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Homo politicus: quelles sont les actualités politiques qui ont le plus préoccupé le Mauricien en 2022 ?

23 décembre 2022, 18:00

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Homo politicus: quelles sont les actualités politiques qui ont le plus préoccupé le Mauricien en 2022 ?

En 1995, Joël de Rosnay nous disait que l’homme ou la femme du futur serait ni créature bionique, ni surhomme, ni robot. Pour lui, «ce sera l’homme symbiotique ; un être de chair et de sentiments, associé dans une étroite symbiose à un organisme planétaire qu’il contribue à faire naître».

Vingt-deux ans plus tard, c’est «l’homo deus» qui surgit, sous la plume de l’écrivain Yuval Noah Harari. Comme de Rosnay, il interroge l’avenir à l’heure des algorithmes de plus en plus intelligents. «Que deviendront nos démocraties quand Google et Facebook connaîtront nos goûts et nos préférences mieux que nous-mêmes ?» Harari va plus loin que De Rosnay en posant les questions pratiques de notre époque avec une perspective longue.

Avec la récession mondiale et le gaspillage ou pillage des fonds publics, l’État providence va-t-il disparaître ? D’autant plus que l’on sait que les hommes et les femmes seront évincés du nouvel ordre du marché de l’emploi par des ordinateurs bien plus performants que nous ?

Les réalités de 2022 ont dépassé la science et la technique, telles que nous les connaissions. Le nouveau regard sur nous ne pourra passer qu’à travers de nouvelles approches politiques, économiques, écologiques et culturelles. Dans le sillage de la COP27, l’on se demande de plus en plus : pourquoi payer aussi cher pour des énergies fossiles qui polluent notre monde ?

Et nos dirigeants politiques, dont la plupart ont pris naissance dans l’ancien monde, pourront-ils s’aligner sur ces nouvelles valeurs humanistes, en alliant sciences physiques et humaines, afin de dégager une vision optimiste et réaliste de notre devenir commun ?

Si on pouvait rêver le Mauricien de 2023, en nous basant sur les faits d’actualités, les plus commentés sur nos plates-formes numériques, il sera un être libre, qui ne dépendra pas du gouvernement ou de ses cousins pour un emploi, une promotion, un avantage sur les autres. Il ne participera pas à la grande braderie de l’argent public. Il ne courbera pas l’échine devant le pouvoir et refusera qu’on le prenne pour un demeuré.

Il refusera de subventionner la MBC, réclamera la libéralisation complète des ondes et refusera les coups de ciseaux de la censure étatique. Il rejettera les lois et réglementations scélérates et liberticides, comme celles de l’ICTA et de l’IBA. Il demandera une Freedom of Information Act, une loi contre le financement politique occulte et une autre pour mettre fin au cumul des mandats. Il exigera une réforme électorale en profondeur et refusera d’être placé dans une des quatre cases communautaires imposées par la Constitution qui nous divise au lieu de nous unir. Il dénoncera tous les incompétents placés dans des positions stratégiques du pays alors qu’ils auraient dû rester loin des caisses publiques. Plus important, il s’interrogera sur la classe politique actuelle et se demandera si elle peut continuer à diriger Maurice et à lui donner du sens… Il doutera de tout et n’hésitera pas à se remettre en question, lui-même !

Mardi 4 janvier

Soirée «nacho beta»

L’événement qui domine l’actualité le mardi 4 janvier, c’est la soirée dans le plus pur style «nacho beta» à laquelle a pris part le ministre Kailesh Jagutpal.

«Nacho beta» veut dire «danse mon garçon» et d’après une vidéo largement diffusée sur les médias sociaux, le ministre s’est vraiment défoulé lors de la soirée rassemblant un grand nombre de participants, dont de pimpantes jeunes filles.

Personne ne porte de masque lors de la soirée et on s’est immédiatement demandé si les règlements de port de masque et de distanciation physique ont été observés par le ministre.

D’autres personnes n’ont rien trouvé de mal dans cette affaire, affirmant que le ministre a droit à une vie privée et à la détente comme tous les autres Mauriciens qui s’amusent à fond à l’occasion des festivités du Nouvel An.

Le fait le plus remarquable dans cet épisode de vidéo, c’est que quelqu’un de très proche du ministre a cherché à le dénoncer. De qui s’agit-il ?

Jeudi 13 janvier

Le N°19 en vedette

Suivant le développement spectaculaire en Cour suprême la veille, quand l’avocat Gavin Glover a prouvé qu’il y a eu des irrégularités dans le n°19 lors des élections générales de 2019, les médias consacrent de larges reportages sur l’événement.

Du coup, la crédibilité personnelle du commissaire électoral, Irfan Rahman, est considérablement endommagée par ce qui s’est passé en cour. Mais aussi celle du gouvernement mauricien. En effet, puisqu’on vit actuellement à l’ère du village global, les étrangers ne vont pas tarder à apprendre que le système électoral mauricien est vulnérable à la fraude. Ce qui va encore porter préjudice à l’image du pays.

On est à peine sorti de la liste noire de l’Union européenne en matière de gestion financière que le pays s’apprête maintenant à porter le chapeau de fraudeur électoral à la manière des républiques bananières. Oui, des élections se tenaient au Zimbabwe avec des résultats connus d’avance.

Mercredi 9 février

Yacht de luxe, siouple !

Cover story sensationnelle de l’express ce mercredi 9 février. C’est ainsi qu’on apprend que c’est un yacht de luxe, le Bleu de Nîmes, normalement au service des milliardaires, que le gouvernement mauricien a affrété pour mener une étude «scientifique» sur le récif de Blenheim se trouvant dans l’archipel des Chagos.

À vrai dire, c’est pour adresser un message aux dirigeants des Maldives que Maurice entend faire flotter son drapeau sur Blenheim Reef. Les Maldives revendiquent une partie du territoire maritime mauricien dont le récif de Blenheim.

On croit savoir qu’il ne serait pas nécessaire d’entreprendre de hautes études scientifiques à partir du yacht de luxe comme le font normalement les grands océanographes. Dans le cas mauricien, il suffirait de ramener à bord une poignée d’étoiles de mer, une demi-douzaine d’oursins et quelques crabes de mangrove pour chanter «mission accomplie !».

Jeudi 17 février

Si Anooj Ramsurrun n’existait pas…

Le directeur général de la MBC nouvellement nommé, Anooj Ramsurrun, constitue probablement l’une des plus belles trouvailles du MSM.

À placer l’admirateur de Marie-Madeleine, en termes d’efficacité et de loyauté, au même rang que Navin Beekarry de l’ICAC qui monta le coup terrible de MedPoint/Privy Council.

En principe appartenant au grade de «technicien» à la MBC, voilà Anooj Ramsurrun, dirigeant cette grosse boîte, qui exerce une influence considérable sur la vie du Mauricien moyen nullement concerné par de grands débats «intellectuels».

L’avancement météorique de Ramsurrun pourrait même faire l’objet d’une dissertation auprès des étudiants mauriciens suivant des cour s de management.

Le paradoxe de toute la situation résulte aussi du manque de capacité des forces de l’opposition de contester par voie légale des initiatives prises par la MBC et qui ne seraient pas conformes à la loi régissant la vocation et le fonctionnement de cette institution.

Un autre exploit de Ramsurrun aura été sa capacité à amener l’opposition dans son ensemble à intérioriser l’idée que c’est bien de cette façon que le pouvoir devrait transformer la MBC en machine de propagande.

Mardi 22 février

Deux arpents pied dans l’eau

Un sondage pourrait bien indiquer que 98 % des Mauriciens ignorent le fait qu’il y a un député qui porte le nom d’Ismaël Rawoo.

Cela ne devrait pas inquiéter cet honorable membre car il ne court pas après la gloire comme d’autres parlementaires qui cherchent à se faire voir à la télévision et dans les médias. Car même si Ismaël Rawoo n’est pas réélu, il sera toujours King. Car il s’assoit sur deux arpents de terre, pied dans l’eau, dans la région de Rivière-Noire.

Cette propriété qui vaut plus Rs 250 millions, Ismaël Rawoo ne l’a pas acquise à la sueur de son front. Ni ne l’a-t-il héritée de son père ou beau-père. C’est l’État mauricien qui lui a offert ce jackpot en 2018 alors qu’il était un activiste chantant la gloire de Pravind Jugnauth dans le n° 8.

C’est en 2019 qu’il est élu député. Il s’infiltre dans le quota des candidats du Muvman Liberater de Collendavelloo mais il serait plus Praviniste que Soopramanien Kistnen lui-même.

Apparemment, Ismaël Rawoo n’a pas encore payé les Rs 15 millions pour le bail de ce terrain, selon l’express du 22 février. Il n’a pas non plus soumis les plans de développement de ce bijou sur la plage de Rivière-Noire qui attire des milliardaires sud-africains. Un terrain qui vaut son pesant d’or sur la côte de Rivière-Noire, région qui est aussi connue comme «White River». Mais la présence d’Ismaël Rawoo sur les bancs du gouvernement vaut lui aussi son pesant d’or.

Mardi 1er mars

Bravo kreol !

Le kreol deviendra une discipline comptant pour les examens du School Certificate en 2023. C’est ce qu’annonce l’express du mardi 1er mars.

Le progrès accompli par le kreol à Maurice depuis 1969 avec la naissance du MMM a été considérable. C’est le MMM fortement influencé par Dev Virahsawmy et Jooneed Jeeroburkhan qui fit du kreol un véritable enjeu dans l’émancipation des Mauriciens de l’endoctrinement colonial subi pendant des siècles.

L’avancement du kreol à Maurice se fait dans un environnement culturel mondial marqué par une domination grandissante et irréversible de l’anglais. Maurice fait exception à la règle car l’anglais recule dans le pays. Au point que les Malgaches sont maintenant en mesure de battre les Mauriciens dans la maîtrise du business de call centres utilisant l’anglais.

Maurice fait aussi exception dans le cas du français. En effet, en France même comme dans les ex-colonies françaises, l’anglais gagne inéluctablement du terrain au détriment du français. Au point qu’en France, les gendarmes de la protection du français contre les incursions anglaises semblent avoir abandonné la partie.

Lundi 14 mars

De la 11e place au Château du Réduit

Les médias du lundi 14 mars font état des funérailles la veille de Karl Offman, une personnalité politique marquante depuis les élections générales de 1982.

Ce qu’on retient surtout du parcours politique de Karl Offman, ce fut sa loyauté inébranlable envers sir Anerood Jugnauth. Il fit ses débuts en politique dans l’Union démocratique mauricienne (UDM), un parti dissident du PMSD dirigé par le tandem Guy Ollivry-Maurice Lesage. Gaëtan Duval, dans un moment de profonde irritation, décrit l’UDM comme l’Union des Mulâtres.

Candidat de l’UDM dans la circonscription de PortLouis-Ouest/Grand-Rivière-Nord-Ouest, Offman sortit en 11e position avec 346 votes, soit 1,8 % des suffrages. Il fut battu par les trois candidats du MMM, ceux du PMSD mais aussi Tangavel Narrainen, sir Jean Ah-Chuen et Haroon Chattaroo du Parti travailliste et évidemment par son leader Ollivry, d’où sa casquette de N° 11.

Le réveil devait être brutal pour l’homme et son parti et l’UDM chercha par la suite une alliance avec les dissidents travaillistes menés par Harish Boodhoo. Karl Offman fut délégué par l’UDM pour discuter avec Boodhoo. Offman ne tarda pas à réaliser, l’air de Belle-Terre aidant, que l’UDM était un write-off. Il se joignit modestement au Parti socialiste mauricien (PSM) de Boodhoo. Il fut ainsi candidat du PSM dans la grande alliance de 1982 avec le MMM et il se fit élire à Curepipe/Midlands.

Quand le PSM fut absorbé par le nouveau-né MSM en 1983, Karl Offman devint un fidèle du MSM et par la suite se rapprocha de SAJ. Après la débâcle MSM en 1995, Karl Offman fonctionna comme grand administrateur du Sun Trust avec une Volkswagen Golf et le driver Gaëtan mis à sa disposition.

En 2002, après le retrait de Cassam Uteem et d’Angidi Chettiar du Réduit, Offman devient un Président, abandonnant sa Golf pour une BMW de la série 7. Il eut pour mission de garder le siège au chaud pour SAJ qui s’y installa en 2003.

Bien qu’ayant connu un très court mandat, Offman devait bénéficier de tous les privilèges d’un ex-Président avec limousines, gardes du corps, staff administratif et voyages à l’étranger en première classe. Qui a dit que la fidélité n’est pas payante ?

Jeudi 24 mars

Roger de Boucherville ne laisse pas indifférent

À la une de l’express du 24 mars, la mort la veille de Roger de Boucherville, un personnage qui défraya la chronique pendant plusieurs décennies avant d’être condamné à mort pour le meurtre d’un chauffeur de taxi.

Roger de Boucherville fit partie de l’élite des fameux tapeurs du PMSD basés principalement à Curepipe et à la Plaine-Verte dans les années soixante. Né au Sri Lanka d’un père missionnaire adventiste mais qui bénéficia quand même d’un bain rituel du Gange en Inde, Roger de Boucherville, en raison de ses attraits physiques et de son nom particulier, devint vite un personnage clé dans la force de frappe du PMSD.

Une fois le côté «tapeur» du PMSD atténué par la montée en force du MMM et par l’entente qui se produisit entre Gaëtan Duval et sir Seewoosagur Ramgoolam, Roger de Boucherville se recycla dans d’autres activités pas nécessairement autorisées par la loi. Il termina sa carrière comme le dernier condamné à mort mais échappa à la corde de pendaison. Il resta néanmoins très actif dans les transactions au niveau de la prison.

Avec la disparition des grands comme Paul Sarah, Moorgesh Shummoogum, Haroon Wareshally, Jaynarain Mudhoo, Bébé Emamally et maintenant Roger de Boucherville, une page de l’histoire folklorique du PMSD est définitivement close.

Mercredi 30 mars

Splash money, have fun

On aurait pu trouver meilleur nom pour ce parc aquatique hors du commun : «Splash N Fun Leisure Park». L’express du mercredi 30 mars consacre un article sur ce parc qui fut l’objet d’une PNQ de Xavier Duval la veille.

Ce parc dans la région de Belle-Mare construit par le Sugar Investment Trust fut géré avec efficacité au début par Jyoti Jeetun. Mais depuis 2014, c’est l’argent des 55 000 planteurs, des employés et des pensionnaires de l’industrie sucrière qu’on splash dans l’eau. Ainsi, pas moins de Rs 350 millions ont été dépensées jusqu’ici pour des travaux de rénovation qui ne sont pas complétés encore.

L’exploit d’un homme associé à ce parc et au SIT fait l’objet de maints commentaires après ce scandale. Il s’agit d’un activiste MSM au n°13, un nommé Preetam Boodhun, qui fut le chairman du SIT et de la compagnie gérant le parc et qui après ce scandale de Rs 350 millions a obtenu une promotion, c’est-à-dire se voir nommer chairman de Landscope. Il siège aussi sur le conseil d’administration d’Omnicane.

Lundi 4 avril

Un géant quitte la scène

L’événement majeur de ce lundi 4 avril aura été le décès de Yousuf Mohamed, l’un des plus brillants avocats que le pays ait produits mais aussi un homme politique qui a occupé des fonctions de ministre et d’ambassadeur.

Fils d’un père immigrant indien et d’une mère faisant partie d’une bourgeoisie mauricienne puissante sur le plan politique et culturel, Yousuf Mohamed excella au barreau. Mais très jeune, il se fit aussi élire député aux élections pré-indépendance de 1967. Sa carrière politique fut souvent marquée par des prises de position déroutantes car il était loin d’être un yes-man.

Étant l’un des meilleurs avocats dans le domaine de la loi sur la diffamation, il eut une interaction particulière avec des responsables des médias souvent poursuivis par des hommes politiques mais aussi par de simples citoyens.

Yousuf Mohamed se garda en forme pendant des décennies de par sa pratique de longues marches quotidiennes dans la région de Quatre-Bornes. Il suscitait l’embarras des timorés rechignant au moindre effort physique. Mais il fut source d’inspiration pour de nombreux citoyens qui se mirent aussi au régime d’une marche quotidienne.

Mercredi 13 avril

Des ministres même carat que les juges et magistrats ?

Un nouveau délit est entré dans les mœurs politico-policières de Maurice. Il s’agit du délit «d’outrage à ministres».

Selon l’express du mercredi 13 avril, c’est sur la base de ce délit que des représentants de Plaine-Magnien dont le président du conseil de village, Nazim Gurib, seront poursuivis suivant l’incident de fuite en vitesse des ministres Bobby Hurlera et Stephan Toussaint et du PPS Kavy Doolub. Ces derniers animaient une réunion avec la participation des chatwas du MSM, les représentants élus en ayant été exclus.

C’est le terme gopia utilisé par les manifestants qui constituerait une grave offense. Ce terme trouverait ses origines dans le cinéma indien, selon le professeur Swalay Kasenally, un ingénieur chimique formé aux États-Unis mais qui est aussi un expert en bhojpuri. Selon ses explications, dans les années 1940 et 1950, un acteur du nom de Gope ayant comme partenaire un certain Yakub, dominait le cinéma comique indien. Par exemple, lors d’une scène de fortes pluies, Gope s’était armé d’un parapluie pour partir… arroser sa plantation. Son humour décapant amena les Mauriciens à utiliser «gope» devenu par la suite gopia pour désigner quelqu’un qui se comportait de manière drôle.

Outre le Dr Kasenally, le linguiste Dev Virahsawmy estime lui aussi que le terme gopia est entré dans les mœurs mauriciennes dans le sillage des films de l’acteur Gope. Avec le gopia de 2022 et face à la colère des habitants avec leurs doléances suivant des problèmes d’inondation, les élus du MSM n’ont eu d’autre choix que de prendre la fuite.

Ainsi, c’est sous la charge d’«outrage à ministres» que des habitants de Paine-Magnien seront poursuivis. Le commun des Mauriciens pourrait déduire de ce fait que les ministres jouissent dorénavant du même statut que les juges et les magistrats du pays.

Il est à prévoir que les plus enthousiastes parmi les chatwas se mettent à s’adresser à leurs ministres en utilisant l’expression «Votre Seigneurie» ou «Votre Honneur». Ainsi, un chatwa de Rivière-duRempart pourrait bien couvrir d’éloges une personnalité siégeant au Parlement en disant «Votre Honneur, ti bien bon sa koze bou… to… l… ta p…»

Vendredi 22 avril

Le pays s’embrase

Le vendredi 22 avril a vu plusieurs manifestations dans différentes régions du pays. On protestait contre les augmentations des prix en général. Et aussi contre l’arrestation d’un activiste de Rose-Hill connu comme Darren.

Des débordements se sont produits et la police a fini par tirer sur un manifestant à la résidence Barkly, un quartier qui avait en 2017 contraint le vice-Premier ministre Ivan Collendavelloo et le ministre Etienne Sinatambou à prendre la fuite suivant des discussions sur l’avènement du tramway. Il se trouve que Barkly héberge non seulement un arrêt du tramway mais sert aussi de «garage» pour le matériel roulant de la compagnie Metro Express.

Cet incident de coup de feu est symptomatique d’un sérieux problème de modus operandi chez les forces de l’ordre.

Ce vendredi, on a aussi assisté au genre de backlash que le pouvoir politique pourrait orchestrer à partir des incidents des derniers jours. Quand le Premier ministre se trouvant en Inde a, dans une déclaration, fait allusion au phénomène Kaya, on voyait déjà tout l’arsenal «socioculturel» qui allait être déployé pour donner une dimension communale et raciste à la présente agitation qui secoue le pays.

Jeudi 5 mai

The rise and fall of Veeramundar

À la une de l’express du jeudi 5 mai : la chute de Rudy Veeramundar qui officiait comme directeur général du Government Information Service (GIS). Pour faciliter l’installation de Veeramundar, le gouvernement avait fait partir le titulaire, un fonctionnaire diplômé et expérimenté. Que s’est-il passé pour qu’un homme aussi puissant se soit vu contraint de soumettre sa démission ? Au fait, au moment de sa nomination, Veeramundar était au sommet de sa puissance alors que le conseiller Prakash Maunthrooa était toujours sous la menace d’une condamnation dans l’affaire Boskalis. Puis Maunthrooa en est sorti blanc comme neige pour prendre les allures du conseiller le plus puissant, désarçonnant même Ken Arian.

Et Maunthrooa a décidé de régler ses comptes à tous ceux qui l’avaient attaqué alors qu’il se trouvait au sol. Parmi eux, un certain Rudy Veeramundar qui avait dévoilé l’affaire Boskalis dans le défunt journal Samedi Plus. Lui et Rajen Bablee, le présent directeur de Transparency à Maurice. Bablee avait même reçu un prix pour avoir aidé à faire éclater l’affaire Boskalis.

Lundi 9 mai

Un grand citoyen

C’est avec une immense tristesse que ce matin du lundi 9 mai des Mauriciens apprennent le décès survenu quelques heures plus tôt de Claude Obeegadoo, un pédagogue qui a assuré l’éducation secondaire des milliers de jeunes Mauriciens.

Claude Obeegadoo trouva sa vocation comme enseignant au collège du Hindu Maha Sabha (HMS) et des années après, ce mouvement mis son siège à sa disposition quand il lança le Trinity College. Cette institution attira un grand nombre d’étudiants venus surtout des familles modestes du Nord à un moment où l’amélioration des conditions de vie permit aux enfants d’aller au-delà de l’éducation primaire gratuite.

Authentique Mauricien, Claude Obeegadoo devint aussi un membre fondateur de l’Indo-Mauritian Catholic Association (IMCA) sous l’impulsion d’un ancien commissaire de l’Inde, John Thivy, lui-même de confession catholique. Cette association permit à l’Eglise de s’épanouir dans un environnement inclusif et pluriel à la fois.

Outre ses liens privilégiés avec le HMS, Claude Obeegadoo fut aussi d’un grand soutien au club Hindu Cadets avant que cette association ne prenne son envol.

Avant même les grands concours de beauté de Primerose et l’entrée en scène politique du jeune Steven, Obeegadoo était devenu un household name à Maurice grâce au rôle déterminant de Claude Obeegadoo dans le secteur éducatif et social du pays.

Vendredi 20 mai

Révolution au Champ-de-Mars !

Oui, le pays a assisté à une véritable révolution ce vendredi 20 mai 2022 quand on a signé l’arrêt de mort du Mauritius Turf Club (MTC), un établissement privé créé deux ans après l’invasion britannique de l’île de France, soit 210 années de cela.

Le MTC devint alors le symbole de la symbiose qui se développa entre les colonisateurs britanniques et les grands planteurs et usiniers d’origine française qui exploitaient aussi le business de l’esclavage. Il ne faudrait toutefois pas voir dans la chute du MTC une manifestation du phénomène Black Lives Matter qui secoue actuellement les fondations mêmes de la société anglo-saxonne aux États-Unis et en Grande-Bretagne.

Ce vendredi 20 mai 2022, le gouvernement a décidé de confier à la société étatique Côte-d’Or International Racecourse and Entertainment Complex Ltd (COIREC) la responsabilité de gérer le Champ-de-Mars. Avec COIREC, c’est le début d’érection de tout un nouveau système.

Contrairement au renversement des grands symboles liés à l’esclavage et à l’oppression des Noirs qu’on voit aux USA et au Royaume-Uni, à Maurice, la disparation du MTC est liée au phénomène «paissa matters», c’est l’argent qui compte.

Mercredi 25 mai

Govinden part, ses «œuvres» restent

Selon un article publié dans l’express du mercredi 25 mai, le fameux Alan Govinden, l’homme derrière l’affaire d’Angus Road, serait aussi à la base de l’installation à Maurice du milliardaire britannique Terry Smith et de la nomination de ce dernier sur l’Economic Development Board (EDB).

Maintenant que Govinden est mort et une bonne partie de l’histone d’Angus Road incinérée avec, il faudrait savoir comment la State Bank va recouvrer les quelque Rs 90 millions avancés pour le financement de son film.

On s’attend à ce qu’un actionnaire de la SBM – pourquoi pas Bissoon Mungroo ? – entame une action judiciaire à cet effet.

Jeudi 2 juin

L’art de rafistoler, People’s Turf-style

On annonce ce jeudi 2 juin que le nouvel organisateur des courses, People’s Turf, a décidé de tenir des épreuves dès le dimanche 5 juin.

Ce démarrage foudroyant entraîne évidemment la mise en place de nombreuses infrastructures et facilités pour contourner le MTC. On saura ce dimanche matin de quel bois se chauffe le grand Jean-Michel Lee Shim, le grand patron de People’s Turf.

Va-t-on seulement rafistoler pour mettre en place tout un nouveau dispositif ou le travail sera-t-il professionnellement entrepris pour conserver l’image de ce qu’on appelle le sport des rois ? En cas de réussite, Lee Shim serait vu comme le «libérateur», l’homme qui détruit un mythe vieux de 210 ans.

Au cas contraire, gare aux émeutes ayant comme point de départ le Champ-de-Mars et qui s’étendraient dans la capitale et ses faubourgs. Il suffit qu’un jour, quelques parieurs se sentant dépouillés de tout lors d’une course truquée, se mettent à tout démolir…

Vendredi 17 juin

Après ABC, DBC ?

L’express du vendredi 17 juin consacre sa une à un événement fort cocasse qui s’est produit quand on a vu la ministre Kalpana KoonjooShah en plein sommeil au Parlement juste après 15 heures.

Cet incident a provoqué pas mal de commentaires sur les médias sociaux, des Mauriciens déclarant qu’après le phénomène «asize bez kas» (ABC), voilà que la ministre Koonjoo introduit le «dormi bez kas» (DBC).

Le speaker, qui n’a pas encore terminé son enquête sur un membre qui avait prononcé des obscénités, a été prompt à réagir pour tenter de sanctionner celui ou celle qui a pris la ministre Koonjoo en photo. La députée Stéphanie Anquetil a été visée.

Normalement, c’est après un copieux déjeuner bien arrosé de vin ou de whisky qu’on a tendance à s’assoupir mais dans le cas de la ministre Koonjoo, il est fort possible que son geste ait été mal compris. Elle s’était peut-être engagée dans un exercice de méditation transcendantale pour se détacher d’une atmosphère dégradée par les insanités débitées par des membres de l’opposition.

Lundi 4 juillet

Après MedPoint, hôtel aux Seychelles

Le Dr Krishan Kumar Malhotra, beau-frère du Premier ministre mauricien, a défrayé la chronique aux Seychelles le samedi quand il a défendu son projet de construction d’un hôtel de très grande classe dans l’île principale de cet archipel. C’est ce que rapporte l’express du lundi 4 juillet.

On aurait tort de croire que le Dr Malhotra était un «n’importe» de l’Inde qui a profité de sa proximité avec la famille Jugnauth pour faire fortune. Considéré comme l’un des jeunes les plus brillants de son pays, il avait bénéficié d’une bourse dans l’une des plus prestigieuses universités de la Grande-Bretagne. Des années après son mariage, il avait monté la clinique MedPoint, l’équipant de ce qui était du dernier cri dans le hi-tech. Malheureusement, il fut victime d’un grave incident et il partit s’installer à Londres.

Le problème que rencontre le Dr Malhotra actuellement, c’est qu’on conteste son projet de créer des îles artificielles qui feront office de brise-lames. Selon le Dr Malhotra, il valait mieux construire ces petites îles aménagées comme des espaces verts que les horribles brise-lames qu’on a installés sur 47 autres sites des Seychelles.

La réussite du projet du Dr Malhotra aux Seychelles rehausserait le prestige de Maurice comme pays très performant dans le domaine de l’hôtellerie de grande classe.

Jeudi 14 juillet

Le choupchap d’Orange

France Telecom (FT) s’était installée de façon spectaculaire à Maurice en 2000, dans les semaines suivant l’installation du nouveau gouvernement MSM-MMM.

Les nouveaux dirigeants avaient permis à FT d’acquérir 40 % des actions de Mauritius Telecom (MT). De ce fait, FT nomma un élément de la compagnie comme Chief Operation Officer (COO) et un autre comme Chief Financial Officer (CFO), ce qui donna au géant français un droit de veto virtuel.

FT par la suite stoppa l’initiative de MT d’acquérir une compagnie de télécommunications très profitable au Kenya mais imposa à MT l’acquisition d’une compagnie de FT au Vanuatu qui perdait de l’argent.

Des années plus tard, suivant un changement à la direction de MT qui vit le départ de l’excellent et no-nonsense Megh Pillay, FT imposa le brand name Orange aux opérations de téléphonie cellulaire de MT.

C’est dire que FT était un actionnaire et gestionnaire extrêmement puissant à MT. Toutefois, avec l’arrivée de Sherry Singh en 2015, le protégé des Jugnauth ne tarda pas à faire comprendre qu’il n’y avait qu’un «mari» à bord et que c’était bien lui. Sherry Singh élimina même l’usage de la marque Orange dans ses opérations.

En 2022, d’après un article paru dans l’express du jeudi 14 juillet, on apprend que FT n’a rien à dire sur l’affaire Sherry Singh car elle «n’est pas impliquée dans les activités opérationnelles de la société», c’est-à-dire MT.

Pouvait-on comprendre par ce choupchap (silence en hindi) de FT que cette compagnie n’occupe plus les fonctions de Chief Operating Officer de MT ? Donc, il n’y avait pas de Français dans l’équipe qui avait accompagné le moustachu – et possiblement aussi ventru – indien lors de la mission de Baie-de-Jacotet ? Ce Sherry Singh aura été un homme vraiment puissant à Telecom Tower.

Mardi 19 juillet

Enter new CEO

Le hot seat ou siège éjectable du Chief Executive Officer (CEO) de Mauritius Telecom (MT) sera bientôt occupé par Kapil Reesaul, un ingénieur ayant évolué dans le passé au sein de cette entreprise de télécommunications.

Kapil Reesaul a accepté l’offre qui lui a été faite pour assumer les fonctions de CEO de MT. Il abandonne son emploi dans une banque au Canada, pays où il s’est installé depuis quelques années.

Pour ceux qui ont connu les cadres de MT, le choix de Kapil Reesaul semble être bien inspiré de la part du gouvernement. Kapil Reesaul est le contraire de Sherry Singh. Homme calme et modeste, il ne serait pas du genre à se lancer dans des aventures allant à l’encontre des intérêts de MT.

On croit savoir qu’il saurait manœuvrer avec tact entre le personnel, le board, l’inévitable snake in the grass à MT et évidemment le pouvoir politique.

Mardi 26 juillet

L’efficacité du tandem PKJ-speaker

Ce mardi 26 juillet, encore une fois, le Premier ministre, Pravind Kumar Jugnauth (PKJ), et le Speaker Sooroojdev Phokeer se sont montrés très efficaces en désorganisant totalement l’opposition au Parlement. Pour une fois, on a vu que même le fusible du cool, affable et charmant Mahend Gungapersad a sauté.

En pondant deux énormes faussetés, à savoir qu’il avait reçu un appel de Veena Ramgoolam et que Patrick Assirvaden était présent lors d’une rencontre à la clinique Wellkin, PKJ a fait littéralement exploser Shakeel Mohamed, Patrick Assirvaden et Mahend Gungapersad qui n’ont pu retenir leur extrême colère et indignation. Le speaker, tel un bouncer de discothèque recevant des directives du gérant, a fait expulser les travaillistes bruyants. À moins de présenter des excuses au bouncer, ces députés vont rater des séances après la rentrée parlementaire en octobre 2022.

En tentant de gérer un problème immédiat, c’est-à-dire désarticuler les opposants durant une séance parlementaire, PKJ pourrait perdre politiquement dans le long terme en tentant d’entraîner Veena Ramgoolam dans la boue. L’épouse de l’ancien Premier ministre est reconnue et respectée pour avoir toujours adopté une attitude de réserve et de dignité dans sa vie de tous les jours. Par exemple, au supermarché, même au temps où son mari était Premier ministre, elle fait la queue comme tout le monde devant la caisse et refuse tout traitement de faveur. Des travaillistes qui étaient convaincus que leur parti et le MSM faisaient face à un «ennemi commun» pourraient maintenant changer d’avis.

Vendredi 12 août

À vous de jouer, Privy Council

Après le rejet de la pétition de Suren Dayal réclamant l’invalidation de l’élection de Pravind Kumar Jugnauth (PKJ), les regards seront braqués dorénavant sur les démarches à être entreprises avant que le Conseil privé de la Reine ne soit saisi de cette affaire.

Dans les milieux bien informés, on savait déjà quel allait être le verdict de la Cour suprême. Car quelle étrange coïncidence que le jugement était rendu le jour même où on allait lancer les célébrations en grande pompe du 40e anniversaire du MSM. Cela a commencé par un congrès MSM à Triolet.

D’ailleurs, le body language affiché par l’ex-ministre Yogida Sawmynaden à son arrivée dans l’enceinte de la Cour suprême ce vendredi 12 août montrait qu’il était tout joyeux, contrairement à ce qu’on avait vu lorsqu’il comparaissait en cour à Port-Louis dans l’affaire Kistnen.

Il serait intéressant de noter que lors de sa dernière épreuve aux mains du Privy Council dans le cadre de l’affaire MedPoint, PKJ en était sorti blanchi quand l’ICAC qui l’avait poursuivi au départ avait décidé de tourner casaque. Pour témoigner de son soutien inébranlable à la famille, le directeur de l’ICAC, Navin Beekarry, avait tenu à être présent à Londres lors du procès, tentant maladroitement de se cacher le visage, armé d’un document.

Pour les Mauriciens qui aiment les feuilletons, voilà un passionnant épisode London qui s’annonce.

Jeudi 18 août

Kenny Mera Naam*

Son prénom officiel, c’est Soobeersingh. Mais puisqu’il était candidat à Curepipe lors des dernières élections, son sobriquet de Kenny l’a sans doute aidé. On parle du député Kenny Dhunoo qui a été proclamé élu avec 31 % des votes en 2019, profitant des divisions des votes dans l’opposition entre le PTr-PMSD et le MMM.

N’ayant impressionné personne par sa maîtrise de l’anglais et du français au Parlement, Dhunoo s’est fait néanmoins remarquer par son acharnement contre une journaliste de la MBC, Manisha Jooty. Celle-ci, comme journaliste professionnelle, n’avait pas jugé newsworthy une déclaration de Dhunoo sur le projet tramway où les vedettes étaient le Premier ministre et d’autres ministres. Dhunoo n’est que l’adjoint au whip du gouvernement. Manisha Jooty devait par la suite perdre son emploi mais elle eut droit à une compensation décente suivant une initiative du DG de la boîte.

Le même Dhunoo s’est manifesté à la clinique Wellkin quand il a bousculé un infirmier indien employé par l’établissement appartenant à un hyperpuissant conglomérat financier mauricien ayant de gros intérêts dans l’industrie sucrière aussi. L’Indien a perdu l’équilibre lors de l’agression physique du député.

Wellkin n’était qu’un épisode dans le feuilleton Dhunoo. Le vendredi 19 août, l’express fit état des frasques du député en Inde récemment. Comme on le dit dans les médias, more to come concernant Bhai Soobeersingh, alias Kenny.

*Mon nom, c’est Kenny

Mardi 23 août

La mutation de Maunthrooa : mystère, mystère

La nomination de Prakash Maunthrooa aux fonctions de directeur général de la Central Water Authority (CWA) est commentée dans l’express du mardi 23 août.

Cette nomination a surpris tout le monde car il ne faisait aucun doute que Prakash Maunthrooa était bien installé comme principal conseiller du Premier ministre. Or, s’il est nommé DG de la CWA, il devrait consacrer la plupart de son temps à faire rouler la boîte dont la performance a été toujours problématique.

Cette nomination serait-elle un exercice de «getting kicked upstairs» comme on le dit en anglais ? Dans ce cas, pourquoi le Premier ministre a-t-il cherché à le faire partir du PMO et aussi du board de plusieurs grosses entités comme à l’aéroport et à la SBM ?

Selon certaines indications, Prakash Maunthrooa risquait de chambouler les nids douillets de certains mignons du pouvoir, ce qui aurait compromis le bon fonctionnement de certains réseaux mis en place.

D’après d’autres explications, le gouvernement chercherait à réaliser le miracle de la fourniture d’eau, 24 h sur 24. Puisque money is no problem pour entreprendre de vastes projets de captage, de stockage et de distribution d’eau, le seul homme capable de deliver avec efficacité serait nul autre que Prakash Maunthrooa, connu pour son attitude de no-nonsense dans la gestion des affaires.

Jeudi 8 septembre

La reine et ses ‘sirs’ mauriciens

La mort de la reine Elizabeth II dans l’après-midi du jeudi 8 septembre a amené les Mauriciens à réfléchir sur le rôle de la royauté britannique dans les affaires politiques de notre pays.

Un aspect intéressant dans les relations entre la reine et la classe politique mauricienne aura été le grand nombre de chevaliers locaux ayant été honorés par la souveraine. Sir Seewoosagur Ramgoolam fut le plus distingué des Sirs. Mais il y avait aussi sir Abdool Razack Mohamed, sir Gaëtan Duval, sir Veerasamy Ringadoo, sir Satcam Boolell, sir Harold Walter, sir Robin Ghurburrun, sir Kher Jagatsingh, sir Ramesh Jeewoolall.

Parmi les fonctionnaires, l’unique sir a battu tous les records de notoriété. Il s’agit évidemment de sir Bhinod Bacha qui a établi aussi le record d’avoir permis à deux femmes différentes de porter le titre de Lady, l’une partie au ciel, l’autre toujours alive and kicking.

Des hommes d’affaires, pour la plupart des bailleurs de fonds, furent aussi honorés. Devinrent aussi sir, le remarquable industriel Dev Dookhun et le gros planteur et l’aristocrate fort cultivé Kanta Ramphul. Un industriel hongkongais bénéficia du parrainage de Maurice pour obtenir le titre de «sir». Le mystère sur cet homme plane toujours bien qu’il n’existe aucun doute quant à la profondeur de ses poches.

Mercredi 21 septembre

Sattar Hajee Abdoula, le plus puissant après PKJ ?

Quels sont les atouts dont dispose Sattar Hajee Abdoula (SHA) pour qu’il soit perçu comme l’homme le plus puissant de Maurice après le Premier ministre Pravind Kumar Jugnauth (PKJ) ?

On dit que SHA a largement dépassé en puissance sir Bhinod Bacha du temps où ce dernier était l’homme le plus puissant après sir Anerood Jugnauth. Dans le contexte actuel, SHA domine de loin tous les mignons de PKJ, qu’ils soient Ken Arian ou Prakash Maunthrooa.

On croit savoir que SHA, qui gérerait des comptes à l’étranger dont aux Îles Vierges britanniques d’après les Pandora Papers, a conquis la profonde estime et l’éternelle reconnaissance des Jugnauth en sauvant l’hôtel Maradiva de la faillite en 2013 alors que le pays était dirigé par Navin Ramgoolam.

Dans les milieux politiques, on évoque de plus en plus la possibilité que SHA soit candidat dans le n° 2 à Port-Louis aux prochaines élections et qu’en cas de victoire du MSM, il prendrait les allures d’un nouveau Vishnu Lutchmeenaraidoo au service du fils Jugnauth cette fois.

Mardi 27 septembre

Balancy ne croit pas aux anges

Dans une interview accordée à Nad Sivaramen et publiée dans l’express du 27 septembre, l’ancien chef juge affirme que le judiciaire mauricien «est et restera indépendant».

Voilà une déclaration qui vient prendre à contre-pied des naïfs qui croiraient au surnaturel et qui ont mis sur le compte d’un ange au service du MSM deux grands coups pour le compte du Sun Trust.

Ainsi, du ciel, l’ange aurait orchestré les événements de telle façon qu’un jugement en faveur de Pravind Kumar Jugnauth a été prononcé le jour même où il a démarré une campagne de mobilisation de ses partisans. Et qu’un jugement hautement défavorable à Navin Ramgoolam était tombé deux jours après le succès qu’il remporta lors d’une mobilisation travailliste.

Lundi 10 octobre

SAJ «rodriguisé»

Il serait fort intéressant de savoir de qui vient l’initiative nom et stèle Anerood Jugnauth à Rodrigues.

Si la proposition est venue du chef commissaire Johnson Roussety, il serait facile de conclure que le chatwaisme a maintenant infecté Rodrigues. Si c’est Port-Louis qui a imposé ce nom, Roussety finira par faire des révélations.

D’autre part, Port-Louis et Port-Mathurin ont raté l’occasion d’honorer comme il le faut Antoinette Prudence qui joua un rôle de premier plan dans l’autonomisation de Rodrigues. On s’est contenté de donner son nom à une école primaire.

Il fallait aussi honorer dignement un grand Rodriguais, le défunt Hajee Bhai Fatehmamode, riche commerçant qui a donné l’électricité à Port-Mathurin et qui jadis assurait la paie des fonctionnaires quand l’argent tardait de rentrer de Port-Louis par voie maritime évidemment.

Mardi 18 octobre

Un super-show de Bhagwan

Ce mardi 18 octobre, lors de la rentrée parlementaire, la tradition de l’expulsion du député MMM Rajesh Bhagwan a été scrupuleusement respectée.

Le député pourrait-il, avec l’aide du speaker qui ne se fait pas prier pour agir comme le tapeur du gouvernement, songer à changer de scenario ? Pour donner un cachet vraiment international à son expulsion habituelle, Rajesh Bhagwan devrait concevoir une situation qui épaterait des centaines de millions de personnes de par le monde, y compris le président Joe Biden et le roi Charles. En effet, après son ordre d’expulsion, Rajesh Bhagwan devrait rester assis ou même utiliser de la power-glue pour se coller à son siège. Suivrait alors une opération manu militari pour l’extraire de son siège. Les images découlant de l’action désespérée des policiers et la capacité physique du député à résister à son expulsion obtiendraient sans conteste des centaines de millions de views dans le monde entier, exception faite de la Corée du Nord.

Mercredi 23 novembre

Malaise mauve

Il existerait un malaise au sein du bureau politique du MMM, rapporte l’express du 23 novembre. En même temps, on apprend qu’il y a eu d’autres démissions au niveau des instances régionales du MMM.

Le MMM a été le premier parti politique à Maurice à se doter de différentes structures que ce soit au niveau national que régional et ce depuis 1969 déjà. Les autres partis, le Labour, le PMSD, le CAM et l’Independent Forward Bloc, fonctionnaient plutôt sous le leadership charismatique de Ramgoolam, Duval, Mohamed et Bissoondoyal, avec de légères et flexibles structures.

Depuis fin 2019, le MMM subit lui aussi les pressions de leadership charismatique que favorise la culture politique particulière de Maurice. Et cela en raison de la montée en force de Joanna Bérenger, la fille de Paul Bérenger, dont le rayonnement dépasse les clivages politiques et sociologiques, ce qui explique l’immense soutien qu’elle bénéficia aux élections de 2019. Joanna Bérenger récolta plus de 5 000 voix en dehors du réservoir du MMM en 2019.

Une performance remarquable quand on réalise que le n°16 comprend un grand nombre de petits agriculteurs. Une telle fulgurance personnelle de la jeune et dynamique députée pourrait bien provoquer des étincelles lors de son interaction avec les structures traditionnelles rigides du MMM, un parti à vocation marxiste-léniniste-maoïste à ses débuts en 1969.

Jeudi 8 décembre

N°5 et 14 : changement de «majorité» ?

À la fin de novembre 2022, le pays comptait 976 032 électeurs, soit 21 196 de plus qu’en 2021.

Selon l’express du jeudi 8 décembre, les deux plus grosses circonscriptions du pays, c’est-à-dire Triolet/Pamplemousses et Savanne/Rivière-Noire, ont connu des augmentations de 2 125 et 1 664 nouveaux électeurs respectivement.

Avec leurs 68 000 et 64 000 votants, ces deux circonscriptions font l’objet d’une attention particulière de la part des spécialistes de communalisme et de castéisme scientifique dans les états-majors des grands partis politiques. En effet, avec l’implantation de ressortissants étrangers dans des villages côtiers de ces deux circonscriptions et des adhésions à des mouvements religieux venus des États-Unis, une nouvelle «majorité» s’y construirait graduellement. Un facteur qui pourrait bousculer l’ordre établi.

Mardi 13 décembre

L’équilibre de la terreur

On apprend dans l’express du mardi 13 décembre que l’audit des activités de Mauritius Telecom au cours des dernières années n’aurait servi à rien car aucun rapport ne sera publié.

Cet audit qui aurait coûté plusieurs millions a été réalisé par la firme américaine FTI consulting qui a fait venir des Yankees et des Indiens pour déterrer des cadavres cachés sous le règne de Sherry Singh.

Lors d’une émission sur Radio Plus le 4 juillet 2022 sur la démission de Sherry Singh, un intervenant avait évoqué l’existence de ce qu’on appelle «l’équilibre de la terreur» dans les stratégies de guerre. En effet, en cas de conflit entre deux belligérants, il y a une limite qu’on se garde bien de franchir en raison des dommages foudroyants et mortels que l’adversaire acculé pourrait infliger sur l’autre.

Dans le cas opposant Sherry Singh au pouvoir, il serait plus que certain qu’on n’utiliserait pas la bombe atomique contre l’ancien grand patron de MT car s’il se retrouve dans une situation désespérante, il pourrait lui aussi tout dévaster car il possède cette arme.

Évidemment, on cherchera à défaire ce que Sherry Singh a fait mais dans un pays où la culture de chatwa reste déterminante, les protégés de l’ancien patron seraient maintenant devenus ses pires détracteurs et cela en vue de sauver leur peau. Donc, pas de révolution post-Sherry à MT.