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Jardin de Pamplemousses: quand on y vend des canards…
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Jardin de Pamplemousses: quand on y vend des canards…
«Bid for sale of ducks by quotation…» C’est l’appel d’offres que lance le sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR) Botanic Garden Trust. Les personnes intéressées sont ainsi appelées à soumettre une offre pour la vente de canards qui se trouvent dans l’enceinte du jardin, «près du coin des animaux», indique donc une annonce du 30 août dans le journal. Pourquoi ? Comment ? Ces volatiles palmipèdes sont-ils devenus indésirables ?
Du côté du jardin botanique de Pamplemousses, on indique que la vente est due à une surpopulation de canards. Cependant, rassure-t-on, il sera toujours possible de les admirer sur place car le jardin en conservera une partie. Une visite du site est prévue le 14 septembre, à 10 heures, pour ceux qui veulent faire une offre. Les acheteurs potentiels sont tenus d’y assister pour obtenir d’autres informations. L’offre doit être présentée dans des enveloppes scellées et déposée en main propre au plus tard le 29 septembre.
D’accord mais combien de canards compte le jardin ? Comment dire s’ils sont en surnombre ? Comme les animaux sont ‘dans la nature’, il est difficile de connaître le nombre exact, dit-on. Sur place, en tout cas, les palmipèdes, de races appelées Pékin ou Barbarie, on y compte une cinquantaine, ont pris leurs aises. On nage, on se promène, on bronze ou on se repose à l’ombre. D’autres «mamans poules», protègent leurs petits.
Un employé assure que les canards se reproduisent très vite. Les œufs sont en tout cas nombreux. «Enn sel kou kapav gagn 10 à 15 dizef. Les canards sont nombreux et mangent beaucoup. Des fois, la nourriture n’est pas suffisante», poursuit l’employé.
Hormis les canards, le jardin compte plusieurs espèces d’oiseaux, à l’instar de la poule d’eau de Madagascar. Pour ce qui est des tortues, il n’y a pas de vente pour le moment. Carnet rose : du côté des cerfs, qui sont peu nombreux, on apprend que quatre faons sont nés en juillet. Un des petits porte des traces de blessures, séquelles des coups de cornes d’un adulte qui voulait lui infliger une correction, apprend-on.
Par ailleurs, en ce qui concerne l’entretien, le nettoyage pour accueillir les visiteurs au courant de la journée était en cours, hier matin. Les employés entassaient des piles de feuilles mortes alors que le ballet des tracteurs chargés de ramasser les déchets se poursuivait. Si on devait noter la propreté, à hier matin en tout cas ? On accordera un 6 sur 10…
Pour rappel, le coût du ticket d’entrée pour les touristes a été revu à la hausse au mois d’avril. Il est passé de Rs 200 à Rs 300 pour les visiteurs étrangers âgés de cinq ans et plus. Pour les Mauriciens, l’accès au jardin est gratuit pour les enfants en bas âge, les personnes âgées et les personnes en situation de handicap. Pour les autres, il faut débourser Rs 25.
Vandalisme : Des malfrats «séparent» Bernardin de Saint-Pierre et Virginie
Le corps de la malheureuse Virginie, naufragée sur le rivage. C’est la scène sculptée par l’artiste Léon Morice et apposée en bas-relief, en dessous du buste de l’écrivain Bernardin de Saint-Pierre.
Sauf qu’il n’est plus possible d’admirer cette œuvre dans son intégralité. Avec stupeur, Bernard Li Kwong Ken, ancien président du Mauritius Museums Council, s’en est rendu compte lors d’une visite du jardin botanique de Pamplemousses, lundi. «C’est absolument inacceptable», réagit-il face à cette atteinte à la mémoire de l’auteur de Paul et Virginie. «J’espère que cette plaque finira par être retrouvée et qu’elle sera remise en place.» Dans la foulée, il déplore également les signes du manque d’entretien adéquat du jardin botanique, comme cette «eau putride et stagnante à l’entrée».
Du côté du jardin botanique, une source confirme la disparition de la plaque. Avant de préciser que cela remonte «à l’époque du premier confinement en 2020. Des personnes auraient ‘visité’ le jardin en catimini». Toujours est-il que le contribuable attend désormais que ce fleuron du patrimoine aille mieux. Le Budget 2022-2023, présenté en juin dernier, prévoit Rs 150 millions sur trois ans pour le «rafraîchissement» du jardin botanique de Pamplemousses.
Pour ce qui est de l’œuvre disparue, mieux qu’une plaque, il s’agirait d’un tableau, un bas-relief réalisé par le sculpteur Léon Morice. Ce bas-relief montre le corps de Virginie, naufragée, sur le rivage.
Quant au buste en bronze, il représente Bernardin de Saint-Pierre dans sa jeunesse. Cela évoque le souvenir de son passage à l’île Maurice. Selon plusieurs sources – dont une conférence intitulée Les tribulations d’une statue au Havre d’Elizabeth Audoin – le buste en bronze a été exécuté «en 1936, par le sculpteur J. Rémy pour le bicentenaire de la naissance de Bernardin de Saint-Pierre». L’écrivain et botaniste né en 1737 a fait un voyage à Maurice et La Réunion en 1768. Les sources historiques rappellent que Bernardin de Saint-Pierre a côtoyé l’Intendant Pierre Poivre, qu’il a séjourné à Mon Plaisir et qu’il a courtisé sans succès Françoise Robin, l’épouse de Pierre Poivre. Elle aurait servi d’inspiration à l’auteur pour le personnage de Virginie.
Ce n’est pas la première fois que l’on déplore un vol au jardin botanique de Pamplemousses. Il y a cinq ans, le vendredi 21 juillet 2017, les responsables du jardin botanique de Pamplemousses avaient constaté la disparition de 47 lampadaires – majoritairement antiques – et de tableaux au château de Mon Plaisir. Des objets qui se trouvaient dans un entrepôt verrouillé, sur place. Le ministre des Arts et de la Culture d’alors, Prithviraj Roopun, avait déclaré en 2017 : «Pourquoi ne pas faire appel au sens patriotique des citoyens et lancer un avis de recherche pour retrouver ces objets ?»
Cinq ans plus tard, sera-t-il entendu ?
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