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Dr Oomesh Shamloll: «Il faut davantage de professionnels de santé super spécialisés»

29 septembre 2022, 14:05

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Dr Oomesh Shamloll: «Il faut davantage de professionnels de santé super spécialisés»

En cette journée mondiale du cœur, faisons le point sur la santé cardiovasculaire avec le Dr Oomesh Shamloll, chef de service en cardiologie et ancien président de la Cardiovascular Society (Mauritius).

Il y aurait de plus en plus de malades cardiaques à Maurice. Avez-vous des statistiques concernant l’incidence de ce mal tant redouté ?
Je ne sais pas si ma réponse vous étonnera ou pas mais il n’existe pas de statistiques précises concernant le nombre de malades, les différents types de maladies cardiaques, voire le pourcentage de Mauriciens souffrant de problèmes cardiaques.

Vous voulez dire qu’à l’avenir, s’il y a une question posée au Parlement liée au nombre de patients cardiaques en traitement, il sera difficile pour le ministre de fournir une réponse précise ?
Le ministère demandera sans doute à chaque hôpital d’indiquer le nombre des malades traités et on compilera ces données pour les fournir. Mais donner des chiffres sur le nombre de malades qui souffrent de différentes maladies cardiaques, ce sera difficile. Je m’empresse toutefois de vous annoncer que l’on vient de mettre en place un département des statistiques et que d’ici un an, tous les chiffres seront disponibles. Le ministère de la Santé a obtenu des fonds de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour se lancer dans la compilation de ces chiffres. Ceci est une très bonne chose car on pourra mieux se préparer pour traiter au mieux les malades.

Mais vous qui comptez 22 ans en tant que cardiologue, vous êtes sans doute en mesure de nous dire si la situation est alarmante ou pas ?
Comme moi, vous avez entendu dire qu’un Mauricien sur deux souffre du cœur. Je ne suis absolument pas d’accord avec ce chiffre. C’est faux! Allez dans votre bureau et si vous êtes entourés de 30 personnes, vous allez me dire qu’il y en a 15 qui souffrent de problèmes cardiaques ? Non, il faut être réaliste. Je ne peux avancer de chiffres mais les maladies cardiovasculaires sont les principales causes de décès dans notre pays comme partout ailleurs dans le monde. C’est difficile pour moi de tenir compte du nombre de patients qui viennent me voir dans le privé et qui ont sans doute des problèmes cardiaques. Dans le public, je ne m’occupe que des patients cardiaques.

Quels sont les grands manquements au niveau de la cardiologie ?
Du côté des équipements, je dirai que nous avons ce qu’il faut. Mais il existe de gros problèmes. D’abord, il y a un manque de chirurgiens cardiaques. Deuxièmement, il n’y a pas de cardiologue pédiatrique. C’est dommage car on se fie trop à un chirurgien pour des opérations. Qu’arrivera-t-il si ce chirurgien n’est pas disponible ? Il est également temps pour le ministère de tutelle de recruter des cardiologues spécialisés en pédiatrie. Actuellement, nous devons attendre la venue de cardio- logues étrangers pour qu’il y ait des interventions chirurgicales cardiaques sur les enfants. Autrement, nous pouvons opérer 90 % des patients et pour les 10 % nécessitant des interventions hyper spécialisées, le ministère a recours aux services offerts à l’étranger, notamment en Inde. Et si le patient a les moyens, il peut se faire soigner dans d’autres pays.

Quelles sont les principales causes des maladies cardiovasculaires ?
Les Mauriciens ont des risques génétiques. Nous avons une population de 1,3 million de personnes. Si une personne se marie avec quelqu’un qui a une hérédité de troubles cardiaques, il y a de gros risques que ses enfants présentent des maladies cardiaques par la suite. Et cela peut facilement se multiplier. Ce sont des risques non modifiables. Ensuite, il y a les facteurs de risques comme le diabète, le cholestérol élevé, l’hypertension artérielle, la cigarette, l’alcool et la malbouffe. C’est dommage que depuis plus de 30 ans, il y ait des campagnes de sensibilisation sur la nourriture saine à consommer mais que les résultats ne suivent pas. Une baisse du taux de diabète a été cependant enregistrée. Je note que de plus en plus de personnes s’adonnent à des exercices physiques et il faut encourager davantage de Mauriciens à les pratiquer.

Parmi les nouvelles techniques de dépistage, il y a la cardisiographie. Qu’en pensez-vous ?
J’ai appris que cette technique est pratiquée dans une clinique mais j’ai des réserves. Car, à ce stade, elle n’est pas encore approuvée par une société reconnue ou par une société savante et encore moins par l’OMS. C’est une technique qui se situe dans le cadre de l’intelligence artificielle. J’ai des doutes quant à sa fiabilité et je ne donnerai pas mon feu vert tant qu’elle n’est pas reconnue par une société savante. Il faut être vigilant. Il faut davantage d’études sur ce moyen de dépistage. Il existe d’autres moyens plus efficaces et fiables pour diagnostiquer des maladies cardiovasculaires.