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Pneumonie et septicémie: pourquoi ces infections tuent-elles davantage ?
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Pneumonie et septicémie: pourquoi ces infections tuent-elles davantage ?
Âgée de dix ans, la petite Saivaani Aunatooa est décédée d’une pneumonie par aspiration après une intervention à l’hôpital pour appendicite. Ses parents ont porté plainte pour négligence médicale alléguée. Or, la cause d’autres décès survenus récemment tend vers des infections comme la septicémie. Pourquoi ces pathologies sont-elles souvent associées à la mortalité ces temps-ci ? Assiste-t-on à une hausse ? Peut-on y remédier ?
Admis à l’hôpital, deux enfants y ont hélas rendu l’âme. Le premier cas, celui de Saivaani Aunatooa (voir aussi ci-dessous), dix ans, fait actuellement l’objet d’une enquête pour négligence médicale alléguée. La fille est décédée après avoir été opérée d’une appendicite. L’autopsie a attribué sa mort à une pneumonie par aspiration. Concernant le second cas, il s’agit d’une adolescente de 13 ans, décédée elle aussi à l’hôpital lors d’une intervention chirurgicale.
Récemment, d’autres décès évoqués dans la presse ont été attribués à des infections, pneumonies et septicémies. À l’exemple de celui de Jean-Claude Figaro, 63 ans, blessé par un taureau le 25 octobre et décédé le 1er novembre d’une septicémie. Pourquoi ces trois causes paraissent-elles plus fréquemment au niveau de la mortalité répertoriée par les médias ?
Définissant d’abord la pneumonie comme une «infection respiratoire aiguë du tissu pulmonaire due à une ou plusieurs bactéries ou par un virus», le Dr Mukhesh Sooknundun, directeur de la Clinique du Nord, affirme que de nos jours, avec la gamme d’antibiotiques, cette maladie se soigne bien. Par contre, si l’infection est d’origine virale, en particulier chez nos séniors, la pneumonie, ou l’infection pulmonaire, continue à être la cause de nombreux décès, surtout en présence de comorbidités comme le diabète, l’hypertension et le VIH, entre autres. Un ancien cadre du ministère de la Santé indique que la pneumonie peut être généralement virale mais elle peut aussi avoir une origine bactérienne, voire combiner les deux.
La fréquence évoquée par les médias symbolise- t-elle une hausse réelle dans le système de santé ? D’après les Health Statistics de 2021, 43,2 % des décès découlant de défaillances respiratoires étaient dus aux pneumonies et aux pneumonies par aspiration. En 2014, le nombre de décès causés par ces deux maladies était de 371. Ce nombre était de 386 en 2016 ; de 580 en 2018 ; de 504 en 2020, et finalement de 516 en 2021. Certes, un accroissement est perceptible depuis ces huit dernières années. La pneumonie était également à l’origine de 2,2 % de décès d’enfants âgés entre 0 et 4 ans, ainsi que de la mort de 117 hommes et 100 femmes adultes en 2021.
Qu’en est-il de la septicémie ? Aucun chiffre n’a été trouvé sur cette classification précise. D’ailleurs, à une question parlementaire de Reza Uteem, le 21 mai 2019, aucune donnée sur les décès causés par la septicémie n’avait été mentionnée. Pourtant, le ministre de la Santé par intérim d’alors, Pradeep Roopun, avait déclaré que cette autorité compile le nombre de décès provoqués par la septicémie dans les hôpitaux et les cliniques privées. Sauf que cela ne figure pas dans les Health Statistics.
D’après le Dr Mukhesh Sooknundun, la septicémie survient quand une infection n’est plus gérable. «Le Covid-19 a définitivement accéléré l’infection des poumons ces trois dernières années et a causé plus de morts que jamais», a-t-il déclaré. D’après lui, les sujets également atteints d’une insuffisance cardiaque ou respiratoire, ceux ayant plus de 65 ans ou qui ont une immunodépression (un affaiblissement général du système immunitaire) sont plus vulnérables à l’infection. Ils peuvent alors passer au stade de «septicémie», c’est-à-dire, quand l’infection ou la pneumonie n’est plus contrôlée ou que les bactéries sont en surplus et dominent la situation. Souvent une cause «brutale», comme le Covid-19, déclenche une fièvre de plus de 38° C, un essoufflement, une difficulté à respirer ou une douleur thoracique, entre autres, nécessitant des soins intensifs.
Quid des enfants ? Selon le Dr Dawood Oaris, président de l’Association des cliniques privées, les bébés prématurés peuvent être plus vulnérables à ces infections. Idem chez les petits, souligne le Dr Mukhesh Sooknundun. Mais le diagnostic doit être fait rapidement pour identifier les causes et administrer le traitement spécifique et adéquat, comme le masque à oxygène et l’administration d’antibiotique par voie intraveineuse, entre autres, poursuit-il. Il faut, dépendant des soins disponibles, converger vers une structure plus adaptée aux traitements des enfants, avance-t-il. Notons d’ailleurs que certains décès récents ont fait l’objet de dépositions pour négligence médicale. Pourquoi ? «La négligence peut venir dans le délai pour établir le bon diagnostic par manque de médecins compétents ou des facilités non disponibles pour traiter des cas qui subitement se compliquent dans une structure sans soins intensifs. Le résultat dépendra de l’identification des causes des maladies et des soins dispensés», ajoute-t-il.
Pour l’ancien cadre du ministère, un décès par septicémie implique qu’après admission à l’hôpital, il y avait une source d’infection. «Cela veut dire que l’infection s’est propagée à travers le sang. Soit on ne l’a pas diagnostiquée et on ne l’a pas traitée à temps, soit les patients ont pris du temps avant de se rendre à l’hôpital, ce qui en a augmenté la propagation dans le sang», explique-t-il. Il se peut aussi, renchérit-il, que malgré l’administration du traitement, celui-ci ne s’est pas avéré efficace car «on n’a pas utilisé des antibiotiques appropriés».
À travers le monde, y compris à Maurice, nous faisons face à un problème de résistance aux antibiotiques. «Il faut aussi s’attarder sur la qualité des antibiotiques préconisés dans les hôpitaux. Auparavant, on envoyait des échantillons pour les faire tester. Je me demande si c’est toujours le cas. Avant, nous étions très à cheval sur les compagnies auprès desquelles on s’approvisionnait. Certains médicaments coûtent moins et d’autres le sont plus. Si l’on va sur les moins chers, on peut ne pas avoir la qualité ni l’efficacité. Surveille-t-on tout cela ? C’est la question qui se pose», prévient-il. Il recommande une analyse épidémiologique sur cinq à dix ans, d’identifier la cause de cette situation et d’agir en conséquence.
Pour le Dr Dawood Oaris, les infections virales ou bactériennes, qui surviennent régulièrement, peuvent être «banales et s’arranger d’elles-mêmes». Néanmoins, on peut avoir une septicémie ou une infection généralisée que le corps humain ne peut combattre. «Cela peut être très grave surtout si l’on a des comorbidités, et entraîner des décès. Il faut voir quel est le type d’infection ainsi que son évolution.» Selon lui, il est difficile de parler de hausse généralisée mais quelques cas peuvent survenir un peu plus. Il appelle à prendre plus de précautions sanitaires, notamment en cas de comorbidités.
Medical Negligence Standing Committee: des sanctions imminentes en cas de négligence
<p>Le ministre de la Santé n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Kailesh Jagutpal a fait une véhémente déclaration à Rose-Belle, samedi, lors du lancement de la campagne<em> Healthy Nation</em>. Tous ceux qui seront trouvés fautifs du décès de la petite Saivaani Aunatooa seront sanctionnés. Et cela, dans les plus brefs délais. Une enquête a été diligentée au M<em>edical Negligence Standing Committee</em> à cet effet. </p>
<p>Le ministre a, dans un premier temps, présenté ses condoléances à la famille éprouvée par ce décès. <em>«C’est un contexte très difficile, surtout suite à une opération. Le ministère de la Santé a déjà demandé un rapport à tous ceux qui ont travaillé lors de cette opération, des médecins aux infirmiers.»</em> Aussi, cette affaire a été référée au Medical Negligence Standing Committee pour une enquête.<em> «Nous lui avons même demandé que cette enquête soit traitée en priorité. Parce qu’il faut que justice se fasse. Et s’il y a des éléments de négligence médicale, le ministère va définitivement prendre les actions et sanctions qui s’imposent sans tarder.» </em></p>
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<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/kailesh_jagutpal.jpg" width="620" />
<figcaption><strong>À l’issue de l’enquête du Negligence Committee, le ministre prévoit des sanctions à l’égard des personnes qui auraient fauté suite au décès de Saivaani Aunatooa.</strong></figcaption>
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<p>Pour rappel, la petite Saivaani Aunatooa, dix ans, est morte après avoir subi une intervention chirurgicale à l’hôpital A. G. Jeetoo. Selon le père, sa fille n’a pas reçu les traitements appropriés lors de son transfert à la salle après son opération. Il a aussi pointé du doigt les infirmiers de service qui n’ont pas pris les mesures appropriées pendant que sa fille vomissait. </p>
<p>Kailesh Jagutpal a donné la garantie que, dans des cas de négligences médicales prouvées, des mesures correctives seront prises immédiatement. <em>«Notre but est d’améliorer le service que nous donnons et, bien sûr, qu’avant de prendre des sanctions, nous devons respecter la procédure. Et à la suite d’une enquête, s’il y a une faille et un manquement, nous prendrons les mesures qui s’imposent.»</em> Il évoque même que c’est la raison pour laquelle il y a eu l’introduction du 24h/24 dans certains secteurs. <em>«Surtout là où nous savons qu’il y a des problèmes. Chacun se doit d’assumer ses responsabilités.» </em></p>
<h2>Autre décès mais pas suspect </h2>
<p>Le ministre a également été interpellé sur le cas d’une autre adolescente décédée récemment suite à une intervention. Kailesh Jagutpal a souligné que, dans ce cas, la jeune fille souffrait déjà d’une malformation.<em> «L’enfant suivait des traitements à l’hôpital Victoria depuis quelques années. Une équipe de spécialistes internationaux a même fait le déplacement pour l’opérer. Mais, suite à l’opération d’une telle envergure, un caillot de sang s’est formé et a circulé dans le corps de l’enfant.» </em>Ce caillot s’est même logé dans le foie de la patiente, et a aggravé son état de santé<em>. «L’impact est devenu sérieux et grave. Comme vous le savez, toute opération comporte un certain risque. Je présente mes sympathies à la famille.»</em></p>
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