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Affaire Akil Bissessur: branchons le radar
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Affaire Akil Bissessur: branchons le radar
C’était le vendredi 19 août. La police débarquait chez la compagne de l’avocat, saccageant la maison de cette dernière, sous le regard incrédule et impuissant de sa maman. Le couple est embarqué et demeure en cellule, la motion de remise en liberté sous caution ayant été rejetée. Depuis, thèses et hypothèses fleurissent. Tentons d’y voir plus clair.
Depuis l’arrestation d’Akil Bissessur et de Doomila Moheeputh, il y a plus d’une semaine, les questions fusent et les zones d’ombre subsistent. L’avocat trempe-t-il vraiment dans des affaires louches ? Est-ce une vendetta politique ? Qui est sa compagne ? Quel type de drogue peut bien coûter Rs 5 000 le gramme ?
Pourquoi avoir détruit les caméras CCTV chez la compagne d’Akil Bissessur, à Palma ? Cette question revient assez souvent. Ce serait, nous dit un policier, pour protéger l’identité des membres de la Special Striking Team qui ne portaient pas de cagoule... Pour rappel, les caméras chez Raquel Jolicoeur avaient aussi été détruites, lors de son arrestation à Roche-Bois en mai. Les caméras de surveillance sont souvent mises hors d’usage par la police lors d’une intervention chez un présumé trafiquant de drogue. Selon un internaute qui vit en Grande-Bretagne, les moindres gestes des agents de police doivent être enregistrés pour être utilisés comme preuve au tribunal.
Pourquoi les policiers ont-ils refermé la porte des toilettes et procédé à la fouille hors de la vue des témoins ? La mère de Doomila Moheeputh a affirmé que les officiers ont refermé la porte des toilettes où, disentils, des traces de drogues ont été retrouvées sur la cuvette. Cependant, il n’est pas clair si de la drogue a été retrouvée aussi, comme l’affirme Pravind Jugnauth, dans les tuyaux d’évacuation des toilettes. «Finn met lamé dan so manhole», a-t-il répété vendredi au meeting du MSM à St-Pierre. Pourquoi la police n’a-t-elle pas filmé la recherche de drogue dans les toilettes ? On n’a pas tous les éléments, mais il semble que la police aurait filmé cette partie cruciale de l’intervention et les enregistrements seront, nous dit-on, produits au tribunal.
Quant à l’intégrité de cet enregistrement, elle pourrait être remise en question par les avocats de l’accusé, vu justement que la porte des toilettes est restée fermée. Pourquoi Akil Bissessur, qui est accusé de s’être débarrassé de la drogue dans les toilettes, a-t-il pris le risque d’en conserver 52 g, sachant – étant avocat – qu’il risque gros même avec cette quantité de drogue ? Selon la police toujours, les 52 g ont été retrou- vés à l’intérieur de sachets en plastique. Si Akil Bissessur avait tenté de se débarrasser de la drogue, il l’aurait fait avec les sachets, c’est-à-dire sans les vider, nous dit-on. Un élément essentiel de toute l’affaire de saisie de drogue à Palma. Lors d’une conférence de presse vendredi, Rama Valayden a affirmé, lui, que les policiers ont affirmé que la drogue a été retrouvée dans un tiroir…
Pourquoi le mandat de perquisition at-il été signé par un assistant commissaire de police et non par un magistrat ? Est-ce à cause de l’heure tardive ou l’urgence ? Ou est-ce pour une autre raison ? Pourquoi les policiers ne se sont-ils pas contentés d’enfoncer la porte d’entrée mais ont saccagé la cour, y compris le lieu de prières ? Et même détruit la télévision ? On nous apprend que les policiers n’ont pas voulu «leave any stone unturned» pour découvrir d’autres ‘stocks de drogue’ en plus de celui qui se trouvait dans le sac à dos
Le chef d’accusation intrigue
Les 52 g de drogue synthétique d’une valeur marchande de Rs 260 000 sont-ils suffisants pour inculper une personne de trafic de drogue ? La Dangerous Drugs Act prévoit qu’il y a du trafic de drogue présumé lorsque la valeur de la drogue retrouvée dépasse Rs 1 million. Pourquoi donc avoir accusé Akil Bissessur de trafic de drogue dans ce cas ? Toujours selon la police, cela peut s’expliquer par le fait que l’avocat était sous surveillance depuis trois semaines au moins et qu’il aurait pu détenir d’autres stocks. «Il se peut que les limiers aient déjà rassemblé des informations nécessaires à ce sujet.»
Pourquoi Akil Bissessur s’adonnerait-il au trafic de drogue alors qu’il gagne bien sa vie, soit quelque Rs 300 000 par mois ? Et puisqu’il gagne bien sa vie comme avocat, pourquoi Akil Bissessur consommerait-il de la drogue synthétique ? Il est difficile de se prononcer à ce sujet, nous répond la police. Ce qui interpelle encore plus c’est pour quelles raisons la police qui semble être au courant qu’Akil Bissessur transportait de la drogue dans son sac à dos ne l’a-t-il pas arrêté en chemin mais a attendu qu’il soit au domicile de sa compagne ? Il est vrai que les images de la police montrent qu’Akil Bissessur quittait la chambre précipitamment avec son sac à dos. Ce qui semble compromettant pour l’avocat. Selon la police toujours, on voulait découvrir d’autres ‘stocks’ de drogue à son domicile.
Vu que le Premier ministre était au courant des agissements d’Akil Bissessur, un internaute se demande si c’est normal que Pravind Jugnauth en soit informé durant le briefing quotidien par le commissaire de police. Il se demande si le PM a été informé des incidents impliquant Kenny Dhunoo de la même manière. Comment se fait-il que les caméras Safe City ont marché à la perfection cette fois-ci alors que tel n’était pas le cas dans l’affaire Kistnen ? Quand le PM affirme qu’Akil Bissessur était «anba nou radar», cela ne veut-il pas dire qu’il se permet de surveiller n’importe quel citoyen, notamment les opposants au régime ?
Normalement le PM ne doit pas s’ingé- rer dans les affaires quotidiennes de la police, sauf s’il s’agit, par exemple, d’un très gros trafiquant. Plus généralement, combien de grosses saisies de drogue ont été effectuées récemment sans que la police n’ait pu mettre la main sur le propriétaire de cette drogue ? Par exemple, l’affaire de Batterie-Cassée, mercredi. 1,5 kg de drogue de synthèse a été saisi à cet endroit, à Roche-Bois par la Special Striking Team. La drogue dont la valeur marchande est estimée à Rs 7 millions était cachée près d’un terrain de jeux.
Bien qu’Akil Bissessur semble à première vue avoir quelque chose à se reprocher sur la vidéo fuitée par la police, ses avocats, dont Me Rama Valayden en conférence de presse vendredi, clament son innocence et soutiennent que la drogue a été plantée chez l’homme de loi et que notamment, ce dernier était en dehors des toilettes lorsque la police y était et a tiré la chasse d’eau.
De plus, les circonstances de cette interpellation, surtout accompagnée d’explications du PM dans ses meetings, ont fini par donner une perception que cette opération serait loin d’être anodine mais calculée bien à l’avance dans un but politique. La ligne de démarcation est parfois très fine entre la simple possession de drogue qui peut attirer une peine d’emprisonnement de deux à trois ans et celle de trafic qui peut entraîner une peine maximale de plusieurs dizaines d’années.
Akil Bissessur a-t-il été victime d’un coup monté ou avait-il, par imprudence, en sa possession une trop grande quantité de drogue ?
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