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Inondations meurtrières | Nos compatriotes au Pakistan: «Pas de mot pour décrire cette souffrance»

4 septembre 2022, 12:00

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Inondations meurtrières | Nos compatriotes au Pakistan: «Pas de mot pour décrire cette souffrance»

Le Pakistan est à genoux. Les inondations découlant des pluies de la mousson depuis juin ont fait jusqu’ici plus de 1 000 victimes et touché plus de 33millions d’habitants, soit un sur sept. Un triste bilan publié il y a une semaine par l’Autorité nationale de gestion des catastrophes. Près d’un million de maisons, des bâtiments situés dans des zones inondables dont un hôtel de 150 chambres, se trouvent sous les eaux ou ont carrément été balayées par les torrents, comme le montrent des vidéos partagées en masse sur les réseaux sociaux. Plus de 3 400 kilomètres de routes, des centaines de ponts et 80 000 hectares de terres cultivables ont aussi été emportés par les flots.

La Dr Ara mariée au Mauricien Aubaidullah Abdool Raman, a pris cette photo depuis l'autoroute où les gens se sont réfugiés avec leur bétail.

«C’est très triste et cela me brise le cœur. Je n’ai pas de mot pour décrire la souffrance des sinistrés». Le Dr Farhad Kauroo qui se trouve en ce moment en vacances en famille, dans ce pays qui connaît cette catastrophe d’une rare ampleur, a le cœur meurtri, bien qu’il soit sain et sauf. Notre compatriote qui est parti visiter sa benjamine, étudiante à l’université Allama Iqbal Medical College, raconte avoir échappé au pire. «Ma famille et moi étions à Kalam, Mahodand et Bharain dans la province de Khyber Pukhtunkhwa, là où il y a le plus de dégâts, entre le 17 et le 21 août. Il a commencé à pleuvoir lorsque nous y étions et avons quitté Swat Kalam trois jours avant les inondations pour venir dans la capitale Islamabad», raconte le médecin, lui-même ancien étudiant de ce pays d’Asie du Sud, dans les années 77 à 83 tout comme ses trois filles par la suite, dont les deux aînées qui exercent déjà.

Autre témoignage que nous avons pu recueillir du Pakistan, vendredi soir, est celui de la Dr Sareer Ara. Cette professionnelle des Nations unies à la retraite, actuellement directrice de Poverty Eradication and Community Empowerment (PEACE) Ltd, Mauritius, est mariée au Mauricien Aubaidullah Abdool Raman, conseiller à la retraite de l’ONU et aussi actuellement directeur exécutif de PEACE, Mauritius. Le couple qui vit à Maurice, a fait le déplacement au Pakistan, plus précisément, à Peshawar, une grande ville dans la province de Khyber Pukhtunkhwa, en juillet, pour le traitement médical de notre compatriote.

Élan humanitaire

Même si Aubaidullah Abdool Raman n’a pas été directement impliqué dans cette urgence particulière pour des raisons de santé, il a tout de même, en tant que conseiller en réponse aux urgences mondiales, été en contact avec l’UNICEF Pakistan et a prodigué des conseils à ses collègues. Pour sa part, son épouse, la Dr Sareer Ara, atteste que la moitié du Pakistan est inondée. «À l’exception de Karachi, les grandes villes sont sûres. Mais, des villages situés plus bas ont été complètement submergés comme ceux des provinces du Sind et du Baloutchistan. Les gens qui étaient bloqués ont contacté les médias sociaux et ont pu être sauvés. Certains ont même été héliportés, ce qui est un grand changement par rapport au passé.»

La Dr Ara qui a travaillé pour l’UNICEF en tant que responsable de programme dans plusieurs pays où elle a, par le passé, assisté à des scènes de désolation liées aux inondations tout comme à la propagation des maladies hydriques quelques jours plus tard, a également connu les inondations meurtrières de 2010 au Pakistan. Elle concède, toutefois, que celles-ci sont bien pires. Dans toute cette détresse, notre interlocutrice se dit toutefois très touchée par l’extraordinaire élan humanitaire dont font preuve les gens ordinaires du pays, qui ne sont pas directement touchés par les inondations. Par exemple, 90 % des habitants de Khyber Pukhtunkhwa, ont été hébergés par leurs familles et leurs amis. Elle fait aussi état des campagnes de collecte de fonds en cours partout. «Des ONG et des philanthropes servent des plats cuisinés. C’est très réconfortant de voir les gens se soutenir les uns les autres et de moins dépendre du gouvernement pour une aide immédiate».

Néanmoins, elle fait ressortir que l’appel urgent aux dons de 160 millions de dollars lancé par l’ONU, mardi, pour venir en aide aux victimes de ces inondations catastrophiques, est une sous-estimation compte tenu de l’étendue des dommages causés aux infrastructures, aux cultures, au bétail et aux biens personnels des personnes. «La région de Khyber Pukhtunkhwa, seule, a besoin d’environ 500 millions de dollars pour la réhabilitation, et les dégâts y représentent environ un sixième de ceux du reste du pays.»

Sans compter, conclut-elle, qu’en sus des victimes, sinistrés et déplacés, cette catastrophe climatique affectera encore plus de gens plus tard avec la montée en flèche des prix des produits alimentaires après la destruction des récoltes.