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Bébé Sisi : Un nourrisson, mille maux
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Bébé Sisi : Un nourrisson, mille maux
On l’appelle Sisi (nom d’emprunt) depuis sa naissance. Avant même qu’elle ne prononce ses premiers mots, elle doit faire face à tant de choses. Hormis la maladie, c’est le système qui gangrène son existence...
Cette affaire a éclaté le samedi 22 octobre 2022. L’île Maurice apprend, en fin de soirée, qu’un nourrisson de trois mois à peine, qui était au shelter l’Oiseau du Paradis, géré par le ministère de l’Égalité des genres et du bien-être de la famille, a été admise à l’unité des soins intensifs néonatale (NICU).
Après son hospitalisation, l’Entry book du fameux shelter a été dévoilé sur les réseaux sociaux par l’activiste Bruneau Laurette. Selon les informations s’y trouvant, il semblerait que bébé Sisi aurait subi des formes de négligence. Celles-ci comprennent le fait de ne pas avoir été alimentée toutes les trois heures, comme tout bébé de son âge, sous prétexte qu’elle dormait. Lorsque son état s’est empiré dans la nuit du 20 au 21 octobre 2022, personne n’était au courant ; ce n’est que le lendemain matin que les Caregivers, qui devaient s’occuper d’elle et veiller sur elle pendant toute la nuit, se sont rendu compte qu’elle n’allait pas bien du tout.
Elle est restée environ trois mois à l’hôpital pour combattre la méningite aiguë dont elle souffrait et les séquelles qui l’accompagnent. Mais alors que son état s’est amélioré et qu’elle pouvait enfin sortir de l’hôpital, il y a 15 jours, un shelter du ministère de la l’Égalité des genres et du bienêtre de la famille n’a pas souhaité l’accueillir. «La petite demeure à l’hôpital. Une Carer s’y rend tous les jours pour la voir mais elle reste à l’hôpital», soutient une source.
Une réalité difficile à avaler, surtout pour certains médecins et membres du personnel soignant, qui doivent s’occuper de ces enfants alors qu’ils ne sont pas malades et ce, aux dépens des enfants vraiment malades. Sous couvert de l’anonymat, certains confient qu’encore une fois, le ministère pense que les hôpitaux sont des couvents. «Nous ne finirons jamais de le dire : un enfant sain n’a rien à faire à l’hôpital. La Child Development Unit (CDU) nous emmène presque tous les jours des enfants sains, qui restent à l’hôpital, des fois pendant plus d’un mois. Dans le cas de ce nourrisson, après tout ce qu’elle a enduré, lopital pa enn plas pou li continié resté aster ki linn bien», confie un employé de l’hôpital Sir Seewoosagur Ramgoolam National (SSRN) où Sisi se trouve toujours. Un médecin ajoute que ce n’est pas seulement dangereux pour elle, un enfant fragile, qui est née prématurément avec des problèmes cardiaques. «Un hôpital est un lieu où on peut attraper toutes sortes de bactéries. Un enfant sain n’a rien à y faire.»
La députée rouge Stéphanie Anquetil a parlé de cette affaire lors de sa conférence de presse du lundi 30 janvier. Elle a souligné le cas de ce bébé qui peut sortir de l’hôpital mais dont personne ne veut prendre la charge, ajoutant que la maman de la petite, ainsi que sa grand-mère, n’ont pas été mises au courant de son état de santé. «Elles ne savaient même pas que la petite allait mieux et qu’elle avait obtenu sa ‘décharge’. Cette enfant n’est pas une orpheline et pourtant, rien n’est fait pour que sa mère ou que sa grand-mère puisse la récupérer», a expliqué Stéphanie Anquetil.
Le fait que sa mère biologique n’a pu avoir sa garde et n’a pas informé de son état, va à l’encontre du Children’s Act. En effet, comme le stipule la section 4 (1) de ce texte de loi : «Inform any person having parental responsibilities and rights in respect of the child of the outcome of any proceedings, act or decision relating to the child.» Selon les provisions de cette loi, il est clair que dans le cas de ce bébé, on va à l’encontre non seulement de ses droits mais aussi de ceux de sa mère. Alors même qu’elle est en ce moment à l’hôpital, parce qu’aucun shelter ne veut «prendre sa responsabilité», ni sa mère ni sa grand-mère ne peuvent le faire sous prétexte que le passé de la maman ne le permet pas. Le ministère n’a pas répondu à nos appels.
L’Oiseau du Paradis : Une semaine sans électricité pour les enfants et les nourrissons
Cela fait une semaine que les enfants et les nourrissons du «shelter» de l’Oiseau du Paradis à Cap-Malheureux doivent dormir dans la chaleur extrême du Nord, à plusieurs dans une chambre, sans climatiseur ou même pas un ventilateur. La cause ? Depuis les inondations de la semaine dernière, il n’y a plus d’électricité. Et malgré que le ministère ait été averti, révèlent nos sources, il n’aurait pas encore fait le nécessaire. «Bann zanfan la mort dé so aswar ek péna lalimier.» Pas d’électricité, pas de télé et encore moins d’internet ou d’ordinateur. «Hier, lorsqu’on a affirmé que les cours se feraient en ligne, tous ces enfants n’y ont pas eu accès car les équipements ne fonctionnent pas à cause de la coupure d’électricité.» D’ajouter qu’une grande partie de la nourriture est périmée.
D’ailleurs, selon nos sources, la dénommée M.P., qui avait été suspendue pour agression sur mineurs dans ce «shelter» de Cap-Malheureux en 2019, reprendra le travail dans ce même abri à partir de la semaine prochaine. Nous avons essayé de contacter la responsable de communication du ministère de l’Égalité des genres et du bien-être de la famille pour obtenir des réponses à nos questions mais elle est restée injoignable.
Les «Caregivers» suspendues après trois mois
Le 14 novembre 2022, quatre «Caregivers» qui travaillaient à l’Oiseau du Paradis sont arrêtées dans l’affaire de bébé Sisi. Deux autres le seront le 16 novembre. Toutes les six ont été arrêtées sous une accusation provisoire de «Ill-treatment of child under the Children’s Act 2020». Elles ont toutes pu regagner leur domicile après avoir fourni une caution de Rs 10 000.
Un «Fact-finding committee» a été institué pour connaître les dessous de la maltraitance alléguée envers cette enfant mais, même après avoir soumis le rapport, personne n’en connaît les retombées. Ce qui étonne le plus, c’est que ces six «Caregivers» n’ont été formellement suspendues que le 26 dernier. C’est-à-dire plus de trois mois après avoir été arrêtées alors qu’elles auraient dû l’être, comme la loi le stipule, au-moins dix jours après les allégations. Selon nos sources, jusqu’au 26 janvier, elles passaient leurs journées dans la salle de conférence du National Children’s Council, comme si de rien n’était...
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