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L’État privilégie un partenariat public-privé pour une meilleure gestion des déchets ménagers

7 novembre 2022, 21:00

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L’État privilégie un partenariat public-privé pour une meilleure gestion des déchets ménagers

La COP27 (Conference of Parties) a débuté et de multiples défis environnementaux seront discutés lors de cette session 2022. À Maurice, l’un des défis auquel nous faisons face est la gestion des déchets ménagers. Alors que le centre d’enfouissement de Mare-Chicose est sous pression face au flux de déchets qui y convergent tous les jours des centres de transfert locaux, l’État souhaite promouvoir la réduction d’un tel volume. Le ministère de l’Environnement a publié, il y a quelques jours, un appel à manifestation d’intérêt (AMI) pour un partenariat public-privé (PPP).

Invitant le privé à faire partie d’une Special Purpose Company pour la gestion de nouvelles filières de tri, de recyclage et de revalorisation des déchets ménagers, le ministère de l’Environnement lance cet AMI qui énonce sa nouvelle feuille de route. Ceux intéressés par la conception, le financement, la construction, et la gestion d’usines de tri et de transformation de déchets devront se manifester avant la fermeture de l’exercice, le 10 janvier 2023 à 13 h 30.

Un des points forts des 187 pages du document concerne la structure qui sera mise en place : une Regional Integrated Waste Processing Facility (IWPF), qui scindera le pays en deux zones, afin de mieux sourcer les déchets des foyers mauriciens. Ainsi, la Region A englobera les districts de Port-Louis, Pamplemousses, Rivière-du-Rempart, Flacq et Moka, alors que la Region B comprendra les districts de Grand-Port, Savanne, Plaine- Wilhems et Rivière-Noire. Le modèle Build Own-Operate (BOO) sera privilégié pour le pilotage du projet. Concernant la collecte, la ségrégation des déchets sera faite à la source, suivant le processus d’économie circulaire.

L’État privilégie un AMI international, espérant que les partenaires et les consortiums se manifesteront. Le soumissionnaire choisi aura un accord de concession pour gérer les sites et/ou les régions mentionnées. Chaque soumissionnaire, qui sera choisi dans les Regional IWPF, devra incorporer un Special Purpose Company, qui sera le concessionnaire à Maurice, et devra signer un accord sur 27 ans, incluant les 18 mois de construction du nouveau centre de tri de déchets.

Chaque Regional IWPF devra construire une usine de tri de déchets, une unité de compostage et une unité combustible solide de recyclage. La capacité annuelle de chaque centre de tri et de transformation devra être de 75 000 tonnes, ne dépassant pas 100 000 tonnes par an. Les concessionnaires choisis devront identifier un terrain d’au moins six hectares, capable de recueillir jusqu’à 80 000 tonnes de déchets par an.

Afin de faciliter ce tri, tous les foyers devront disposer de trois poubelles pour mieux ségréguer les déchets. Ces trois poubelles seront : (i) les déchets humides et organiques, incluant les déchets de cuisine, la nourriture et les déchets verts (comme les branches et l’herbe coupée) ; (ii) les déchets secs, soit le papier, le carton, le plastique et les objets métalliques, et (iii) les déchets divers, comme les tissus, le verre et les autres déchets non catégorisés.

Au niveau des paiements, le ministère de l’Environnement procédera selon la quantité de déchets nette traitée durant un mois. Ce Net Waste sera calculé par tonnes de déchets reçus et la quantité de déchets envoyée à Mare-Chicose, après revalorisation. Les résidus de déchets qui pourront être traités seront transportés, par l’usine de tri, au centre d’enfouissement ou dans une station de transfert de déchets.

Actuellement, la société civile, à travers les initiatives citoyennes, s’occupe aussi de la collecte de déchets. Par exemple, des organisations non gouvernementales font la collecte auprès du public pour ensuite déposer les déchets, déjà triés. Des Civic Amenity Centers ont été mis en place dans des dépotoirs régionaux. Ces centres collectent les pneus usagés, le carton, le papier, le plastique, de la vieille ferraille, le bois, les déchets électroniques et l’huile usagée. Des recycleurs acceptent de reprendre ces déchets pour une valorisation ou pour les exporter. Le ministère de l’Environnement introduira ainsi la Producer Responsibility Organisation pour que les producteurs puissent, euxmêmes, récupérer, par exemple, des canettes déjà utilisées et des bouteilles en plastique. D’autres exemples des responsabilités des producteurs seront mis en avant.

À ce jour, le centre d’enfouissement de Mare-Chicose a reçu environ dix millions de tonnes de déchets, qui, selon une étude de l’Université de Maurice, sont composés de 16,3 % des déchets alimentaires, 32,2 % de déchets verts des jardins, 17 % de papier, 6 % de tissu, 14,5 % de plastique, 3,6% de métaux, 4,7 % de verre, et 5,7 % de déchets divers. L’étude souligne aussi que des 14,5 % de déchets plastiques, 7 % sont du low-density polyethylene, utilisé dans l’emballage ; 3,7 % du polytéréphtalate d’éthylène, utilisé pour les bouteilles en plastique ; 3 % pour le high-density polyethylene, qui est utilisé pour les bouteilles de détergents, les gels douche et les sauces alimentaires, et 0,8 % de polystyrène expansé, utilisé pour les emballages. Alors que la population mauricienne produit 1 400 tonnes de déchets par jour, soit environ 500 000 tonnes par an, espérons que ce projet ambitieux ne soit pas mis à la poubelle