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Jardin de Pamplemousses: le samadhi de SAJ classé patrimoine national moins de trois mois après son dévoilement
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Jardin de Pamplemousses: le samadhi de SAJ classé patrimoine national moins de trois mois après son dévoilement
Au nom du père. Les deux monuments funéraires – samadhi – de SAJ et de SSR intègrent la liste du patrimoine national. Décision du Conseil des ministres annoncée le vendredi 2 septembre.
«Ces gouvernants font des bouche-trou. Ils ne font rien avec conviction, mais agissent sans vision, sans lendemain. Zordi li bon, dimé nou ava gété.» Pierre Argo, artiste et ancien membre du conseil d’administration du SSR Botanical Garden Trust (SSRBGT), ne mâche pas ses mots.
Était-ce une priorité du patrimoine national que de classer ces deux monuments funéraires ? Il lance un non catégorique. «Il y a tellement de choses à faire. Allez voir le Canal Dayot et tous ces monuments qui sont en piteux état», plaide-t-il.
En juin, le Budget 2022/2023 prévoyait Rs 150 millions sur trois ans, pour «rafraîchir» le jardin de Pamplemousses. Pour Pierre Argo, «Rs 300 millions, Rs 500 millions, un milliard, s’il n’y a pas de compétences derrière, nous aurons toujours un jardin dans la panade. La compétence, faut la chercher comme l’aiguille dans la botte de foin». La voix de Pierre Argo est parmi les plus fortes à déplorer l’état actuel de «semi-abandon» du jardin de Pamplemousses. Il rappelle qu’un précédent rapport commandé par le board du SSRBGT en 2019, signé de l’architecte paysagiste Daniel Masetracchi soulignait que le samadhi de SSR était en «contradiction avec les fondements mêmes du jardin». Deux ans plus tard, SSR était rejoint par SAJ au jardin botanique.
Pour Arrmaan Shamachurn, président de l’association SOS Patrimoine en péril, l’inscription du samadhi de SAJ est un véritable case study. D’une part en matière de rapidité de traitement de dossier. D’autre part, pour ce qui est des fonds débloqués par le ministère des Arts et du patrimoine culturel, «un ministère qui dit qu’il n’a pas de ressources. Ce ministère m’a expliqué que les priorités pour l’heure, ce sont les bread and butter issues. Le ministre a affirmé qu’il a une road map pour le patrimoine. C’est ça la road map ?»
SAJ est décédé le 3 juin 2021. À la mi-janvier 2022, il a été constaté que la vitre entourant la structure initiale du samadhi s’était fissurée. Le mémorial a été rénové et dévoilé le 6 juin dernier, pour marquer l’année écoulée depuis la disparition de l’ancien Premier ministre et président de la République. Hier, moins de trois mois plus tard, le conseil des ministres a annoncé que ce samadhi – tout comme celui de SSR – est classé patrimoine national.
Ce qui clash avec la liste du patrimoine potentiel, un inventaire de sites historiques qui méritent d’être classés. Une liste en souffrance – tout comme les bâtiments qui y figurent – depuis des années, souligne le président de SOS Patrimoine en péril. «Le ministère des Arts m’a répondu que la procédure est longue. Comment se fait-il que les implications légales et financières, dans ce cas aient été résolues en si peu de temps ?»
Le jardin de Pamplemousses pas classé patrimoine malgré 252 ans d’histoire
Malgré 252 ans d’histoire, le jardin de Pamplemousses, officiellement SSR Botanical Garden, n’est pas classé patrimoine national. Arrmaan Shamachurn assimile cette grosse «incohérence» avec le cas du Champ-de-Mars, qui malgré ses 210 ans d’histoire, n’est pas reconnu comme un patrimoine national, non plus. Avant les samadhi, c’est le château de Mon Plaisir ainsi qu’une «model factory» qui étaient classés mais pas le jardin dans son ensemble.
Tombes et cimetières classés : La tournée des morts
Avant les samadhi, il y avait les tombes. La liste du patrimoine national en regorge. Plus d’une trentaine à travers l’île, dont la majorité située dans la partie historique du cimetière de l’Ouest. Le patrimoine national reconnaît aussi des nécropoles entières, comme les old cemeteries de Grand-Port et du Morne. Ou encore le cimetière des esclaves à Pamplemousses. Un cimetière privé est aussi classé patrimoine national, celui de la famille Martin-Moncamp à Trianon. La pierre tombale de Gabriel Igou, l’un des quatre premiers lazaristes de la colonisation française (il est arrivé à Maurice il y a 300 ans en 1722) est également classée patrimoine national. Cette pierre tombale retrouvée lors de travaux de construction à côté du jardin de la Compagnie (sans ossements en dessous) est maintenant dans la cour de la cathédrale Saint-Louis.
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