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Emmanuel Maurice: «Comprendre que le mal-être de son patient vient d’une dysharmonie entre son monde intérieur et son vécu…»

9 août 2022, 22:00

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Emmanuel Maurice: «Comprendre que le mal-être de son patient vient d’une dysharmonie entre son monde intérieur et son vécu…»

Une association de psychothérapeutes assez peu connue mais active est à l’œuvre. Il s’agit de l’Association des praticiens de l’Approche Centrée sur la Personne. Le psychothérapeute Emmanuel Maurice, qui est membre du comité de cette association, nous en dit plus sur le sujet.

Qu’est-ce que l’Association des Praticiens Centrés sur la Personne ?
L’Association des Praticiens de l’Approche Centrée sur la Personne (APACP) est une association de professionnels de la psychothérapie appartenant au courant de la psychologie humaniste. Les psychothérapeutes et psycho-praticiens de cette association ont tous été formés à l’Approche Centrée sur la Personne (ACP), dont les fondamentaux reposent sur les recherches et travaux du célèbre psychologue américain Carl Ransom Rogers (1902-1987). Carl Rogers avait une vision particulière de la personne (du client) et cette vision constitue le socle de l’ACP. Nous nous reposons principalement sur cette vision dans notre relation thérapeutique avec nos clients et même dans nos vies.

Quelle différence entre l’APACP et la Société des Professionnels en Psychologie (SPP) ?
Je ne peux que parler pour l’APACP. Nous les membres de l’association et ceux qui constituent le comité directeur, nous accordons une grande place à la relation. Elle demeure au cœur de notre organisation. Je ne sais pas si dans d’autres associations, qui ne sont pas orientées sur l’Approche Centrée sur la Personne ou de courant humaniste, on trouverait autant de temps et d’énergie à travailler sur la personne du thérapeute et sur la relation thérapeutique.

Par exemple, nous organisons régulièrement des groupes de rencontre pendant lesquels il est alors possible pour chacun d’être entendu et de vérifier son écoute de l’autre ; d’approfondir sa manière d’entrer en relation avec les autres; d’approfondir sa manière d’entrer en relation avec soi-même et d’adhérer aux fondements de la philosophie humaniste qu’est l’ACP. Même lors de nos réunions de comité, nous prenons un petit temps de parole où chacun est libre de partager son ressenti du moment. C’est vraiment extraordinaire ! Cela dit, nous travaillons dès que possible en collaboration avec la SPP et avons pu nous retrouver en plusieurs occasions lors d’ateliers de formation, de séminaires ou sur d’autres plateformes.

«Le psychothérapeute et/le psychopraticien ACP doit (...) comprendre que la souffrance ou le mal-être d’une personne résulte d’une dysharmonie entre son monde intérieur et son vécu.»

Quels sont les fondamentaux reposant sur les recherches et travaux de Carl Ransom Rogers et quelle était sa vision par rapport à la personne ?
Carl Ransom Rogers avait une vision positive de la nature humaine. Celleci est basée sur trois principes fondamentaux. Le premier est que toute personne possède en elle la motivation de devenir tout ce dont elle est capable de devenir. Le deuxième est qu’elle a en elle le potentiel d’être en contact avec ses ressentis et sa capacité de réalisation. Et finalement, la personne possède en elle les ressources nécessaires afin de résoudre son problème. Le rôle du psychothérapeute ACP est d’instaurer une relation authentique dans un climat sécurisant, basé sur des «conditions nécessaires et suffisantes» pour qu’il y ait un changement thérapeutique. Ces conditions sont la congruence (NdlR, fait de coïncider, de s’ajuster parfaitement), l’accueil positif inconditionnel et l’empathie.

De ce fait, (i) le psychothérapeute ACP se doit d’être congruent, c’est-à-dire vrai, authentique, ouvert et intègre dans la relation avec le client. (ii) Il doit également offrir un regard positif et inconditionnel à son client. Il l’accepte et l’accompagne comme il ou elle est, et non pas comme il souhaite qu’il ou elle aurait été. Le thérapeute lui permet d’avoir ses propres ressentis, de faire ses propres expériences et d’en faire sens. (iii) Le psychothérapeute ACP communique une compréhension empathique des ressentis du client et s’assure que cette communication, accompagnée de sa considération positive inconditionnelle, soit atteinte, même à un degré minimal. Le psychothérapeute et/le psycho-praticien ACP doit éviter l’utilisation de penser en termes de «normal» ou de «pathologique» lorsqu’il accueille une personne en souffrance mais plutôt de comprendre que cette souffrance ou son mal-être résulte d’une dysharmonie entre son monde intérieur et son vécu.

Depuis quand existe-t-elle et elle regroupe combien de praticiens ?
L’association a été officiellement enregistrée auprès du Registrar of Association en septembre 2008. L’APACP est également membre associatif de la Fédération française de psychothérapie et psychanalyse (FFPP). Le comité exécutif 2022-2024 est constitué de huit membres dont je fais partie une fois de plus cette année. Nous avons 24 membres ordinaires.

Quels sont ses objectifs ?
Nous cherchons (a) à favoriser un climat dans lequel chaque membre, à travers sa participation au sein de l’association, se sentira libre de s’organiser et de se développer et de prendre la responsabilité, par exemple, de convoquer un groupe de rencontre. Les membres jouent un rôle vital dans le développement de l’association en tant qu’organisation, (b) promouvoir l’ACP et les valeurs humanistes. Suite à de récents changements de statut, nous serons en mesure d’accueillir aussi comme membres ordinaires des psychologues ou psycho-praticiens formés à une autre approche ou même toute personne qui adhère à la théorie et la philosophie de l’ACP.

Quel est votre calendrier d’activités pour cette année ?
Notre prochain groupe de rencontre était normalement prévu pour le mois de juillet mais avec les vacances, il sera probablement décalé. Il a lieu tous les deux mois environ. Nous avons aussi de nombreuses idées en chantier mais aussi le projet d’une post-formation sur les attitudes spécifiques à l’Approche Centrée sur la Personne.