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Usages: l’huile de cannabis se glisse dans les moeurs mauriciennes
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Usages: l’huile de cannabis se glisse dans les moeurs mauriciennes
Des nouilles, du baume à lèvres et… de l’huile de cannabis. Le mardi 12 juillet, ces produits ont été retrouvés dans d’un colis destiné à un habitant de Quatre-Bornes. Ce sont les officiers de la Customs Anti-Narcotics Section de la Mauritius Revenue Authority qui ont intercepté le paquet, en provenance de Johannesbourg. Quid de la demande de cette huile à Maurice ? Est-ce que tout baigne pour les «importateurs» et les utilisateurs ?
«Effectivement, nous savons que certaines personnes font venir de l’huile de cannabis à des fins médicales. Sachant que ce produit ainsi que le cannabis médical procurent des bienfaits, beaucoup de Mauriciens y ont recours. Ils sont prêts à s’en procurer illégalement avec tous les risques que cela comporte», constate Dany Philippe, coordinateur au sein de Développement rassemblement prévention information.
Actuellement, l’utilisation d’huile de cannabis est une pratique bien installée parmi des patients atteints de lourdes pathologies comme le cancer. Leurs proches prennent des risques pour en importer. «Très bientôt, le cannabis médical devrait être une réalité chez nous, même si nous ne savons pas quand exactement. Cependant, nous ignorons si l’huile de cannabis figurera parmi les produits autorisés.»
Rashid Jaufeerally, optométriste, souffre de neuropathie diabétique. Il affirme avoir déjà utilisé l’huile de cannabis, rapportée de l’étranger par un proche. «C’est un antiinflammatoire. Je l’ai utilisée pendant deux mois. C’était efficace pour moi.» Selon lui, beaucoup de Mauriciens y ont recours désormais.
Un fait étayé par Percy Yip Tong, membre fondateur du Collectif Urgence Toxida. «Personnellement, je connais pas mal de personnes qui ne sont pas des trafiquants et qui se tournent vers ce produit et en ramènent régulièrement. Quand ils voyagent en Afrique du Sud et en Europe, ils peuvent acheter des fioles d’huile de cannabis légalement. Avec le Covid-19 et la fermeture des frontières, c’était difficile. Avec la reprise des voyages, ils peuvent en rapporter», confie-t-il. Percy Yip Tong affirme que cela aide les patients épileptiques, ceux atteints de la maladie de Parkinson ou qui souffrent de troubles de sommeil, entre autres complications. «L’huile de cannabis est surtout utilisée par des gens qui peuvent se le permettre, ceux qui ont les moyens de voyager et ceux qui en connaissent les bienfaits…»
Est-ce à dire pour autant que nous sommes face à un trafic ? «Que des proches en rapportent de leurs voyages pour un membre de la famille malade est avéré. Par contre, pour la vente directe du produit, nous n’avons rien entendu. D’ailleurs, c’est interdit. C’est comme dans le cas du subutex destiné pourtant à la désintoxication mais proscrit à Maurice», explique Dany Philippe.
Percy Yip Tong abonde dans ce sens, estimant que c’est plus sur une base «humanitaire» que les gens rapportent de l’huile de cannabis plutôt que pour la revente. «Le cannabis médical a deux fonctions : pallier et guérir puis atténuer les effets secondaires du traitement, par exemple pour des chimiothérapies.» De par le «soulagement» qu’il procure, le cannabis médical convainc désormais les plus sceptiques et opposants au cannabis récréatif, rétorque-t-il. «Ce produit est moins nocif que la nicotine et l’alcool, qui sont aussi addictifs que l’héroïne et la cocaïne.»
Rashid Jaufeerally confirme pour sa part l’existence d’un marché noir en ce qui concerne l’huile de cannabis. Et cela coûte très cher. «Rs 6 000 pour l’équivalent d’une cuillère à café environ, soit 1 centimètre cube. Les commerçants utilisent une seringue et mesurent la ‘dose’ avant la vente», précise notre interlocuteur.
Combien coûte l’huile de cannabis à l’étranger ? D’après Percy Yip Tong, les prix varient selon le logement et la marque ; on peut s’en procurer en déboursant Rs 1 000 à Rs 1 200 en Afrique du Sud, par exemple. Pour une fiole de 30 ml, le prix est d’environ Rs 1 600. «L’huile de cannabis se vend comme tout médicament, en pharmacie, en Allemagne et ailleurs…»
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