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«Data capture»: le PM prend la parole pour ne pas répondre
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«Data capture»: le PM prend la parole pour ne pas répondre
Une soirée, deux discours, aucun démenti. C’est le résumé de ce qui s’est passé hier. Après son discours au comité central élargi dans sa circonscription, Pravind Jugnauth s’est adressé à la nation à travers la MBC. Mais les deux discours n’ont apporté aucun démenti, ni même des éléments de réponse, dans toute l’affaire de «data capture».
Le discours à la MBC a duré environ six minutes. «En tant que Premier ministre, je ne suis pas censé parler des choses concernant la sécurité nationale», a-t-il dit, mais suite aux actes «calculés, délibérés et irresponsables de certains», il a été dans l’obligation de le faire. L’année dernière, le Prime Minister’s Office (PMO) a reçu des informations concernant la sécurité de notre réseau de communication. C’est la raison pour laquelle il a demandé un «survey indépendant par des techniciens spécialisés». L’équipe indienne avait été recommandée par le gouvernement indien à travers Kumaresan Ilango, le security advisor du Premier ministre. Il n’est plus question de «Shri Narendra Modi». La suite du discours a tourné autour de sa volonté de maintenir la tranquillité et la stabilité du pays.
Un peu plus tôt, c’était à Moka que Pravind Jugnauth avait pris la parole. Ici, son discours a duré un peu plus de 50 minutes. Entre les réalisations, attaques et allégations contre l’opposition, le Premier ministre a aussi parlé de l’affaire de data capture pendant environ dix minutes. Mais mal- gré les applaudissements nourris de son public, encore une fois, il n’a apporté aucun élément de réponses dans le débat lors de ce rassemblement et n’a fait que répéter toutes les informations déjà disponibles.
Tout est parti de «sertenn linkiétid lor nou sistem téléko- minikasion». C’est suite à ces inquiétudes que le département de sécurité a écrit une lettre à Sherry Singh pour lui demander des informations le 21 octobre. Pour faire face à ce problème, il a été conclu qu’il n’y a pas «sa kalité teknisien-la isi», d’où la raison de demander de l’aide à l’Inde pour la réalisation du survey. Puis, de toute façon, a dit Pravind Jugnauth, «nou pa kapav pran teknisien Telecom pou chek Telecom! Kiété sa!»
Pour en revenir à l’exercice, le chef du gouvernement a fait comprendre que le survey était implicite dans les lettres. «Mé si pa ti koné pou fer survey, kifer finn ékrir twa sa let la? Enn let invitasion?» a ironisé le Premier ministre.
Pour rappel, la lettre du 21 octobre, qui a été envoyée à nouveau le 22 décembre, ne faisait aucune mention de survey quelconque. Ces correspondances ne faisaient que demander des in- formations techniques sur le réseau. Mais si Sherry Singh n’était pas au courant du survey, pourquoi a-t-il donné les informations, a-t-il insisté. Une autre lettre sur laquelle il est revenu est celle du 12 avril. Pravind Jugnauth avait lui-même dit que c’est dans celle-là que la demande de survey avait été formulée. Et Sherry Singh, lui, avait révélé que cette correspondance n’est jamais arrivée à la Telecom Tower car elle ne figurait pas dans le despatch book.
La suite de l’intervention se voulait ironique. Il a été question de la maquilleuse de Sherry Singh – «pa koné ki éna pou makiyé ar li» – ou encore, le fait qu’il joue au golf, soit «met boul dan trou» selon Pravind Jugnauth. Par la suite, il est aussi revenu sur l’émission de Télé Plus et a qualifié le journaliste de «Colombo» qui a été à la recherche d’informations et de preuves (pour rappel, c’est le boulot d’un journaliste…). En guise de conclusion, Pravind Jugnauth a encore une fois demandé d’attendre car «kan mo paré, mo pou koumans zwé enn fim».
Après les deux discours, toutes les questions restent entières. Si le problème de sécurité nationale datait du mois d’octobre, pourquoi est-ce en avril que le survey a été réalisé ? Pourquoi les lettres ne faisaient pas mention de survey à l’époque ? Quelle a été l’utilisation faite des réponses fournies suite à l’envoi du questionnaire ? Est-ce que les procédures officielles pour l’entre-aide entre pays amis ont été respectées pour la venue des techniciens ? Quelle était la nature de ce survey qui ne pouvait pas être réalisé par les professionnels mauriciens ? Est-ce qu’en six heures, le problème de sécurité nationale a été résolu ? Pourquoi les autres opérateurs de télécommunication, comme Emtel (qui gère d’autres câbles à fibre optique et a lancé sa 5G hier, et donc doit avoir des techniciens…) et MTML n’ont pas été approchés ? Peut-être qu’avec leurs Chief Executive Officers, ce n’était pas simple comme un coup de fil…
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