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Maltraitance alléguée dans un abri: le sort si bouleversant de Sisi, 3 mois
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Maltraitance alléguée dans un abri: le sort si bouleversant de Sisi, 3 mois
Une enfant née prématurément et souffrant de problèmes cardiaques aurait-elle dû être placée dans un shelter ? La question se pose, notamment celle d’une prise en charge rapide et efficace en cas d’abandon d’un enfant malade à la naissance afin de privilégier les chances de survie.
Depuis vendredi dernier, le sort s’acharne sur Sisi, un nourrisson d’à peine trois mois, placé au shelter l’Oiseau du Paradis à Cap Malheureux. Sisi, qui voit le jour le 27 juillet dernier à l’hôpital du Nord (SSRN), est abandonnée par sa mère alcoolique quelques jours après. Née prématurément, suite à une gestation difficile de la mère, l’enfant a eu des troubles de santé dès le premier jour. Face à la situation compliquée, la Child Development Unit (CDU) l’a placée dans un shelter le 9 septembre. Depuis, le nourrisson n’a connu que des moments difficiles, des personnes proches du dossier concédant qu’elle aurait dû recevoir des soins médicaux spécialisés dès sa naissance,et «qu’il y a eu un mauvais départ».
Une enfant prématurée, née avec des problèmes cardiaques, devait-elle se trouver dans un shelter ? L’affaire du bébé Sisi rappelle le triste sort des enfants en bas âge placés et oubliés dans des abris. Que deviendra-t-il de ces enfants, qui, non reconnus, dès leur naissance, ont été abandonnés par leurs parents ? Le problème de l’abandon est relativement connu ; la loi exige que les institutions prennent en main le destin de ces enfants retrouvés. Dès qu’un enfant est placé dans un shelter, même les proches n’ont aucun contact avec lui ni d’informations à son sujet.
Aucun effet personnel
Aujourd’hui, la petite Sisi est, elle, aux soins intensifs dans un état jugé critique. La femme, qui a mis cet enfant au monde, n’est peut-être même pas au courant de ce qui se passe.
Le bébé, né prématurément à 7 mois, fin juillet, souffre, selon des personnes proches du dossier, de problèmes de santé et d’autres troubles et ce depuis sa naissance. «Vu qu’elle n’était pas née à terme, elle avait été placée en incubateur pendant un certain temps, et c’est là que les responsables de l’établissement hospitalier avaient informé la CDU que l’enfant avait été abandonné par sa mère alcoolique dès sa naissance», indique-t-on. Après avoir passé 44 jours à l’hôpital, le temps que les démarches pour sa prise en charge par les autorités soient complétées, le bébé a rejoint le shelter l’Oiseau du Paradis le 9 septembre. «Comment espérer que bébé Sisi puisse avoir un meilleur sort quand elle n’a pas reçu les soins nécessaires dès le départ ?» Quand sa mère l’a abandonnée, «elle n’avait rien, aucun effet personnel, même pas des vêtements», souligne-t-on. En effet, elle avait été placée avec les quelque 18 autres nourrissons, sans aucune attention particulière.
«Le massacre des innocents.»
Trop petite pour s’exprimer ou demander de l’aide, le destin de bébé Sisi est désormais entre les mains des «carers» du shelter. Cette affaire est scandaleuse, souligne un membre du personnel de l’hôpital du Nord, qui parle de massacre des innocents. «zanfan la ti ena so parent, banla ti pou insiste pou ki li gayn tretman ek dokter okip li kouma bizin. Il y aurait eu une déposition à la police. Mais parce que c’est une enfant abandonnée, on n’a rien fait. On s’est occupée d’elle comme si elle était un enfant normal et ensuite, on l’a envoyée à l’abri. C’est un bébé né d’une mère alcoolique, elle a besoin d’un suivi médical spécial», souligne notre interlocuteur. Le bébé souffrait de diarrhée depuis le 19 octobre. Dans la soirée du vendredi 21, elle a été alimentée au lait avant d’être placée dans son berceau. L’employé présent s’est rendu compte, le lendemain matin, qu’elle était complètement affaiblie, respirant difficilement. Elle a été admise à l’unité des soins intensifs de l’hôpital SSRN de Pamplemousses le samedi 22 octobre. Affaiblie et ayant des difficultés respiratoires, elle est sous respirateur artificiel et son état était toujours jugé inquiétant.
Si les autorités sont bien conscientes de la gravité de cette situation, et que le ministère l’Égalité des genres et du bien-être de la famille a même institué un Fact Finding Committee (FFC) pour situer les responsabilités, la réalité est que le drame s’est joué dès les premières semaines de la vie du bébé. Il aurait fallu mieux prendre soin de l’enfant dès le départ. Tout était déjà bien compromis par les circonstances de l’abandon. Dans un univers bien éloigné des joies de l’enfance, les autres nourrissons qui seront admis dans un abri, bénéficieront-ils d’un meilleur sort ? Une réforme de la prise en charge devient de plus en plus impérative.
Maltraitance infantile: dans les shelters. Un Fact Fiinding Committee en 2015
<p>La maltraitance infligée aux enfants placés dans des shelters n’est pas une nouveauté. Des organisations non gouvernementales (ONG), les travailleurs sociaux et les institutions ont constamment attiré l’attention sur le besoin d’une véritable réforme dans la prise en charge des enfants des shelters. Cependant, malgré le nombre des cas, rien de concret n’a été fait.</p>
<p>Pourtant, il existe deux lois qui régissent le fonctionnement des shelters, soit lesResidential Care Institutions for the Protection and Welfare ofChildren 2022et les Child (Foster Care) Regulations 2002. Le Fact-Finding Committee (FFC) institué en 2015, pour faire la lumière sur la maltraitance des enfants dans les abris, a établi certains faits graves. Parmi eux, le cas de ces trois mineures qui ont fugué d’un shelter en 2013 car elles étaient battues. Trois autres cas d’agression similaires ont été rapportés en deux jours après cet incident. En mars 2014, un Shelter Manageravait été arrêté sous une accusation de <em>«causing child to be sexually abused»</em>. Le 18 octobre 2015, un mineur a tenté de se suicider après avoir été maltraité par un membre du personnel d’un shelter. Les recommandations de la FFC de 2015 devaient être considérées dans le Children’s Act. Ces recommandations concernaient, entre autres, la durée d’un ordre de placement émis par un magistrat lorsqu’un enfant est enlevé de sa famille, et le droit à la parole de celui-ci. Le FFC recommandait que la durée de placement ne dépasse pas deux ans, qu’une révision ait lieu tous les six mois, et que l’enfant puisse être entendu. Il recommandait également que les parents puissent avoir un droit d’appel au-delà du délai imparti. L’adoption était aussi préconisée, en accord avec la Convention des droits de l’enfant. Une telle démarche aidera, peut-être, à diminuer le nombre d’enfants des shelters, le cas échéant, à les éliminer définitivement pour en créer d’autres qui soient plus <em>«family size».</em></p>
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