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«Law and Order»: des policiers accusés de torture, de trafific et «planting» de drogue, de meurtre...

28 décembre 2022, 21:00

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«Law and Order»: des policiers accusés de torture, de trafific et «planting» de drogue, de meurtre...

2022 aura été une année où la police a vivement été critiquée et se retrouve désormais au coeur de plusieurs scandales. Elle est aussi au banc des accusés après l’éclatement de l’affaire clé USB et de torture. Une série de plaintes pour brutalité policière débute et plusieurs victimes défilent au Central Criminal Investigation Department. L’Independent Police Complaints Commission prendra ensuite la relève.

Les actes de torture policière sont dévoilés au public sur la page Facebook de l’activiste politicien Bruneau Laurette, le 28 mai, et font le tour des réseaux sociaux. Les images montrant des hommes menottés et torturés avec des matraques électriques aux parties intimes suscitent l’indignation générale. Le panel d’avocats dit «Avengers» n’y est pas resté insensible ; il décide d’apporter son aide et d’accompagner les victimes d’actes de torture dans leurs dépositions. Cinq policiers affectés à la Criminal Investigation Division de Terre-Rouge, l’inspecteur Kailash Derochoonee déjà interdit de ses fonctions après avoir été arrêté par l’Independent Commission against Corruption dans une affaire de pots-de-vin, ainsi que le sergent Poonith Reedoye et le constable Keertiwansing Gokhool sont arrêtés le 30 mai pour «torture by public official». Quelques jours plus tard, c’est au tour du constable Baboo Ekantisingh Purgaus. Deux policiers de l’ex-Anti Robbery Squad du Sud sont aussi arrêtés après la plainte de Deepak Jeeool, un habitant de Plaine-Magnien, âgé de 45 ans, qui soutient avoir été torturé par des policiers de cette unité lors de son arrestation pour vol. 

Capture d’écran d’une des vidéos de torture policière qui ont fait le tour des réseaux sociaux.

Outre les plaintes des victimes, le commissaire de police (CP), Anil Kumar Dip, apprend que la police était déjà en possession de la clé USB contenant ces images de violence, et institue une enquête départementale. L’investigation conclut que l’assistant surintendant (ASP) Roshan Kokil a failli à sa tâche, et qu’il est «unworthy of the trust and confidence of his seniors and juniors». Le haut gradé, qui était affecté au Central Criminal Investigation Department, aurait réceptionné cette clé. Il est invité à prendre sa retraite anticipée. L’ASP Kokil n’est pas de cet avis et maintient avoir suivi toutes les procédures. Il conteste, par le biais d’une demande de révision judiciaire, la décision de la Disciplined Forces Service Commission et du CP Dip de le mettre à la retraite. 

Mise sur pied de la SST et «planting» allégué 

La Special Striking Team (SST), dirigée par l’ASP Ashik Jagai, voit le jour le 3 août. Cette unité, qualifiée d’élite, n’est pas épargnée par la controverse. Des personnes avancent que la SST a été créée pour cibler les adversaires politiques du gouvernement. Ce que réfutent les Casernes centrales, qui expliquent que cette unité a été créée pour traquer les caïds de la drogue et d’autres activités criminelles. La SST fera parler d’elle lors d’importantes saisies de drogue mais aussi lors de l’arrestation de personnalités publiques, à l’instar de l’avocat Akil Bissessur et de sa compagne Doomila Moheeputh. Le couple est arrêté à Palma au domicile de cette dernière, le 19 août. 

Lors de cette opération policière, 52 grammes de drogue de synthèse, estimés à Rs 260 000, sont saisis. Mᵉ Akil Bissessur maintient que la drogue a été «plantée» par la police pour le piéger. Après son arrestation, la police est une nouvelle fois pointée du doigt lorsque des vidéos intimes du couple sont fuitées. Le couple accuse la SST d’être à l’origine de cette fuite, vu que le portable de Doomila Moheeputh, qui contenait ces vidéos, avait été sécurisé par une woman police constable. 

Autre arrestation controversée, celle du Tiktokeur et chanteur du groupe 666 Armada, le 2 mai, pour possession d’héroïne d’une valeur marchande de Rs 10 millions. Lors de la perquisition à son domicile, à Roche-Bois, des bâtonnets d’explosif, une arme à feu et des munitions sont également retrouvés, selon la police. L’habitant de Roche-Bois de 26 ans, qui dit gagner sa vie dans le commerce de légumes et possède une échoppe au Victoria Urban Terminal, nie qu’il y avait de la drogue chez lui. Raquel Jolicoeur clame son innocence et avance aussi avoir été piégé. Il dénonce les membres de la brigade anti-drogue d’avoir endommagé les caméras de surveillance, qu’il avait fait placer chez lui, pour effacer les preuves de la sale besogne qu’aurait faite la police. Il avance aussi que les autres pièces à conviction saisies ne lui appartiennent pas. 

La SST refait parler d’elle lors d’une saisie chez l’activiste politicien Bruneau Laurette. Le 4 novembre, 46 kilos de haschich sont saisis dans le coffre de la BMW de l’activiste, ainsi que des armes à feu et une somme d’argent à son domicile à Petit-Verger, St-Pierre. La SST dit aussi avoir saisi 700 grammes de drogue synthétique qu’elle estime à Rs 3,5 millions. Mais après analyse, le Forensic Science Laboratory (FSL) conclura que ce n’est pas de la drogue synthétique, et Bruneau Laurette dira à la cour que ce sont des graines de chia. L’accusation provisoire de possession de drogue de synthèse est rayée le 28 novembre par la magistrate Jade Ngan Chai King. En revanche, les trois autres charges provisoires sont toujours maintenues, soit «possession of firearms», blanchiment d’argent et trafic de drogue. Les débats sont toujours en cours au tribunal de Moka. 

La police est aussi ébranlée par le crime sordide impliquant le constable Tayrish Buldy. Ce policier de 32 ans aurait poignardé de sang-froid la mère de son fils de deux ans, Sanjana Khoodeeram, 26 ans, avant de la brûler, le 18 novembre. Le policier avait publié des images violentes de leur altercation sur fond d’infidélité sur sa page Facebook avant de la tuer à coups de couteau. L’habitant de Riche-Mare avait entraîné de force la jeune femme à bord de sa voiture et l’a conduite dans un champ de canne à St-Julien-Village. Un planteur de la région alerte les autorités, le samedi 19 novembre, de la présence d’une voiture incendiée qui fumait toujours. Des pompiers et des policiers de Lallmatie se rendent sur les lieux. Les restes humains calcinés de la jeune mère de famille sont retrouvés dans la voiture. Elle bénéficiait d’une «protection order» contre le policier, dont elle disait être victime de violences. 

Dans l’affaire Wayne Attock, l’ADSU Western est pointée du doigt après que les images CCTV au domicile de ce dernier aient été visionnées par son avocat, Mᵉ Rama Valayden. La famille crie à l’injustice et allègue que des policiers de cette unité ont planté de la drogue chez lui à Baie-du-Tombeau. La vidéo publiée par Rama Valayden montre effectivement l’action qui met en évidence cette bavure policière, filmée par les caméras de surveilleance au domicile de Wayne Attock. On peut y voir des policiers, procédant à une fouille pour le moins bizarre ; l’un d’eux semble balancer quelque chose derrière un divan alors que son collègue vient «découvrir» ce que les enquêteurs présentent comme de la drogue quelques minutes plus tard… 

Depuis, avocats et internautes crient à la mise en scène, alimentant les théories de «planting». Selon la police, l’ADSU avait saisi 78,8 grammes d’héroïne d’une valeur marchande d’environ Rs 1 million et des bijoux en or lors du raid chez l’éleveur de porc, le 17 novembre. Toutefois, avec la pression qui monte, Mᵉ Valayden adressera plusieurs lettres au CP afin que des actions soient prises contre cette équipe. Finalement, les éléments de l’ADSU qui faisaient partie de l’opération sont mutés mais, au dernier moment, ce transfert est gelé. «L’ordre vient-il d’en haut ?» Personne aux Casernes centrales ne nous fournira d’éclaircissement. 

Un autre cas où un policier est arrêté, le 3 octobre. Trois véhicules sont interceptés par la SST de l’ASP Jagai à Rivière-Noire, aux petites heures du matin. Bilan de l’opération : sept arrestations, dont une d’un policier. Le constable Jonathan Rabot, affecté au poste de Terre-Rouge, était au volant de la fourgonnette. Les autres suspects arrêtés sont : Enzo Louis, Gérald Carmen, Bryan Ricco, Jean Meunier, Arman Allas et Jonathan Christian. 

Ces habitants de Grand-Baie, Pointe-aux-Piments et Notre-Dame sont soupçonnés d’opérer dans la région de Pointe-aux-Piments un trafic de drogue qui proviendrait sans doute de La Réunion. Le policier Jonathan Rabot révèle les noms de ceux qui lui ont donné une course à faire, dont celui de l’ex-policier Kenny Couronne. Il nie sa propre implication dans l’affaire depuis le premier jour.