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Enquête | «Simik papyé»: les trafiquants écrivent un nouveau chapitre

15 janvier 2023, 13:00

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Enquête | «Simik papyé»: les trafiquants écrivent un nouveau chapitre

On croirait de banales feuilles de papier. Depuis quelques mois, les autorités ont noté que cette drogue, un dérivé du synthétique, s’est largement propagée. Son avantage : elle est très difficile à détecter.

Le simik papyé se répand comme une traînée de poudre selon nos informateurs. Cette drogue, qui se sert justement du papier comme support’, donne du fil à retordre aux policiers. Au fil des semaines, il devient de plus en plus facile de s’en procurer… «Boukou plis trafikan pé vann sa, parski difisil gagn trapé ek li», confie-t-on. Une dose – quelques centimètres de papier – est vendue à Rs 100. Mais ceux qui en consomment disent que l’effet est beaucoup plus intense que le simik normal. Encore méconnue il y a quelques mois, cette drogue synthétique est ainsi actuellement en plein essor sur le marché local. 

Le simik papyé, aussi appelé simik konfeti, est une drogue synthétique sous la forme d’une feuille de papier. Selon notre source, les matières premières sont importées et mélangées. On obtient alors un liquide qui est aspergé sur du papier qu’on laisse sécher pour obtenir le produit final. D’autres sources expliquent que dans certains cas du papier normal est plongé dans le liquide puis mis à sécher. «La drogue synthétique est alors imbibée dans le papier.» Le coût d’une feuille de papier taille A4 tournerait ainsi dans les Rs 30 000à ce jour. Elle est alors découpée en lamelles puis vendue Rs 100 pièce. Ce petit papier – à ne pas confondre avec le papier servant à rouler du tabac ou de la drogue – est alors mélangé avec du tabac, puis fumé (voir photo). 

La composition du liquide utilisé reste à déterminer car elle varie très souvent. Parmi les produits utilisés, on retrouve de l’acétone, du primer, du Baygon ou encore du benzine, entre autres. «Ena ankor zafer zot azouté, ziska lapintir.» Les papiers saisis par l’Anti Drug & Smuggling Unit lors de l’arrestation du chanteur Jean Kersley Lafolle, connu comme Tikkenzo, en septembre dernier ont été envoyés au Forensic Science Laboratory pour analyse. Le rapport a bel et bien confirmé qu’il y avait la présence de substances illicites. Toutefois, il n’y a quasiment pas de différence avec du papier normal... 

Le simik papyé est un peu plus fin que le papier ‘lambda’ cependant et ne comporte aucune odeur de drogue quelconque. De plus, les deux sont de la même couleur. Comment les consommateurs peuvent-ils différencier les deux et ne pas se faire berner ? «Kan to trap li li diféran. Il y a aussi la sensation lorsque tu fumes. Je connais beaucoup de jeunes qui optent pour le simik papyé désormais», confie un toxicomane. Il explique d’ailleurs que lui et ses potes craignent moins la police quand ils en ont en leur possession. «Lot fwa-la gard finn aret mo kamarad, in gagn séki fini découpé ek li, létan inn démann li ki été sa, lin dir so mama finn fer pass ek sa ek inn donn li sa koumma enn proteksion...» Les policiers l’ont laissé repartir avec. D’ailleurs, certains hommes en uniforme ne savent toujours pas ce que c’est, n’en ont même jamais entendu parler… 

Du côté de la police, on avoue que ce papier d’un nouveau genre inquiète. «Le simik papyé est un bon moyen de passer entre les mailles du filet.» Notre source au sein des forces de l’ordre dit avoir effectivement noté qu’il y a une grande demande en ce moment. «Nous avons pu procéder à des saisies uniquement basées sur des renseignements confirmés. Ou, par exemple, si lors d’une opération, nous voyons des morceaux de papier découpés anormalement et en quantité. Lerla nou koné ki pa ziss enn kwinsidans sa, bizin ladrog mem.» D’avouer : «Mais s’il y a des piles de papier sur un bureau, vous pensez qu’on pourra dire que c’est de la drogue ou aller faire analyser toutes les feuilles de papier qu’on voit lors de nos opérations ? C’est un travail colossal…»