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Marche de protestation élargie: tous ensemble, est-ce possible ?
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Marche de protestation élargie: tous ensemble, est-ce possible ?
Les termes se succèdent. Au «tsunami» annoncé, que le public attend toujours, est venu se greffer, depuis lundi, le «pèlerinage politique» de l’ancien Chief Executive Officer (CEO) de Mauritius Telecom, qui tente de réunifier les oppositions parlementaires et extra-parlementaires ainsi que la société civile. «Il ne faut pas se disperser. Il faut une seule marche de protestation pour tous. Il ne faut pas choisir entre le 7 août ou le 12 août. Partout où je passe, j’entends le public qui réclame son droit démocratique de manifester contre ce gouvernement», répète, en substance, Sherry Singh aux différents leaders politiques.
L’ancien CEO surfe sur la vague de sa démission-choc, qui a pris à contre-pied gouvernement, opposition et observateurs politiques, le 30 juin. Depuis, il mobilise les anti-gouvernement en leur proposant un seul item sur l’agenda national : faire partir le gouvernement de Pravind Jugnauth le plus vite possible.
«Après, on verra bien qui fera une alliance avec qui, quels seront les principaux points du programme électoral. Mais la priorité demeure : ce gouverne- ment ne doit pas rester en place jusqu’à la fin de son mandat. Le plus vite il débarrasse le plancher, le mieux ce sera pour le pays», s’enthousiasme Bruneau Laurette, que Sherry Singh a choisi de rencontrer après Navin Ramgoolam et Xavier-Luc Duval, mais avant Paul Bérenger, Roshi Bhadain, Nando Bodha, trois des quatre dirigeants de l’entente de l’Espoir.
Bruneau Laurette, l’homme qui a pu réunir pratiquement 100 000 personnes dans les rues de la capitale, deux ans de cela, dans le sillage du naufrage du Wakashio, a accepté d’annuler la marche du 7 août 2022 afin de proposer une date commune à tous ceux qui souhaitent «#bour li deor».
«Sherry Singh a démontré qu’il sait manœuvrer. Il a compris qu’il devait d’abord et avant tout rencontrer le lion Ramgoolam avant le leader de l’opposition Duval. Mais il est intéressant de voir qu’il a minimisé l’influence de l’entente de l’Espoir, qui est sur le point d’imploser», fait ressortir un stratège du Parti travailliste (PTr). «D’ailleurs, Ramgoolam a déjà pris les devants en organisant une marche de protestation pour le 12 août après discussion avec Duval et Bérenger. Il a évité Bhadain et Bodha. Ce qui a eu des conséquences quasi immédiates.»
Ainsi, le leader du Reform Party, après le vote secret de ses délégués, va désormais faire cavalier seul ou «faire une alliance avec un nouveau parti». Roshi Bhadain tourne ainsi la page de l’Espoir. Sauf qu’entretemps, Sherry Singh est passé par là et entend réunir tout le monde, y compris Bhadain.
Outre la question d’une date commune, acceptée par tous, il faudrait que chacun mette un peu de côté son ego. Au Parti mauricien social-démocrate (PMSD) et au Mouvement militant mauricien (MMM), il y a une réticence à collaborer avec Bruneau Laurette, mais ce dernier n’en fait pas grand cas, car il sait qu’il pourra toujours compter sur Sherry Singh. Ce dernier a fait appel à l’équipe de sécurité de Bruneau Laurette et à la maquilleuse Dominique Raya, qui est la compagne de Laurette – ce qui a envenimé la situation entre Lakwizinn et l’ancien Top chef Sherry Singh.
Après la manifestation-monstre qui se tiendra en ce mois d’août, qui se veut encore plus impressionnante que la marche du 29 août 2020, les choses vont se préciser. Avant le facteur Sherry Singh, les Rouges misaient sur un total de 35 tickets pour le PTr, 15 tickets pour le MMM, et dix tickets pour le PMSD. Avec Singh, les choses se compliquent, mais au sein des états-majors politiques, l’on évite d’en parler à ce stade. «Bizin pa divizé. Bizin ralié zot tou. Kan bann-la alé, lerla ava gété», nous ont dit en termes presque similaires nos sources au sein du PTr, du MMM et du PMSD.
Parole «crédible»
Au sein de l’opposition parlementaire, l’on concède que le renvoi des municipales n’a pas pu unifier les opposants au régime Jugnauth, comme le fait Sherry Singh, pourtant un novice en politique, mais dont la parole est jugée crédible. «La vérité, c’est qu’ils sont tous empêtrés dans mille calculs égoïstes, personne dans l’opposition n’est, à ce stade, véritablement intéressé à donner une forme concrète à cette unité ou prêt à redessiner les lignes et imaginer l’avenir», faisait ressortir le journaliste Lindsay Rivière il y a deux mois de cela. Comme lui, d’autres observateurs estiment que le statu quo semble convenir à beaucoup de monde en politique. «La raison en est, qu’au fond, chacun a besoin de plus detemps pour mieux définirses stratégieset arrivermieux armé à la table des négociations d’alliance.Un accord au forceps ou une absence d’accord aurait peut-être tout chamboulé.»
Face aux nouvelles donnes, le gouvernement ne sera, sans doute, pas pressé d’affronter des municipales. «Si j’étais Pravind Jugnauth, je ferais tout pour désormais aller directement aux prochaines élections générales. Et il ne faut pas perdre du temps. Le temps jouera contre le gouvernement en raison de l’inflation en particulier et de la situation économique en général», confie un membre du gouvernement.
Dans les rangs des partis de l’opposition, si l’on regrette que Bhadain fasse cavalier seul, on craint égale- ment les «écarts de langage d’un Paul Bérenger vieillissant qui se qualifie de dinosaure mais qui dans la foulée insulte les autres partis quand il dit ‘zis MMM ki enn parti prop’».
Entre les relativement jeunes, comme Sherry Singh et Bruneau Laurette, les politiciens traditionnels comme Ramgoolam, Duval et Bérenger auront à mettre un peu d’eau dans leur vin.
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