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Compensation rejetée en Cour suprême: les parents des jumelles décédées ont le cœur à vif

1 octobre 2022, 22:00

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Compensation rejetée en Cour suprême: les parents des jumelles décédées ont le cœur à vif

Il y a neuf ans, la tragédie frappait de plein fouet Yvelaine et David Donald. Leurs jumelles Kayla et Kiara, huit ans, périssaient asphyxiées dans l’incendie qui s’était déclaré dans leur chambre à Chebel après l’explosion d’un ventilateur en surchauffe. Depuis, un ressort s’est brisé en eux. Voulant obtenir justice, ils ont traîné le revendeur de l’appareil en Cour suprême. Or, cette semaine, et contre toute attente, ils ont été déboutés. Pour eux, c’est comme si que l’on remuait à nouveau le couteau dans cette plaie béante, qui refuse de se refermer. Ils évoquent leurs états d’âme dans leur maison de Grand-Baie.

Si le terme «orphelin» désigne l’enfant qui n’a plus de parents, le lexique est muet par rapport aux parents qui perdent leur enfant. Aucun parent ne peut l’envisager. C’est ce qu’ont pourtant vécu Yvelaine et David Donald après que leurs jumelles leur ont été tragiquement arrachées. Depuis, leur monde s’est écroulé. Bien que parents d’une autre petite fille de huit ans aujourd’hui, ils ont encore le cœur à vif. Ils se comparent à des morts-vivants qui vénèrent toujours les absentes. D’ailleurs, des photographies de leurs jumelles disparues tapissent les murs de leur maison. C’est la seule façon pour eux de combler le vide qu’elles ont laissé.

Si elles avaient survécu, Kayla et Kiara auraient eu 17 ans en juin. Yvelaine et David Donald pensent toujours à ce jour fatidique du 12 novembre 2013, qui au départ, était un jour comme un autre pour eux. «Je suis rentrée du travail et j’ai préparé le dîner. Mon époux et moi avons passé un peu de temps avec les filles et celles-ci ont été dormir vers 22 heures. Pour ma part, je suis allée au lit une demi-heure plus tard alors que David regardait toujours la télé dans le salon où il s'est endormi», relate Yvelaine Donald, toujours hantée par ces souvenirs.

Vers minuit, poursuit-elle, elle a été réveillée par une odeur âcre de fumée, qui s’était répandue dans la maison. C’est en allant vers la chambre des jumelles qu’elle a remarqué que celle-ci était en proie aux flammes. Elle a hurlé et appelé son mari à l’aide. «David, David, monn perdi mo zanfan». Yvelaine Donald a répété ces mots à maintes reprises.

Entretemps, David Donald s’était rendu à la cuisine pour chercher de l’eau et tenter de maîtriser le feu. En arrivant devant la chambre de ses filles, vu l’intensité des flammes, il a réalisé qu’il était peut-être déjà trop tard. «Monn rod teigne difé-là avek delo. Mé linn vinn pli gran. Mo pa finn kapav fer nanyen», poursuit ce papa accablé. Pendant ce temps, Yvelaine Donald est sortie de la maison pour alerter les voisins aux cris de «Difé ! Difé», en attendant l’arrivée des pompiers. Ces derniers n’ont rien pu faire.

Malgré les neuf années qui se sont écoulées, Yvelaine David a la gorge nouée en évoquant ce douloureux souvenir. «Zot inn rest dormi mem. Zame nou ti pou pense ki sa zour-là ti dernye fwa nou truv zot, ki nou fer zot dernye kalin, dernye bizou», murmure-t-elle.

Obtenir justice

S’ils ont poursuivi le revendeur du ventilateur, c’est pour obtenir réparation et justice, même s’ils savent que cela ne leur rendra jamais leurs fillettes. Cette semaine, le couple a été débouté. «Ce n’était pas une question d’argent mais nous croyons en la justice. S’il y a un coupable, il doit payer», disent-ils. La souffrance de cette séparation définitive avec leurs fillettes est encore présente et la colère aussi. «Il n’y a pas un jour qui passe sans que nous ne pensions à elles. Nous sommes brisés. C’est triste de voir qu’après cette tragédie et même aujourd’hui, il y toujours des personnes qui se permettent de faire des commentaires cruels, voire inhumains, en disant, par exemple, que nous n’étions pas à la maison ce jour-là, que les filles ont pleuré toute une journée car David et moi nous nous disputions. C’est franchement méchant», estime Yvelaine Donald.

Elle dit avoir heureusement pu compter sur le soutien de David et lui a pu se reposer sur elle. «Nous avons toujours travaillé et tout fait pour nos jumelles. Aujourd’hui, nous sommes parents d’une autre fillette et nous faisons de notre mieux pour que ce drame n’ait pas d’impact sur sa vie. Elle n’est pas une enfant de substitution», insiste Yvelaine Donald.

Neuf ans après, Yvelaine et David Donald se demandent encore pourquoi le destin a été si impitoyable envers eux. Au chagrin se sont ajoutés la colère, l’incompréhension et un sentiment d’injustice. «Pourquoi elles ?» Les Donald ont une pensée spéciale pour leurs proches, leurs parents et amis qui leur ont apporté du réconfort pendant toutes ces années. Ils se disent reconnaissants pour la solidarité exprimée vis-à-vis d’eux. «Les parents pensent toujours que leurs enfants les enterreront un jour. C’est insoutenable pour un parent d’avoir à mettre son enfant en terre…»