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Creative Artworks Mauritius: ils chérissent le coco
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Creative Artworks Mauritius: ils chérissent le coco
Ce groupe d’une vingtaine de jeunes talentueux âgés de 18 à 27 ans et habitants de Mont-Roches, nous offrent un accueil chaleureux au kovil situé à la rue Elizabeth. Leurs œuvres d’art ont récemment fait sensation sur les réseaux sociaux notamment, et cela, pour les bonnes raisons – leurs oeuvres sont entièrement sculptées à base de produits naturels, notamment des feuilles fraîches ainsi que la partie tendre du cocotier, soit le cœur. Jour et nuit, ou parfois, pendant des semaines de travaux incessants, ces œuvres d’art envoûtent finalement nos yeux. Cette semaine, l’express est allé à la rencontre des membres de Creative Artworks Mauritius.
Comment ces jeunes ont-ils eu cette unique idée ? Armon Pozhilan, 20 ans, nous raconte, en riant, que ceci est en fait le résultat amusant de leur tentative de réduire les coûts… «Nous avions l’habitude de créer des sculptures en utilisant des fleurs auparavant. Comme le kovil est en construction et rénovation, nous avons décidé collectivement de ne plus utiliser de fleurs pour économiser de l’argent. En même temps, les fleurs ont diminué et étaient plus chères à cause du Covid-19.» Alors, un ami du groupe a suggéré d’essayer avec des feuilles et le cœur de cocotier, ce qui «a fini par être un succès après que nous avons essayé plusieurs petites œuvres d’art et nous y sommes arrivés progressivement».
Qui dit art, dit aussi créativité, travail d’équipe et efforts. Entre leurs autres responsabilités, telles que des études supérieures et leur travail, ces jeunes trouvent néanmoins le temps de se rencontrer, de discuter de leurs idées, de planifier et de mettre en œuvre leur savoir-faire, parfois au kovil et parfois dans d’autres endroits de la région. «Les tâches sont réparties. Il y a l’idéation et le design. Ensuite, nous discutons et faisons une impression digitale de ce que nous avons en tête. Nous organisons et travaillons ensuite en conséquence», ce qui, selon eux, exige un haut niveau de précision, de patience et de dévouement. «Cela nous prend des jours, voire des nuits, surtout si nous planifions quelque chose de gros pour un festival. Ena fwa nou gagn lager tou akoz si nou trouv enn ti zafer pa bon, nu rekomansé», explique Ouleven Veeren, 27 ans, celui qui est en charge du groupe. «Mais cela nous aide à apprendre à travailler ensemble et lorsque nous voyons enfin l’œuvre d’art finale, nous nous sentons heureux et fiers.»
De plus, leur récente œuvre d’art – une ode à la déesse Renuka Yellamma – en a laissé plus d’un bouche bée d’admiration. Cette pièce maîtresse, une fusion de feuilles de cocotier et de fleurs, a été planifiée depuis 2020 et réalisée en collaboration avec le groupe Sarav’ART, mené par Saraven Sungelee. «Malgré les retards et les difficultés dus au Covid, nous avons réussi à le faire après beaucoup de détermination. La réponse a été inattendue. Nous avons reçu une avalanche d’amour et d’appréciation, même de pays comme l’île de la Réunion et la Malaisie», relate Varounen Alasoo, 21 ans, qui ajoute : «Lorsque les gens, en particulier dans notre kovil et notre quartier, l’ont vue, ils ont été émus aux larmes de joie. Même nous avons pleuré.»
Mais ces sculptures hypnotiques sont-elles uniquement limitées aux fêtes religieuses, et dans quelle mesure cette pratique est-elle durable dans ce pays cher aujourd’hui ? «Vous savez, la perception a changé depuis. Nous voyons que les gens croient davantage en nous», dit Ouleven Veeren. Ce dernier explique également que l’équipe crée désormais des œuvres d’art, comme une belle sculpture du dodo, et ce à des fins diverses sur commande – mariages, anniversaires, entre autres. «L’art va au-delà de la religion et nous aide à nous unir dans la diversité.»
La fabrication de ces oeuvres d’art n’est pas de tout repos. Et pas toujours gratuite «Pour d’autres commandes, étant donné l’inflation et le temps que cela prend, nous devons facturer en conséquence et les gens ont tendance à trouver le coût trop élevé. Ils ont tendance à ne pas se rendre compte de la somme de travail que cela représente, ou cela est peut-être dû à un manque général d’appréciation pour de telles tâches», confie Hasven Veeren, 20 ans.
Comme projets d’avenir, ces jeunes envisagent de créer une autre œuvre d’art à l’occasion de Govinden. Ils souhaitent également participer ou organiser eux-mêmes des expositions. «La beauté est que même si aucun d’entre nous n’a de soi-disant savoir-faire professionnel dans le domaine des arts, nous l’aimons. L’art doit être valorisé et promu par les autorités, en particulier auprès des jeunes…»
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