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Jardins communautaires: récolter une nouvelle vie
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Jardins communautaires: récolter une nouvelle vie
Plonger les mains dans la terre pour se relever des coups durs de la vie. L’expérience des jardins communautaires a été lancée dans huit localités par l’ONG «Action for Environment Protection» du diocèse de Port-Louis. Le «project coordinator», Pascal Laroulette, nous donne le goût de la production de nourriture saine.
Quelle transition ! Georges Alain Chiffonne, 55 ans, a été éboueur pendant 38 ans. Chez Atics, «mo ti kontrol enn lekip zom» en tant que gangman, se souvient-il. Mais la maladie en a décidé autrement. Après une opération du poumon, «dokter dir mwa mo pa pou kapav lev kitsoz lour aster». Adieu ordures et salaire fixe. Le père de deux filles et trois garçons s’est retrouvé «dan difé, lamé anba ros», dit-il. Jusqu’à ce qu’il entende parler de «sa misie ki pe rod dimoun pou travay dan zardin». Du menton, il désigne Pascal Laroulette, le project coordinator des jardins communautaires de l’ONG Action for Environment Protection (AEP). Trois fois la semaine, Georges Alain Chiffonne, l’un des bénéficiaires du projet, apprend les principes de l’agroécologie. Il a même essayé de refaire la même chose chez lui. «Selman mo later ki pa tro bon, li pa gagn ase gagn soley.»
Perplexe, il se demande pourquoi ce qui a été planté à la même date chez lui et dans le jardin communautaire de Saint-Vincent-de-Paul à Pailles, ne donne pas le même résultat. «Mo ankor pe étidié li la». Dans un coin, des gourdes rouges avec écrit dessus le prénom des bénéficiaires attirent l’œil. «Zot ti pe sarye boutey plastik avan, mo kardiak ti pe pran», confie en riant Pascal Laroulette. Qui dit écologie, dit aussi zéro plastique.
Comment les bénéficiaires sont-ils recrutés ? Caritas (qui ne fait pas que du secours d’urgence aux familles démunies) est l’un des partenaires des jardins communautaires. «Caritas est sur le terrain, elle connaît les familles en difficulté.» Et les orientent vers le projet, «même si elles ne connaissent rien à l’agroécologie». Parce que le plus important, «c’est la bonne volonté», affirme le project coordinator. Planter sans engrais chimiques, en respectant les cycles de l’écologie, c’est à la fois de «l’accompagnement, de la réhabilitation, de la formation. Inpe bros latet osi». Par exemple, les absences répétées d’un bénéficiaire sont liées à un problème d’alcoolisme.
Mais, selon Pascal Laroulette, qui l’observe pendant qu’il enroule un tuyau d’arrosage «avant, mettre de l’ordre n’avait rien de naturel pour lui. Cela commence à changer.»
À Pailles, il y six mois, le jardin «ti enn bwa. Ti mank zis serf ek koson maron ladan», ironise-t-il. Difficile d’imaginer un terrain en friche dans l’enceinte de l’église Saint-Vincentde-Paul à la place du potager sous nos yeux.
La clé, c’est la fourniture d’eau. «L’autosuffisance en eau est impossible, la région est trop stressée sur le plan hydrique», dit le spécialiste. Une fois l’irrigation automatique maîtrisée, les pousses sont transférées de la pépinière aux plates-bandes. Pourquoi pas de culture en pleine terre directement ? «C’est pour que la plante soit moins vulnérable aux attaques d’escargots.» Le crottin de cheval, provenant des Écuries du Domaine (autre partenaire du projet), sert de fumier.
À Pailles, on fait pousser laitues, tomates, piment, brèdes tom pouce, petsai et épinards. Ainsi que du cotomili, des poireaux. «Grâce à l’irrigation automatique, de la pépinière à la maturité, cela prend environ un mois.» En décembre, place aux plantes «indépendantes». Comme la patate et le manioc. Cela en prévision des fortes averses du premier trimestre 2023. «Les pluies vont laver les plantes. Les racines auront tendance à pourrir à cause du trop-plein d’eau. On ne pourra rien planter d’autres. C’est ça l’agroécologie, vivre au rythme des saisons.» Autres composantes du projet : la fabrication du compost, comment inclure des plantes endémiques dans un écosystème fruitier et l’apiculture.
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