore également avec plusieurs organisations : la SIOP, la Société Internationale d’Oncologie Pédiatrique ; SACIM de l’Australie, spécialisée dans la prise en charge des enfants mineurs inopérables de la République de Maurice et plusieurs autres en France, Allemagne, Inde, Afrique. Nous sommes une association avec une approche globale pour mieux accompagner nos bénéfi ciaires.

Et comment est né votre engagement pour cette cause?
Le déclic, je l’ai eu un jour alors que j’accompagnais ma maman au marché. Il y avait là une maman et son enfant qui avait la tête bandée. Et ils demandaient de l’argent aux passants. Ma maman leur en a donné et moi je n’étais pas d’accord. Ce jour-là ma maman m’a secoué et m’a expliqué que cet enfant avait une tumeur au cerveau. J’ai beaucoup culpabilisé de les avoir mal jugés. A 16 ans j’ai commencé à faire du social, j’ai intégré plusieurs associations, j’ai travaillé sur des projets. Et le Charles Telfair Institute m’a offert une bourse pour un diplôme en Community service social science. J’ai fondé Enn Rev Enn Sourir et je ne lâche pas malgré les diffi cultés.

Que ressent-on quand des familles comptent sur vous ?
C’est un stress constant mais on doit rester combatif car il n’est pas acceptable de laisser ces enfants et ces familles à leur sort. Ils souffrent déjà énormément, c’est notre devoir de les soutenir comme on peut. Leurs traitements sont souvent lourds sans compter les rechutes, des complications. Parfois un membre de la famille doit cesser de travailler pour rester dans un pays étranger et attendre la fi n du traitement. On ne peut pas accepter que faute de moyens des enfants meurent. L’objectif de Enn Rev Enn Sourir, c’est de sauver chaque enfant.

Est-ce que notre société mauricienne a le sens du don ?
Définitivement. Ça fait 5 ans que je suis engagé auprès des enfants malades et 12 ans que je suis dans le social. Et j’ai vu combien les Mauriciens peuvent être sensibles et apporter leur aide à une cause. On peut dire que 50% des fonds de Enn Rev Enn Sourir proviennent des donations publiques. Chaque don est précieux. Chaque roupie contribuée fait une différence.