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Changement climatique: les fortes houles hivernales accentuent l’érosion du littoral

6 août 2022, 22:00

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Changement climatique: les fortes houles hivernales accentuent l’érosion du littoral

Pendant la période hivernale, la mer subit de fortes houles générées par des dépressions profondes extratropicales en déplacement et de forts anticyclones venant du sud des Mascareignes. Cet hiver, les plages de l’Ouest ne sont pas épargnées.

Le train de houle, cet hiver, a causé une dégradation de l’état de nos plages. Une aggravation de l’érosion est notable dans plusieurs endroits de la côte, observe Vassen Kauppaymuthoo, océanographe et ingénieur en environnement. Il tire la sonnette d’alarme : «La situation est critique. (…) Le linéaire côtier a reculé de trois à quatre mètres après ces quelques trains de houles qu’on a reçus, cet hiver, dans certains endroits comme le Morne, Flic-en-Flac et Trou-aux-Biches, dans le Nord-Ouest.»

Généralement, explique-t-il, les cyclones reprennent le sable du lagon et les remettent sur les plages. Et les houles d’hiver ont tendance à enlever le sable. C’est un phénomène saisonnier. «On s’est retrouvé avec beaucoup de sable sur les plages, qui actuellement a été transporté dans le lagon et qui va peut-être sortir du lagon par les vagues. Les houles, ces derniers temps, ont amené sur la côte ouest une dégradation des plages.»

En effet, les houles générées par des anticyclones se déplacent d’ouest en est, soit de l’Afrique du Sud vers Maurice et puis l’Australie. Et l’anticyclone avec une haute pression pousse le vent. Un anticyclone au niveau de l’Afrique du Sud envoie des houles qui viennent du sud-ouest et affecte principalement la côte ouest, cite notre interlocuteur. Quand l’anticyclone se déplace et qu’il dépasse Maurice, il peut affecter le Sud et quelques fois l’Est, ajoute-t-il. Avec le dérèglement climatique, les anticyclones sont plus puissants. «Plus l’anticyclone est fort, plus les houles sont fortes. Cette année, dues aux anticyclones très puissants, il y eu des houles très puissantes. Puisque les houles sont causées par le transfert d’énergie synectiques entre le vent et la mer.»

De plus, dans le contexte du changement climatique, les coraux, étant abimés, ne peuvent plus vraiment bien jouer leur rôle. Il relève que 70 % de coraux morts sont notés dans certaines zones. Alors, que l’énergie des houles devrait être dissipée par les récifs. L’énergie de la houle entre donc dans le lagon et cause une dégradation des plages. Cela, ajouté au niveau de la mer qui augmente de «5,5mm par an à Maurice, presque deux fois le niveau mondial», indique-t-il. «Un ensemble de paramètres vient jouer aujourd’hui contre nous au niveau du changement climatique.»

«Mettre des murs, des enrochements n’est pas l’idéal»

Vassen Kauppaymuthoo fait ressortir que l’érosion va s’aggraver année après année. Pour ces raisons, il est nécessaire de prendre des décisions courageuses et de construire une résilience climatique basée sur la nature. Car c’est la nature qui apportera des solutions. «Mettre des murs, des enrochements n’est pas l’idéal. Il vaut mieux se baser sur des solutions basées sur la nature comme replanter les coraux et mangroves pour casser la force des vagueset protéger le littoral ; utiliser des méthodes comme à Mont-Choisy, notamment des récifs artificiels, un reprofilage de la plage avec des pentes de 20 % et des plantes à soft roots, des plantes indigènes pour retenir le sable avec leurs racines… Je ne dis pas que ça va l’arrêter. Mais des mesures basées sur la nature peuvent ralentir le processus.» Néanmoins, précise-il, les méthodes pour combattre l’érosion sont spécifiques à chaque endroit, en fonction de ses caractéristiques, comme la taille du lagon et la profondeur de la houle. Il estime donc que des études approfondies sont nécessaires.