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Laval Soopramanien: «Bann Agaléens pou get aktivité deryer fencing»

2 janvier 2023, 18:00

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Laval Soopramanien: «Bann Agaléens pou get aktivité deryer fencing»

Quel avenir pour les habitants d’Agalega ? Vont-ils bénéficier des infrastructures financées par l’Inde ou ne seront-ils que de simples spectateurs de ces développements ? Pour Laval Soopramanien, président de l’association Les Amis d’Agalega, il est peu probable que tout cela profite aux Agaléens, qui ne sont même pas propriétaires d’un bout de terrain.

La nouvelle piste d’atterrissage d’Agalega, devrait, sauf imprévu, entrer en opération cette année…

Nous parlons d’une piste internationale. J’espère qu’elle sera utilisée à bon escient avec des vols commerciaux qui ne vont plus contraindre une future mère de famille à venir à Maurice à seulement trois mois de grossesse ou un autre Agaléen en visite médicale à rester un an à Maurice.

Qui d’autre pourrait bénéficier des nouvelles infrastructures aéroportuaires et portuaires entièrement financées par l’Inde, en sachant qu’il n’y a toujours pas d’hôtels ou de chambres d’hôte pour les touristes ?

À Rodrigues, par exemple, on trouve des chambres d’hôte à chaque coin de rue pour accueillir des visiteurs mauriciens comme étrangers. Malheureusement, ce ne sera pas le cas à Agalega en 2023. C’est ce qui nous inquiète au sein de l’association Les Amis d’Agalega. Je ne vois pas un Agaléen sans qualification être employé comme bagagiste ni même comme technicien de surface à balayer l’aéroport. Raison pour laquelle nous plaidons pour que l’on puisse Put Agalean first. À ce jour, nous n’avons vu aucun programme pour l’intégration de la population dans ces projets. Nous regrettons et déplorons cette absence totale de communication entre les autorités et l’association Les Amis d’Agalega qui lutte depuis 20 ans pour le bien-être des Agaléens.

Pourtant, l’aéroport d’Agalega comprend aussi toutes sortes de bâtiments qui auront besoin de main-d’œuvre…

Soyons francs. Pa aster pé vinn dékouver Lamérik lor map. Ces bâtiments sont destinés à toute présence militaire ou autre qui s’y installera. Lors de mon dernier voyage à Agalega en 2019, j’avais dit «kan pou ris rido, fim pou zwé, éna pou kapav gagn ‘arrêt du cœur’».

Tout ça pour vous dire que je suis sûr et certain que ces infrastructures n’ont pas été construites exclusivement pour les Agaléens. Au contraire, les Agaléens pou get aktivité deryer fencing. L’éducation reste la seule arme pour l’intégration des Agaléens, natifs comme descendants qui sont à Maurice, dans ce développement.

 

«De tous les ministres qui se sont succédé, seule Fazila Jeewa-Daureeawoo avait montré un intérêt et avait tendu l’oreille aux agaléens.»

 

Un plaidoyer qui revient encore et toujours alors que le projet arrive à sa finalisation…

Le problème, c’est que depuis le départ, Les Amis d’Agalega lutte pour que les Agaléens puissent participer au développement. Malheureusement, les conditions de travail exécrables des travailleurs étrangers manuels employés par l’entrepreneur indien Afcons nous ont freinés. Par contre, nous saluons l’initiative d’Afcons qui a recruté des jeunes pour les former en mécanique, électrique, plomberie et autres. Ce qui leur permet, dont certains sont des nouveaux mariés, de faire bouillir la marmite. Cependant, au départ du personnel d’Afcons et à l’arrivée du colonel, du chef colonel ou autre qui s’y installera, que se passera-t-il ? Est-ce que la quinzaine de jeunes, hommes et femmes confondus, salariés depuis plus d’un an préserveront leur emploi ? La question d’après reste posée.

D’autres membres de la communauté locale peuvent-ils toujours espérer bénéficier de ces développements ?

On voulait acheminer deux pirogues à Agalega pour promouvoir la pêche. Mais l’autorité centrale nous en empêche alors qu’on aurait pu embarquer la population locale à bord. Nous plaidons également pour la relance de la production d’œufs qui est en nette régression depuis ces cinq dernières années. Lontan tiena bef, seval dan Agalega. Nou gran dimounn pa ti mank narnien. Aujourd’hui, c’est principalement du surgelé à un coût exorbitant. Sinon, il y a un groupe de femmes entrepreneures qui se sont lancées dans l’artisanat mais la barrière de la langue reste un obstacle, en prenant en compte que des Indiens ou autres étrangers débarqueront dans l’archipel.

Contrairement à Maurice et Rodrigues, les habitants d’Agalega demeurent des «gardiens zil» puisqu’ils ne sont toujours pas propriétaires d’un terrain ?

Exactement. De tous les ministres qui se sont succédé, seule Fazila Jeewa-Daureeawoo avait montré un intérêt et avait tendu l’oreille aux Agaléens. Elle avait même présidé un comité. Depuis qu’Agalega est passé sous la tutelle du bureau du Premier ministre, rien. Hormis l’effet d’annonce à chaque Budget, de construire des maisons de la NHDC. À ce jour, on n’a même pas vu de pose de première pierre. C’est triste. Moi-même j’ai perdu mon frère aîné il y a peu et je suis certain que ce n’est qu’une question de temps avant que les autorités ne reprennent sa maison et la cadenassent. Ça a été le cas pour d’autres défunts dans le passé. Il y a trois ou quatre maisons qui sont toujours fermées. Nous sommes à l’aube de 2023 et les Agaléens, qui sont aussi des Mauriciens, ne sont toujours pas propriétaires d’un lopin de terre. Cette rude bataille est primordiale pour nous au sein de l’association. Hormis les gros travaux que nous montre la MBC, pas une seule maison n’a été construite à Agalega.

Le manque de services de santé adéquats est toujours déploré alors qu’Afcons a fait construire un centre de santé mieux équipé. Les locaux en bénéficient-ils ?

Je me souviens qu’au démarrage du projet, feu Vidianand Bhantoo, ex-président de l’Outer Islands Development Corporation (OIDC) à qui je rends un hommage, avait affirmé qu’Agalega serait doté d’un hôpital cinq étoiles. Mais, des Agaléens avec, soit un bras fracturé, soit souffrant d’hémorragie ou de rage de dents et autres continuent d’être évacués à Maurice. D’ailleurs, à ce propos, le plan d’aide de Rs 4 000 à l’intention de ceux en déplacement médical instauré par la ministre Jeewa-Daureeawoo a été aboli. Une fois leur décharge de l’hôpital, aux Agaléens de se démener pour payer un logement jusqu’au départ du prochain bateau pour Agalega. Ce qui est loin d’être évident. Pourtant, les malades venant de Rodrigues ainsi que leur accompagnateur bénéficient chacun d’une allocation de Rs 300 par jour.

La situation n’est pas de tout repos non pour plus pour ceux qui succombent à leur maladie ici…

Si, par malchance, un malade décède, le rapatriement de la dépouille est maintenant compliqué. La dernière fois, un défunt est resté quatre-cinq jours à la morgue. Ce qui fait encore plus de peine à la famille endeuillée.

Pourquoi déplorez-vous toujours l’éducation dans l’archipel ?

L’éducation à Agalega est malade. Pa kapav gagn lédikasion aproximativ! Les enfants d’Agalega qui sont des enfants de la République ont aussi droit à un personnel qualifié à l’école. D’habitude, quelque six ou sept Agaléens parviennent jusqu’au HSC par an. Là, nous n’en avons que deux. Pareil, auparavant nous avions six enseignants compétents de Medco. En 2022, on en compte seulement trois. Il n’y a pas d’enseignant d’accounts non plus. Ki nou bizin konpran? Pa pou gagn accountant dan Agalega? Les enseignants catholiques du primaire ont aussi fait très bien dans le passé et on voyait le résultat avec le taux de réussite.

 

«Une lutte qui aura 20 ans en 2023 mais qui, hélas, n’a pas beaucoup de soutien. Sans compter que nos suggestions tombent la plupart du temps dans l’oreille d’un sourd.»

 

Qu’est-ce qu’il vous reste à faire face à toutes ces doléances ?

Agalega est la seule circonscription qui compte cinq députés issus de différents blocs politiques. Ena promet lesiel, later. Notre association travaille dans l’ombre. Une lutte qui aura 20 ans en 2023 mais qui, hélas, n’a pas beaucoup de soutien. Sans compter que nos suggestions tombent la plupart du temps dans l’oreille d’un sourd. Dans le passé, en tant que président de l’Agalega Island Council, j’ai pu faire ouvrir une boulangerie dans l’île du Sud qui, avant cela, devait attendre que la marée soit idéale pour avoir du pain de l’île du Nord. Les Amis d’Agalega accompagne actuellement deux enfants nés de parents agaléens dans leurs études. Nous hébergeons également des jeunes et moins jeunes de passage à Maurice avec la bénédiction de la National Social Inclusion Foundation.

Comme nous sommes en manque de fonds, nous plaidons pour la création d’un Agalega Welfare Fund Board, avec un budget adéquat qui pourra accompagner des Agaléens et descendants d’Agaléens qui sont à Maurice, et demandons aussi davantage de responsabilité sociétale des entreprises.

Notre association ne fait pas de politique partisane ni n’est là pour conseiller le Premier ministre. Les trois lettres que nous lui avons adressées sont restées sans suite et nous ne pensons pas que cela changera jusqu’aux prochaines élections. Nous déplorons aussi l’absence de communication entre l’OIDC et Les Amis d’Agalega.

Comment voyez-vous l’avenir de l’archipel où sont nés vos parents ?

Une menace d’exode vers l’Angleterre plane avec le nombre de descendants de Chagossiens dans l’archipel. Si cela se précise, ce sera un problème pour Agalega où nous n’avons toujours pas the right person at the right place. D’où notre appel aux compétences au sein de la communauté. Nous avons déjà perdu de bons éléments avec trois départs pour l’étranger cette année. Certes, c’est pour leur bien mais la communauté doit pouvoir prendre la relève. Zordi, dimin, Boeing pa Boeing, fim-la pou zwé dan Agalega.