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COP27 en Égypte: moins de fumée, plus de concret !

10 novembre 2022, 22:00

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COP27 en Égypte: moins de fumée, plus de concret !

Depuis dimanche, les yeux sont rivés sur Charm el-Cheikh, en Égypte. Une COP en Afrique où la voix des plus vulnérables peut être entendue. Mais depuis la première édition en 1995, le processus reste lent et presque inefficace. Beaucoup de discussions, d’idées partagées mais peu de solutions à court terme, même si les experts mauriciens veulent y croire…

C’est un rendez-vous annuel incontournable : la Conférence des parties (COP) pour discuter des changements climatiques. Le traité international, adopté au Sommet de la terre de Rio de Janeiro en 1992, reconnaît que le climat change et cela est dû aux activités de l’homme. Lors de cette rencontre, qui a réuni plus de 178 pays, la «Déclaration de Rio de Janeiro» a été ratifiée, confirmant la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre afin de minimiser l’impact humain sur le changement climatique. Toutefois, il a fallu attendre trois ans avant que les pays se réunissent à nouveau pour parler du changement climatique, à Berlin. Dès lors, tous parlent des mesures qui doivent être prises pour réduire l’effet de serre.

En 1997, la troisième édition se tient à Kyoto au Japon. Un protocole visant à encadrer les émissions de CO2 de plus d’une centaine de pays est alors abordé pour réduire, de 5,2 %, les émissions de gaz à effet de serre planétaires d’ici 2020. Pour que ce protocole puisse entrer en vigueur, il fallait qu’au moins 55 pays ratifient le traité. Chose faite en 2002. Il a donc fallu attendre cinq ans pour mettre en place ce protocole qui sera par la suite officiellement ratifié, en 2005. Toutefois, les deux plus grands émetteurs de gaz à effet de serre au monde, les États-Unis et la Chine, n’ont pas ratifié le protocole de Kyoto. Il a fallu attendre 2016 pour que ces deux grandes nations approuvent et signent cet accord, en marge du sommet du G20, la décision ayant toutefois été prise à l’issue de la COP21, tenue à Paris quelques mois plus tôt.

Ainsi, l’Accord de Paris est même qualifié de «moment historique», comme l’avance Fabrice David, ingénieur en environnement. «Il a été décidé qu’il fallait contenir le réchauffement climatique de 2°C. Les petits États insulaires comme Maurice ont même suggéré de le réduire à 1,5°C. C’est à ce moment que sont nés les Nationally Determined Contributions (NDC) (Contributions déterminées au niveau national), qui sont un mécanisme où tous les pays signataires de la Convention annoncent les objectifs qu’ils se donnent à l’échelle nationale.» Il précise que ces NDC doivent être revus tous les cinq ans. «Mais nous étions en pleine pandémie en 2020, et cela a été fait en 2021 lors de la COP26 à Glasgow.» Le constat est alors alarmant, car six ans après l’Accord de Paris, les efforts fournis par tous les pays signataires sont insuffisants.

Même la promesse de financement climatique n’a pas été respectée, promesse faite par les pays les plus développés, soit une contribution de 100 milliards de dollars par an, à partir de 2020, pour permettre aux pays en développement de faire face au changement climatique.«Cela a été la grosse déception de la COP26, et l’on espère que lors de cette rencontre en Égypte, cela sera rectifié.»Toutefois, notre interlocuteur souligne que Maurice émet 0,01 % de gaz à effet de serre. «L’île, en compagnie de 57 autres petits États insulaires en développement (PIED), ne représente qu’un pourcent de gaz à effet de serre. Mais ces petits pays seront les premiers pays frappés par les risques de catastrophes naturelles, accentuées par le dérèglement climatique. C’est presque une injustice climatique. Raison pour laquelle cette somme d’argent se doit d’être distribuée parmi ces pays. La grande question est de savoir comment partager ces fonds par rapport aux pays victimes climatiques.»

Fabrice David espère que cette question sera à nouveau soulevée et débattue lors de cette conférence en Égypte. «En tout cas, la COP n’est pas un mécanisme parfait, mais c’est le mécanisme le moins imparfait à l’échelle mondiale. C’est aussi la seule occasion où les 200 pays, tous signataires de la Convention du changement climatique des Nations unies, sont regroupés pour discuter du danger que représente le changement climatique pour l’humanité.» Pour lui, il faut réagir car l’heure est déjà grave.

Même ligne de pensée pour Joanna Bérenger, responsable du dossier de l’environnement au sein de l’équipe parlementaire du Mouvement militant mauricien. Elle est d’accord sur le fait que la COP26 n’a pas apporté les résultats attendus. «L’objectif de 1,5°C étant déjà dépassé, il devient clair qu’il y aura davantage de sécheresses, de pluies soudaines et dévastatrices, de feux de brousse, de canicules, plus de tempêtes, et qu’il faudra mieux s’y préparer.»

Maintenant, la balle se trouve dans le camp des pays les plus pollueurs. «Il reste essentiel pour nous, surtout en tant qu’État insulaire, d’y être représenté et de se battre pour mettre les États les plus pollueurs face à leurs responsabilités et pour les obliger à fournir les fonds nécessaires pour que les ‘victimes’ des conséquences du réchauffement climatique puissent s’adapter.» Mais elle précise aussi qu’il y va de la responsabilité du «gouvernement en place d’utiliser judicieusement ces fonds, et d’être cohérent dans ses actions.»

Ainsi, les avis sont très partagés sur la tenue justifiée ou non des COP. Même le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a déclaré que, face à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, la situation est catastrophique, «pitoyablement pas à la hauteur». D’autres diront que depuis l’Accord de Paris, la Chine est devenue championne du renouvelable. L’Union européenne a doublé sa production d’électricité verte avec des fermes éoliennes géantes et des champs couverts de panneaux photovoltaïques…