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Saisie de drogue: 42 kg d’emballage ou le tam-tam de trop ?
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Saisie de drogue: 42 kg d’emballage ou le tam-tam de trop ?
Le pays s’est réveillé au son de la police qui s’auto congratulait lundi. Raison: la Special Striking Team (SST) d’Ashik Jagai avait effectué une saisie record de 100 kg de cannabis. Un record. L’événement était si important que le commissaire de police s’est même fendu d’un point de presse. Mais 24 heures après, revirement de situation ; finalement, il n’y avait que 58 kg de drogue. Qu’est-ce qui explique cette différence ?
Lors de la conférence de presse du commissaire de police d’Ashik Jagai et du responsable de la brigade antidrogue, Choolun Bhojoo, c’était la jubilation. «Sak kou ena gro sezi, dimounn dir nou’nn fer mazik. Vremem nou’nn fer mazik pou nou kav fer sa sezi la», déclarait Anil Kumar Dip. Est-ce la même magie qui est à l’origine de la différence de 42 kilos ? La première explication parvenue des rangs de la police a été donnée par le commissaire lui-même. «Le gross weight du packaging et de la drogue avait été calculé.» Toujours selon des sources policières, le cannabis saisi était enveloppé dans du plastique, de la cellophane et du papier, le tout maintenu en place avec du scotch; ce qui aurait induit les policiers en erreur.
Mais le compte n’y est toujours pas. 42 kg d’emballage pour 58 kg de cannabis, même aux Casernes, font froncer les sourcils. Leur explication est tout autre. «Zot inn anvi fer enn tam-tam ek sa», ironisent-ils. Un haut gradé d’une autre unité revient sur la procédure normale avant d’annoncer le poids d’une grosse saisie au public. Tout d’abord, la drogue emballée est pesée. Puis, le paquet est ouvert, la drogue est à nouveau placée sur la balance. Ce n’est qu’ensuite que l’annonce est faite.
Cependant, cette fois-ci, les procédures auraient été quelque peu contournées. «Ils ont voulu entendre le bruit des applaudissements avant de tout compléter. Il y avait un exercice de communication à faire pour redorer le blason de la SST car depuis l’arrestation d’Akil Bissessur, cette unité est couverte de critiques», avance une source policière. Mais 24 heures après, c’était l’effet inverse. «Sa zafer la inn fer boufonn lapolis enkor plis ek fer nou gagnn onte.»
L’autre question qui plane sur les Casernes est la vitesse à laquelle cette opération de la SST a été montée. Les interrogations foisonnent sur les sources de l’unité car il est difficile d’obtenir des détails précis aussi vite. «Trois semaines pour préparer une telle opération, c’est très peu de temps», avance sans détour un policier comptant plusieurs années de service. Il explique que depuis deux ans, plusieurs opérations qui ont nécessité des mois de préparation délicate sont tombés à l’eau à la dernière minute car les trafiquants ont eu vent de l’exercice. «Là, on veut nous faire croire que ces personnes ont été arrêtées par magie, la main dans le sac ?», demande-t-il, dubitatif.
Toutefois, d’autres maintiennent que les éléments choisis pour mettre en place la SST sont des officiers aguerris dans la lutte contre la drogue. «Ils ont de l’expérience sur le terrain, ils ont des contacts. Si certains sont jaloux, ils n’ont qu’à travailler de la même manière.» Mais cela ne suffit pas à faire taire les questions. «Pourquoi à chaque fois, il n’y a que des revendeurs et jockeys qui sont arrêtés ? Nous n’entendons jamais rien sur les vrais commanditaires», font ressortir des policiers. «Et puis, pourquoi brillent-ils maintenant, mais n’avaient pas le même lustre dans d’autres unités ?». Autant de questions qui restent sans réponse.
L’autre emballage de la discorde
<p>Navind Kistnah avait été arrêté en mars 2017 après la saisie de 135 kg d’héroïne valant Rs 2 milliards. Mais ensuite, le poids avait été revu à la baisse. Finalement, il n’y avait que 99 kg. Un<em> Fact Finding Committee</em> avait été mis sur pied pour y voir plus clair. Le 22 février 2019, le rapport tombe. La différence de poids a été imputée à l’utilisation d’une balance de poche lors du premier exercice ; et sa précision dépend de son calibrage. Il n’y avait donc pas eu de disparition de drogue. Le comité avait aussi recommandé une série de mesures pour éviter de telles situations. Plus rien n’a été entendu depuis sur ces recommandations, qui ont refait surface lorsqu’il a été suggéré que 58 kg de cannabis ont nécessité 42 kg d’emballage.</p>
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