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Hausse du coût de la vie et de l’énergie: agissons face aux crises !
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Hausse du coût de la vie et de l’énergie: agissons face aux crises !
On en parle tous les jours. L’hiver nous l’a fait sentir, l’été en Europe en a fait de nous des témoins et nos porte-monnaie en sont des souffre-douleurs. Nous subissons bel et bien deux crises : une énergétique et l’autre inflationniste. Comment y remédier, nous, citoyens, dirigeants ou gérants d’entreprises ?
Agir face à l’inflation et à la crise énergétique concerne plus d’un et pas seulement les dirigeants. S’unir contre ces crises en faisant chacun de son mieux pour y survivre est vital. Les prix des combustibles fossiles, tels que le fioul lourd et le charbon, observent une tendance à la hausse depuis juillet 2021. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine et la crise occasionnée par le Covid-19 qui contribuent à l’inflation et à la menace d’une récession, ajoutés à la dépréciation de la roupie face au dollar ont provoqué la nécessité de revoir les tarifs d’électricité. Pour rappel, l’Utility Regulatory Authority (URA) se penche sur une éventuelle hausse des tarifs d’électricité après que la Central Electricity Board (CEB) en a fait la demande le 28 juin.
Domestique et importation
En effet, une grande partie de notre électricité est alimentée par des sources non-renouvelables et importées, notamment le charbon comme indiqué dans le hors-texte. Face à la crise énergétique et à l’inflation, des solutions simples peuvent être adoptées à titre individuel pour réduire sa consommation d’énergie, estime Sunil Dowarkasing, consultant en environnement. Parmi les dix actions que citent les Nations unies, on peut, par exemple, réduire sa climatisation, adopter des ampoules LED et des appareils électriques économes en énergie, faire la lessive à l’eau froide ou encore éviter d’utiliser un sèche-linge.
Un autre moyen est de passer à des sources renouvelables comme le vent ou le soleil, par exemple, en installant des panneaux solaires sur les toitures pour produire de l’énergie propre. Les consommateurs peuvent aussi privilégier des produits venant d’entreprises qui utilisent les ressources renouvelables. Ou encore opter pour des moyens de transport qui utilisent de l’électricité produite par des ressources renouvelables. Chacun peut inciter parents, voisins, collègues, et amis à se joindre à cet effort collectif pour réduire la consommation d’énergie.
Khalil Elahee, professeur à la faculté d’ingénierie de l’université de Maurice (UoM), soutient que la réduction de la consommation d’énergie domestique passe d’abord par l’éducation et la sensibilisation, ainsi que par l’accès à de nouveaux modes de financement. «Nous voyons ce que propose la Development Bank of Mauritius, par exemple, mais il faut davantage. Le prêt sans intérêt et sans garantie doit être possible pour les foyers domestiques, par exemple, afin de faire d’eux des prosumers, des petits producteurs et pas que des consommateurs.»
Ces solutions sont simples et faciles pour agir contre la crise énergétique. Toutefois, pour l’inflation, tant que notre pays dépendra des importations pour se nourrir, on ne verra pas le bout du tunnel. 80 % de notre consommation dépend de l’importation, comme le soutient Stephan Gua, membre de Rezistans ek Alternativ. «La souveraineté alimentaire et économique dépend des allers et retours internationaux», explique notre interlocuteur, en ajoutant qu’en ce qui concerne ce que nous produisons localement, comme le sucre, depuis la colonisation, les choses n’ont pas évolué.
La plupart de ce que nous produisons en grande quantité est pour l’exportation. Comme les sea food hub par exemple. «Cela fait des années que des pêcheurs mauriciens demandent à avoir des bateaux semi-industriels pour pêcher dans notre vaste mer afin de fournir du poisson localement mais cela n’a jamais été fait. Il n’y a pas assez d’espace pour la souveraineté alimentaire.»
Produire localement pour se nourrir au lieu d’exporter permettra non seulement d’atténuer la crise alimentaire dans laquelle nous nous trouvons, mais permettra également de diminuer considérablement le volume d’importation qui coûte cher à la population avec la dépréciation de la roupie. À Montréal, par exemple, pour augmenter l’offre alimentaire locale, il y a eu davantage de développement de l’agriculture locale.
Nos terres et la construction
Cependant, pour développer l’agriculture, il faut des terres, que, malheureusement, comme l’indique Stephan Gua, «notre modèle économique met au profit les plus riches».
En effet, la plupart de nos terres agricoles sont vendues et utilisées pour l’immobilier. Des projets immobiliers se font à tout va. «La concentration des terres est dans les mains d’une petite poignée de riches à Maurice. L’état doit se saisir de ces terres pour le bien-être de la population.»
L’on ne parle pas là uniquement d’utiliser ces terres pour la consommation. Il faut aussi les utiliser pour la reforestation afin de combattre la crise climatique et énergétique. «Par exemple, on parle de smart city, c’est une nouvelle colonisation. Plus d’immobilier entraînera plus de problèmes d’eau et plus de non-souveraineté alimentaire et la vie chère.»
Les constructions elles-mêmes doivent être revues affirme pour sa part la militante du développement durable, Adi Teelock. «Nous avons énormément d’efforts à faire sur l’efficacité et la conservation énergétiques.» L’efficacité, à savoir comment on utilise l’énergie en général, et la conservation, c’est-à-dire comment on fait de sorte que les bâtiments consomment moins d’énergie. Qu’elles soient renouvelables ou pas. «Nous devons revoir la façon dont nous construisons. Introduire une architecture bioclimatique. C’est-à-dire construire des bâtiments avec des éléments naturels pour apporter de l’éclairage et un cooling effect pour éviter l’utilisation de la clim par exemple, qui consomme énormément d’énergie. On parle de smart en se basant sur l’énergie renouvelable mais il faut aussi voir au départ même la conception architecturale et les conditions environnementales.»
En ce qui concerne les constructions que font les citoyens, Adi Teelock est consciente que, malheureusement, beaucoup de personnes bénéficient uniquement de petites parcelles de terre pour leur logement par exemple, mais pense que ceux qui ont suffisamment d’espace devraient planter davantage pour contribuer à la reforestation et diminuer leur consommation d’énergie en ayant de l’ombre naturellement.
Transport et entreprises
Selon Sunil Dowarkasing, il faudait augmenter l’offre en termes de matériel et d’équipements plus efficients et moins énergivores. Une autre façon d’agir dans la bonne direction serait de changer de mode de transport, cite-t-il., en privilégiant le transport en commun pour les longues distances, ou en marchant ou en faisant du vélo quand c’est possible. Toutefois, «au niveau des citoyens, les solutions sont limitées en l’absence des politiques nécessaires pour réduire la consommation d’énergie, comme pour avoir accès aux équipements électroniques et électriques plus efficients».
La crise ne touche pas que les individus. De nombreuses entreprises dans le BPO ou les usines bénéficient de tarifs industriels qui sont inférieurs au coût de production. «Cela ne peut pas continuer. Mais pour ne pas les fragiliser économiquement, il faut leur donner accès à des financements afin qu’elles puissent produire de l’électricité verte, sur leurs toits par exemple. Les économies d’énergie sont toujours possibles, mais même si elles font des audits, il n’y a pas de suivi ni d’implémentation», explique Khalil Elahee, en ajoutant qu’il faut revisiter le Plan National d’Efficacité Énergétique (PNEE). «Qu’a-t-il apporté concrètement et comment faire pour le rendre plus performant ? Aujourd’hui la décentralisation de la production électrique est une solution, à condition que cette énergie verte ne soit pas elle-même gaspillée.» Au dire de Sunil Dowarkasing, bénéficiant d’un tarif préférentiel du CEB, les grandes entreprises ne sont pas encouragées à passer à l’énergie renouvelable.
Des décisions majeures sont aussi importantes comme c’est le cas en France. Comme l’explique Le Journal du Dimanche du 26 juillet : «La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé la parution prochaine d’un décret interdisant toute publicité lumineuse la nuit. Les écrans publicitaires numériques, énergivores mais en forte croissance, seront concernés. Les associations environnementales réclament leur interdiction.» En prenant en compte le nombre de centres commerciaux qui utilisent ces publicités lumineuses la nuit à Maurice, il y aurait des économies à faire.
Le gouvernement et le fioul
L’augmentation du prix de l’essence a été un des problèmes majeurs qu’a subi notre pays cette année, allant même jusqu’à provoquer une mini-émeute. Cela alors que nous pouvons utiliser de l’éthanol fabriqué localement comme produit dérivé de carburant, explique Cader Sayed Hossen, ancien ministre du Commerce sous le régime travailliste. «Nous avons Omnicane qui produit déjà de l’éthanol pour exporter et faire de l’alcool. Produire du carburant à travers l’éthanol a déjà été discuté mais cela n’a pas pu aller de l’avant. Par exemple, Un litre de E20 d’éthanol signifie 80 % d’essence. Vous imaginez si on exploite cela comment nous en sortirions gagnant au niveau économique ?» ajoute l’ancien ministre. Car c’est un investissement à long terme.
Depuis des décennies, nous savons que nous ne pouvons dépendre des énergies fossiles importées. Pour le professeur de l’UoM, il faut accélérer la transition vers les énergies renouvelables comme le solaire, devenu plus abordable. Tout est dans le fait que l’investissement initial est significatif alors que pour les énergies conventionnelles, c’est durant toute la durée des opérations que nous payons la majeure partie des coûts. En bref, cela exige un changement de modèle économique et financier, voire une nouvelle mentalité concernant les coûts et les bénéfices. Il ne faut toutefois pas oublier que l’efficacité énergétique et la maîtrise de la demande sont des conditions essentielles avant d’aller plus loin avec les énergies renouvelables, souligne Khalil Elahee. «Il faut que le gouvernement concrétise ce qu’il a dit qu’il fera. Il y a une roadmap, il faut l’appliquer sans tarder. Tout délai nous sera préjudiciable, ou si nous n’avons pas aussi une bonne maîtrise de la demande, des risques de déficit au niveau de la fourniture sont réels. Je ne crois nullement au black-out et nous avons le temps d’agir si nous nous y mettons immédiatement. Le défi sera d’avoir une fourniture suffisante en 2023, surtout en été pendant les jours de semaine, à partir de sources propres et à un coût abordable. Il n’y a pas une minute à perdre.» Le gouvernement doit mettre en place une politique. «Le gouvernement doit revoir la politique énergétique dans son ensemble. Permettre à l’énergie renouvelable d’avoir la place nécessaire dans l’énergie mix. Pour cela, il faut revoir le grid system. Il faut revoir de fond en comble les structures énergétiques, aller vers la décentralisation etcasser le monopole du CEB.»
De plus, Sunil Dowarkasing se demande si «le gouvernement est disposé à être en confrontation avec les Independent Power Producers ?».
Les chiffres
Selon les données de Statistics Mauritius publiées au mois de juin, de 2020 à 2021, le Total Primary Energy Supply a augmenté de 1 334 047 toe à 1 367 124 toe, soit de 2 %, dont 54 % de produits pétroliers, 33 % de charbon et 12 % d’énergies renouvelables. Ce qui signifie que 88 % de l’énergie fournie était par de combustibles fossiles importés. La bagasse est restée la principale source d’approvisionnement en énergie renouvelable, soit à environ 83 %. L’énergie hydraulique, l’énergie éolienne, les gaz de décharge, l’énergie photovoltaïque et le bois de chauffage représentaient les 17 % restants. Quant au Total Energy Consumption, il était à 804 824 toe. Les deux principaux secteurs consommateurs d’énergie étaient le transport et l’industrie manufacturière, représentant respectivement 47,0 % et 22,6 % de l’énergie finale consommée. La consummation des ménages est de 18,6%, celle du commerce et de la distribution de 11,0 % et de l’agriculture de 0,4 %.
L’inflation à deux chiffres s’installe à 11,5% en août dernier
<p>Tout laisse croire que l’inflation est visiblement là pour durer. Après avoir franchi la barre à deux chiffres en mars dernier, passant à 10,7%, l’inflation en glissement annuel a maintenu un taux à deux chiffres, indiquant un taux de 10,7% en mai, 11% en juillet et 11,5% en août, selon les dernières statistiques du CPI rendues publiques hier après-midi par <em>Statistics Mauritius.</em> Seul mois où le taux a descendu à moins 10% était en juin où l’inflation en glissement annuel était à 9,6%.</p>
<p>Les spécialistes confirment cette tendance haussière de l’inflation en glissement aux effets d’entraînement de la flambée de prix impliquant les produits de grande consommation dans le sillage de la guerre en Ukraine qui a poussé les prix des commodités à prendre l’ascenseur. L’indice des prix à la consommation a augmenté de 0,4 point au mois d’août pour passer à 124,4, points contre 124 points en juillet.</p>
<p>Les statisticiens de <em>Statistics Mauritius</em> attribuent ce changement au niveau du CPI à une série de hausses intervenues au niveau des principaux articles constituant le panier ménager. On y relève les légumes grimpant à 0,1 point, les viandes, +0,1 point et idem pour le lait en poudre et les boissons alcoolisées, dont le whisky. Par ailleurs, l’inflation globale (headline) pour les 12 douze mois se terminant en août 2022 s’élevait à 8,8%. Elle était de 3% à la même période l’année dernière.</p>
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