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Stephan Rezannah: «Les retombées ont été immédiates»
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Stephan Rezannah: «Les retombées ont été immédiates»
Après la quatrième édition de Mauritius Music Expo (MOMIX), qui s’est tenue du 30 septembre au 2 octobre, Stephan Rezannah, fondateur de ce marché de musique, nous fait un bilan de l’événement.
Deux semaines après la tenue de cette 4e édition de MOMIX, que retenez-vous de cet événement ?
MOMIX est devenu un rendezvous vital pour notre marché et nos artistes. Avec des échanges de qualité et des prestations musicales uniques. MOMIX a plus que jamais sa raison d’être sur un territoire où on n’a pas encore accordé toute sa reconnaissance aux artistes et à la culture. Sans compter une équipe résiliente et motivée. Il faut aussi souligner un soutien du public qui est aussi un facteur important. Cela nous encourage à avancer.
Après la tenue de la quatrième édition, pouvez-vous dire que MOMIX est bien ancré désormais ?
Oui et non. Oui sur le plan international. Car nous avons pu réunir, une fois de plus, des acteurs, des responsables ou des représentants de grandes agences, aussi bien d’organisations publiques et privées de l’industrie. C’est rassurant. MOMIX est une référence et l’industrie culturelle mauricienne intéresse le monde. Et je dirais non, car le marché n’est pas encore solidement ancré à Maurice parce qu’il nous faut encore convaincre toutes les parties prenantes de la pertinence de notre mission. Il y a encore du travail pour que les secteurs public et privé comprennent que l’industrie culturelle doit être soutenue, qu’il y a de la richesse économique, de la création d’emplois dans cette industrie. Cela envoie un signal inquiétant sur le type de société dans lequel nous allons évoluer.
L’un des points centraux de l’événement a été l’exportation de la musique. Quels sont les retombées pour Jorez Box, votre label ?
Les retombées ont été immédiates, plusieurs de nos artistes ont été invités à se produire à l’étranger. À titre d’exemple : Emlyn au Rajasthan, en Inde, Double T au Moshito en Inde, CPU à La Réunion pour le Festival Blues Maron, El Tabla au Culturas360, Wendada en tournée en 2023… Et il y a d’autres propositions pour les artistes locaux qui sont en cours de finalisation. L’exportation de nos artistes est une réalité avec des demandes concrètes, sauf que sans soutien au niveau de la mobilité des artistes, bon nombre de tournées ne prennent pas forme. Il y a encore un travail à faire dans ce sens. D’où l’importance de notre conférence sur le Soft Power.
Quid des autres artistes locaux qui ne font pas partie de Jorez Box ?
La mission de MOMIX ne s’adresse pas juste aux artistes qui sont dans notre label. Nous voulons promouvoir l’industrie musicale, la création musicale dans son ensemble et en particulier des artistes qui font le choix de se structurer, de se professionnaliser pour justement avoir accès à des marchés professionnels. Un artiste de MOMIX qui va réussir à l’étranger va brand la création musicale mauricienne dans son ensemble.
Organiser ce marché de musique cette année, juste après la pandémie, a été un défi financier, d’autant que vous n’avez pas eu le soutien du gouvernement mauricien, ni celui, comme chaque année, du marché des musiques de l’océan indien (IOMMA) de La Réunion. Comment comptez-vous à l’avenir financer ce marché ?
Pour financer MOMIX, on va continuer à solliciter les secteurs privés et public ainsi que des institutions internationales. On ne va pas cesser de faire appel à eux. MOMIX est un projet à but non lucratif et le restera. On croit dans ce projet et on veut lui donner les moyens d’exister pour aider à la professionnalisation de la scène musicale de Maurice.
Pensez-vous que le gouvernement mauricien comprenne le rôle et l’importance de la tenue de ce marché ?
C’est un dialogue qu’il nous faut maintenir. Nous voyons le gouvernement comme un rouage essentiel de la croissance de MOMIX et de ce marché. Nous restons dans une démarche d’ouverture et de dialogue. Il y a aussi la notion de responsabilité. L’artiste crée de la richesse économique et il faut un soutien de l’État.
L’autre point important a été la conservation musicale. Qu’estce qui est retombé des différentes discussions et qu’est-ce qui sera mis concrètement en place dans ce sens ?
On a eu de beaux échanges autour de cette thématique. Des avenues de collaboration avec La Réunion, Rodrigues et les Seychelles sont en cours. L’importance de conserver et de valoriser le patrimoine musical est un aspect primordial pour les îles. Et collaborer sur ce sujet est vital pour notre richesse culturelle.
Avez-vous déjà commencé à vous pencher sur la cinquième édition ? Comptez-vous vous tourner vers d’autres pays ?
Oui, on a déjà commencé à dessiner les contours de MOMIX 2023. On s’y met plus tôt que les éditions précédentes. On compte renforcer nos liens avec les autres pays avant tout. Puis, si les moyens sont disponibles, on ira vers d’autres territoires de la région, avant de nous focaliser sur d’autres parties du monde. Mais le plus important est de solidifier nos bases avant de voir plus grand. On veut toucher les pays de la région océan Indien dans un premier temps. Et par la suite voir plus loin.
En images
Les trois jours de MOMIX ont été rythmés de conférences, d’ateliers et en soirée de showcases d’artistes ici et d’ailleurs. Voici un retour en images de moments importants de ce marché.
Cette quatrième édition et ses accords
La tenue de MOMIX a été l’occasion d’accords entre diverses institutions. Ainsi, comme nous le confie Stephan Rezannah, les portes commencent à s’ouvrir vers des opportunités intéressantes pour la scène musicale de Maurice. La quatrième édition de MOMIX a ainsi débouché sur des accords de partenariats avec des institutions de la région océan Indien et même plus loin. Mais comme le fait ressortir Stephan Rezannah, pour rendre ces collaborations concrètes et solides, il faut des actions franches et des initiatives collectives dans l’intérêt de l’industrie culturelle de Maurice.
Ainsi, en vue de renforcer les ateliers de formations pour les acteurs dans le domaine de la musique, la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SACEM) et le Pôle régional des musiques actuelles (PRMA) à La Réunion vont soutenir les actions de MOMIX en 2023 pour la mise en place d’ateliers avant et pendant le marché. Avec le Moshito, marché de musique d’Afrique du Sud, Stephan Rezannah souligne qu’il travaille sur des tournés d’artistes mauriciens sur le territoire sud-africain et aussi dans l’autre sens.
Le fondateur de MOMIX fait également ressortir que les accords avec l’Inde se renforcent, avec notamment trois nouveaux partenaires avec l’IndiEarth Xchange. Rappelons que grâce aux accords déjà existants entre MOMIX et l’Inde, plusieurs tournées d’artistes mauriciens dans la Grande péninsule se sont tenues les années précédentes. Ce n’est pas tout, car des accords sont en voie de finalisation avec le Mozambique, les Seychelles, les Comores et la Tanzanie, entre autres. Stephan Rezannah souligne que ces nouveaux partenaires seront présents en 2023 pour la cinquième édition du MOMIX.
MOMIX Kids, qui n’a pu se faire cette année, en raison d’un manque de financement, sera une réalité en 2023. Des pourparlers avec des partenaires potentiels pour faire de ce projet une continuité ont déjà commencé. L’annulation de la troisième édition de MOMIX Kids a été un coup bas pour l’équipe. Toutefois, cette dernière se réjouit qu’elle puisse mettre en marche cette activité l’année prochaine.
Quand nous serons unis…
Le quatrième chapitre de MOMIX a ouvert les portes à des discussions franches et à des échanges d’idées et de projets tout en laissant place à des retours prometteurs et encourageants pour la scène musicale locale. Dans ce dynamisme positif, il devient impératif d’unir les forces et les institutions pour créer une réelle synergie dans ce secteur. Il est temps de poser des bases solides, de faire tomber les murs de préjugés et de complexes afin d’établir une nouvelle voie de coopération. Faire table rase de nos différends et s’accorder sur des points et objectifs communs pour semer de l’espoir dans le paysage sonore d’ici. Comme l’a chanté Tiken Jah Fakoly sur nos terres le vendredi 14 octobre : «On sera respecté (…) On pourra dialoguer (…) On pourra s’imposer (…) Ça va les étonner (…) De nous voir évoluer.» Si on unit nos forces… l’industrie culturelle pourra rayonner et surprendre le monde. On a les moyens de le faire si on s’accorde sur la même note, secteur privé et public. «Quand nous serons unis, ça va faire mal.»
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