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Victoria Urban Terminal: ce projet a-t-il été mal planifié ?
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Victoria Urban Terminal: ce projet a-t-il été mal planifié ?
Lors du lancement du Victoria Urban Terminal (VUT) en juillet, le Premier ministre avait salué le partenariat publicprivé dans la réalisation de «ce complexe multimodal», qui remodèlera le paysage de la capitale. La transformation des villes, se trouvant sur le tracé du Metro Express, a également été abordée par Pravind Jugnauth lors du lancement du service commercial de la Phase 2C du Metro Express, entre Curepipe et Phoenix, le 10 octobre. «Le visage de nos villes change drastiquement. Autour des stations, il y aura d’autres développements, à commencer par les stations centrales avec les Urban Terminals, dont un à Curepipe.» Si les villes des Plaines-Wilhems ont toutes lancé des appels d’offres pour développer des terminaux urbains, celui de Vacoas a été confié au joint-venture Laxmanbhai/Manser Saxon, au coût avoisinant les Rs 4 milliards.
Si, d’un côté, les villes qui longent le tracé du tram vont se moderniser avec la construction des terminaux, à Port-Louis le VUT semble être délaissé par le public voyageur. Par exemple, on constate que les voyageurs du Metro Express sont nombreux à utiliser la passerelle pour uniquement rejoindre le centreville. De plus, c’est une grande désillusion pour les commerçants qui ne reçoivent guère de visiteurs. Certains marchands ambulants, eux, ont abandonné leurs étals car les affaires ne vont pas fort depuis leur installation.
Osman Mahomed, qui suit le dossier de près, ne cache pas son inquiétude. Interrogé, il rappelle avoir déjà demandé au ministre des Collectivités locales, Anwar Husnoo, le 26 juillet, à travers une question parlementaire, que le gouvernement accorde un moratoire de six mois aux marchands relogés au VUT, afin qu’ils puissent s’acquitter du loyer mensuel de Rs 4 000. D’autre part, le député du Parti travailliste avait fait une requête pour que des facilités financières soient mises à leur disposition à travers la Development Bank of Mauritius. Il estime que les autorités doivent faire des efforts pour que les Mauriciens, ainsi que les touristes, convergent vers le terminal.
Selon lui, pour rendre le VUT plus vivant, il faudrait notamment que la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA) mette en œuvre des stratégies pour attirer les touristes. Il ajoute, de même, que ce n’est pas uniquement le gagne-pain de 1 000 marchands ambulants qui est à risque, mais également celui des 75 chauffeurs de taxi à proximité.
Pour Osman Mahomed, qui est un ingénieur civil, le VUT est le résultat d’une mauvaise planification. «La conception a été mal faite. Je cite, comme exemple, les terminaux dans d’autres pays, comme la France et la Malaisie, que j’ai visités au cours de mes précédents voyages. À Pudu, à Kuala Lumpur, le bus entre en gare au sous-sol, et les passagers empruntent un escalier roulant pour rejoindre le rez-dechaussée. Ils sont obligés de passer devant les magasins. Ici, certains bus sont au rez-de-chaussée alors que d’autres sont garés, notamment à la rue Orléans. Même les chauffeurs de taxi doivent attendre les passagers ailleurs car il n’y a pas de place. Ce n’est pas tout le monde qui voyage en métro. Il n’y a pas une masse de passagers qui transite vers le terminal.»
Selon lui, cette problématique devrait être abordée concernant les autres Urban Terminals en développement. D’où sa question parlementaire du jeudi 27 octobre, adressée à Bobby Hurreeram, ministre des Infrastructures nationales et du développement communautaire. Osman Mahomed demande s’il est envisagé, dans le cas des futurs terminaux urbains, d’intégrer entièrement le terminal d’autobus dans le même bâtiment, soit en sous-sol soit ailleurs, afin d’éviter la même situation qu’au terminal de Victoria. En effet, les passagers des autobus embarquent et descendent à plusieurs endroits du centre-ville, ce qui entraîne des embouteillages, et également moins de visiteurs au VUT.
Retour sur investissement
L’économiste Azad Jeetun fait, lui, ressortir qu’il y a beaucoup d’activités commerciales dans d’autres pays où il y a des gares. «Cela attire pas mal de gens. C’est l’occasion pour faire des achats rapidement.» Cependant, il confie que c’est normal que les activités prennent beaucoup de temps à se développer. «On ne va pas tout de suite faire de profits. Cela peut prendre deux à trois ans. Il faut avoir une masse de voyageurs. Avec la ligne Curepipe–PortLouis, on note qu’il y a une forte affluence de voyageurs qui transite vers le terminal.»
Quid du consortium qui regroupe cinq sociétés et qui a investi dans ce projet de Rs 1,9 milliard ? N’attend-il pas un retour sur son investissement ? L’un d’eux affiche son optimisme face à ce projet car il estime, qu’avec le VUT, l’espace a été démocratisé. «On se met aux normes d’un pays développé.» Cependant, il estime qu’il faut insuffler un peu de vie au VUT et créer une ambiance. C’est d’ailleurs ce qu’a voulu faire celui de Victoria, avec une semaine d’activités, du 19 au 31 octobre, dans le cadre de Divali : application de mehendi, pièce de théâtre Victory of Light, remises dans les magasins...
De plus, affirme Azad Jeetun, le terminal n’est pas complété à 100 %. «Il faut que tout soit complété. Là, on pourra faire un constat. Les Urbans Terminals sont des centres névralgiques. C’est une belle opportunité. Ce projet a pris beaucoup de temps. Il y a eu tellement de réflexions autour du VUT. Il faut saluer le travail du secteur public et celui du privé».
Du côté de la direction du VUT, on abonde dans le même sens. «Le VUT a redéfini le paysage urbain de Port-Louis en se positionnant comme un guichet unique pour tous les Mauriciens. Depuis sa création, cet espace a permis la création d’emplois, avec plus de 68 magasins opérant au terminal, dont un supermarché et un marché pour les ex-hawkers». Selon la direction, il y a eu une «augmentation progressive du nombre de passagers du métro et des bus qui transitent par le VUT, pour profiter des diverses commodités et offres proposées.» Elle rajoute : «Nous sommes convaincus qu’avec le métro qui dessert désormais Curepipe, le nombre de visiteurs continuera d’augmenter, surtout avec l’ajout de nouvelles enseignes dans notre food-court.»
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