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Allégations de Pravind Jugnauth contre Richmont Capital Ltd: une balle tirée dans les pieds de la famille ?
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Allégations de Pravind Jugnauth contre Richmont Capital Ltd: une balle tirée dans les pieds de la famille ?
En insinuant que l’argent utilisé par Richmont Capital pour acquérir une propriété appartenant à son épouse et à son beau-frère est de provenance douteuse, le PM ne reconnaît-il pas implicitement que ces derniers se sont rendus coupables de blanchiment d’argent ?
Les questions de Pravind Jugnauth adressées à Sherry Singh en public ne viseraient-elles qu’à semer le doute sans vraiment contenir des vérités ? Ou contiennent-elles d’autres vérités qu’il ne veut pas rendre publiques ? En tout cas, en posant des questions sans faire d’affirmation, ni citer nommément Sherry Singh, se contentant juste de se référer au Maharaja, il semble que le PM veuille échapper à tout éventuel procès en diffamation.
Pravind Jugnauth avait lancé sa première accusation-question concernant Richmont Capital Ltd le 23 août, lors du «congrès» du MSM à Nouvelle-France. Et lorsque Sherry Singh a réagi dans l’express du 24 août en expliquant qu’une des premières transactions effectuées par Richmont Capital Ltd était l’acquisition d’un immeuble appartenant à Kobita Jugnauth et son frère Sanjiv Ramdanee, cela a surpris le PM qui, visiblement, ne s’attendait à aucune réaction. Il dira même à Sainte-Croix le 24 août que «linn réponn do», avant de tenter de défendre cette transaction impliquant ses proches, tout en évitant soigneusement de citer son épouse. «Linn asté ene batiman ek mo bofrer ? Ok, enn ofans sa ? Enn krim sa ? Kot larzan-la sorti ?»
Arroseurs arrosés ?
Toutefois, en concédant que son beaufrère a bien vendu un immeuble à Richmont Capital Ltd et en insinuant que l’argent est d’origine douteuse, le PM ne sous-entend-il pas que son beau-frère, et par ricochet son épouse, auraient reçu une partie de cet argent «sale» si l’on en croit ses sous-entendus ? Le 25 août à Plaine-Verte, le PM reposait la question : «Kot kas-la sorti ? Et à qui le bâtiment a-t-il été vendu et pour combien ?»
Le 26 août à Saint-Pierre, il en rajoutait une couche : «Sa bann larzan-la, li kapav explik nou so lasours ek si larzan-la inn déklaré ek si linn pey tax?» Pravind Jugnauth allègue-t-il donc que l’ancien CEO de Mauritius Telecom tremperait dans le blanchiment d’argent ? Si l’argent n’est pas «blanc», celui qui le reçoit n’est-il pas «complice» du dit délit de blanchiment d’argent dans ce cas ?
Nous avons demandé au député Reza Uteem, avocat spécialisé dans la finance, ce qu’il pense de ces déclarations-questions du PM. Sa réponse : «Je pense que ces derniers (NdlR, l’épouse et le beau-frère du PM) se rendraient probablement, si tel est le cas, coupables de blanchiment d’argent selon les dispositions de l’article 3 de la FIAMLA car à travers la vente du bâtiment, ils auraient obtenu de l’argent provenant directement ou indirectement d’un délit (proceeds of crime).» En fait cet article stipule que : «Any person who - (a) engages in a transaction that involves property which is, or in whole or in part directly or indirectly represents, the proceeds of any crime; or (b) receives, is in possession of, conceals, disguises, transfers, converts, disposes of, removes from or brings into Mauritius any property which is, or in whole or in part directly or indirectly represents, the proceeds of any crime, where he suspects or has reasonable grounds for suspecting that the property is derived or realized, in whole or in part, directly or indirectly from any crime, shall commit an offence.”
Maurice sur les listes noire et grise : à qui la faute ?
À une question supplémentaire, Me Reza Uteem souligne que c’était justement l’absence de loi et de contrôle sur les transactions immobilières qui avait poussé, entre autres raisons, la Financial Action Task Force (on money Laundering – FATF) à placer Maurice sur sa liste grise. «C’est alors que le gouvernement a amendé les lois en 2020 pour inclure les transactions immobilières dans la FIAMLA.»
Pravind Jugnauth, qui est avocat, rappelonsle, a-t-il réalisé le pétrin dans lequel il pourrait avoir mis ses proches, si maldonne il y a ? Ou alors dira-t-on que ces derniers n’étaient pas au courant de l’origine douteuse de l’argent à l’époque de la transaction ? Pour se prévaloir de cette défense, il faudra, nous dit un avocat, faire «bann koustik légal»…
Que pense Sherry Singh de toutes ces questions et allégations ? Il n’a pas souhaité s’étendre sur le sujet se contentant de dire qu’il compte saisir la justice face aux attaques personnelles dont lui et son épouse font l’objet.
Sniffing à l‘œuvre ?
<p>À Plaine-Verte jeudi, Pravind Jugnauth a fait d’autres «révélations». Ou plutôt, posé d’autres questions. Il a cité trois sociétés qui auraient versé de l’argent à Richmont Capital Ltd. Ce qui a étonné un expert-comptable. «<em>Je me demande comment le PM a obtenu ces informations si elles sont avérées ! Seules la banque et deux institutions régulatrices sont au courant de cela normalement. Et ces institutions sont tenues de garder la confidentialité de toute information de ce genre. Il y va non seulement du secret commercial mais aussi du droit à la vie privée.»</em> L’expert-comptable, qui est aussi actif dans le secteur offshore, se dit très préoccupé. <em>«Croyez-vous qu’un investisseur sera rassuré avec de telles ‘révélations’ ?»</em></p>
<p><strong>Attaques sous la ceinture</strong></p>
<p>N’est-ce pas Pravind Jugnauth lui-même qui se plaignait à maintes reprises que l’on s’en prenne à son épouse ? «<em>Laissez ma femme en dehors de tout cela»</em>, disait-il, par exemple, lors de l’épisode <em>«manz Bondié…» </em>Il y a même des organisations socioculturelles et autres qui lui ont montré leur soutien. Mais voilà que le même Pravind Jugnauth veut attirer l’épouse de Sherry Singh dans le débat ou pour être plus précis, dans ses harangues. «<em>Pourquoi surtout, s’interroge une proche de Sherry Singh, demander les qualifications de Varsha Singh ? Elle gère son propre business. C’est son affaire. Que Pravind Jugnauth aille chercher parmi ses nominés s’ils sont suffisamment qualifiés pour diriger des entreprises publiques.»</em> Notre interlocutrice se dit perplexe. <em>«Je me demande si ce n’est pas de la ‘jalousie’ personnelle.»</em></p>
<p><strong>Opération «fouinage»</strong></p>
<p>On apprend aussi qu’après l’éloignement de Sherry Singh de Lakwizinn mais surtout à partir de sa démission comme CEO de Mauritius Telecom (MT), des inspecteurs d’institutions dites indépendantes ont commencé à s’intéresser de près aux affaires personnelles du couple Singh. Et cela, rétroactivement, comme cela a été fait contre d’autres opposants. «<em>Heureusement ils n’ont rien à se reprocher. Mais, lorsque l’on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage</em>», ironise notre source proche des Singh.</p>
<p><strong>Sherry Singh et la politique</strong></p>
<p>Toujours selon la proche de l’ex-CEO de MT, celui-ci n’a jamais dit ouvertement qu’il voulait faire de la politique.<em>«Il avait juste dit qu’il descendrait sur le terrain pour tâter le pouls de la population. Et prendre la décision de quitter le pays si les citoyens préfèrent le MSM. C’est tout.»</em> Les attaques sous la ceinture peuvent donc cesser, affirme notre interlocutrice. «<em>C’est Pravind Jugnauth qui a peur et il dénonce ce qu’il craint le plus. À savoir, les démarches effectuées par Sherry Singh pour réunir toute l’opposition et même la population. Alors que, le MSM fait tout pour diviser afin de mieux régner.»</em></p>
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