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Lauréats: les «petits» jouent dans la cour des grands

12 février 2023, 12:00

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Lauréats: les «petits» jouent dans la cour des grands

Il y a quelques années encore, les lauréats étaient l’apanage des «star schools» dont le QEC, le RCC, le RCPL, le CSE ou le LCQB pour ne citer qu’eux. Mais les choses ont changé. Désormais, boursiers et classés sont issus d’autres établissements, considérés autrefois comme des «petits collèges». La réforme est-elle donc un succès à ce niveau ?

Si pendant longtemps, les collèges d’élite se taillaient la part du lion au niveau des lauréats du Higher School Certificate (HSC), ces dernières années, le palmarès est partagé par d’autres établissements régionaux, publics et privés. Pour la cuvée 2022, on compte cinq de ces collèges contre dix de l’élite à avoir eu des lauréats. A quoi est donc attribué le succès de ces «petits» collèges qui se démarquent par leurs grandes performances ? La réforme éducative y a-t-elle contribué ?

Arvind Bhojun, président de l’Union of Private Secondary Education Employees, affirme que celle-ci aura eu un impact dans une certaine mesure. Par exemple, ditil, les académies n’accueillent plus d’élèves à partir de Grade 7. «Ceux qui obtenaient de meilleurs résultats optaient seulement pour des collèges d’élite auparavant. Désormais, ils poursuivent leur scolarité dans leur établissement régional. C’est pour cela qu’on voit des lauréats issus d’établissements qui ne décrochaient pas de boursiers auparavant.» Le fait que des collèges confessionnels et régionaux décrochent des lauréats est attribuable au travail assidu. Il estime que cela est dû à un encadrement adéquat et à un bon leadership. «Les bons leaders parviennent à créer cet environnement favorable en sus d’accorder aux élèves les facilités nécessaires. C’est pour ces raisons que ces collèges régionaux produisent de tels résultats. Mon souhait est que les autorités encouragent les élèves de ces établissements privés qui fournissent beaucoup d’efforts et accomplissent de belles performances.»

Discipline et encadrement

Revenant sur la réforme, un spécialiste de l’éducation s’attarde sur l’objectif qui est de réduire l’écart entre les collèges d’élite et les autres établissements. «Je n’en suis pas convaincu. La réforme de l’éducation ne s’est jamais attardée sur le problème des lauréats. Pourquoi des petits collèges en décrochent ? À mon avis, des élèves qui démontrent des compétences restent dans leur établissement régional au lieu de migrer vers un collège d’élite. Finalement, ces petits collèges ont mis le paquet sur ces enfants-là en termes de tutoring, d’encadrement et d’accompagnement, fabriquant ainsi des lauréats.» Pour lui, ces collégiens ont reçu un encadrement sur une base de one-to-one, ce qui a fait une grande différence.

Pour sa part, Ramdass Ellayah, manager du collège Bhujoharry et président de la Managers of Private Secondary Schools Union, souligne que la réforme éducative a porté ses fruits puisque certaines écoles affichent de meilleures performances d’année en année. Il souligne en outre que des établissements régionaux accueillent souvent des élèves qui s’avèrent être des late developers. «Cela implique qu’il faut accorder une plus grande attention aux élèves et qu’il faut travailler différemment», confie-t-il.

Quelle est donc la formule magique des collèges régionaux qui obtiennent des lauréats ? Pour Sadek Polin, manager de Doha Secondary School, qui en a décroché deux, la discipline et la gestion sont les ingrédients principaux d’un tel succès. «En 2016, nous avions déjà eu une lauréate. Par la suite, sept de nos élèves sont devenus boursiers sur la base de critères sociaux. Cette année, nous avons deux lauréates dans les filières scientifique et artistique (NdlR : l’une d’elle ayant appris la nouvelle alors qu’elle est en Arabie saoudite). Cette performance est liée à la discipline des enseignants, du personnel non-enseignant et des élèves. Sans cela, comment travaillerait-on ? On met beaucoup d’accent sur cet aspect. Deuxièmement, le management s’assure que le travail est bien fait. On effectue un contrôle continu.» Ces deux lauréates sont «nos élèves depuis l’école primaire», poursuit-il.

Aishah Taqwaa Beebee Bhugaloo, lauréate, en compagnie de ses proches.

Quid du rôle de la réforme ? Pour lui, cela ne change rien si les élèves veulent être transférés vers les académies ou rester dans leur établissement initial. «On a plusieurs qui ont préféré continuer leurs études avec nous. Nous avons forgé cette confiance. S’ils devaient partir, cela n’aurait posé aucun problème. Peu importe la réforme qu’on veut instaurer, nous continuons notre travail pour obtenir des résultats.»

Sabina Allybokus, rectrice de la Belle-Rose State Secondary School, qui compte une lauréate dans cette cuvée et d’autres antérieurement, souligne qu’au sein de son établissement, l’encadrement est vital. «On s’assure que les enseignants du collège comprennent les enjeux. Le système mauricien n’a pas de teaching standards as such comme dans d’autres pays. Ici, on met sur papier ce qu’on attend des éducateurs», déclare-t-elle. Dans son collège, enchaîne-t-elle, on prône la formation continue. Les enfants sont surtout intéressés par les pourcentages et points avec le système élitiste qui prévaut.

Elle a alors exposé aux enseignants l’importance de donner aux élèves du qualitative feedback. «Ainsi, après un devoir, l’enseignant explique aux élèves les bons côtés et identifie les problèmes. Sur ce nombre, il va considérer ce qui est prioritaire comme axe d’intervention. Par exemple, si c’est le passé composé, l’élève aura des devoirs à faire en fonction de cela, à rendre en deux ou trois jours. Je ne me contente pas simplement d’une remarque comme ‘can do better’», fait-elle valoir. Un principe adopté par bon nombre de ses enseignants.

Parallèlement, l’approche est centrée sur l’apprenant. «La réforme est un joli document préconisant de belles choses. Mais c’est aux chefs d’établissements de faire en sorte de mettre en place le contenu ; c’est ce que j’ai fait. Parmi les choses accomplies, il y a le développement professionnel. On a beaucoup fait pour l’enseignement et les méthodes nouvelles. Rien n’est imposé. Si cela peut faire une différence dans une classe, on leur donne un coup de main.» Un petit livret a aussi été compilé sur environ huit méthodes pédagogiques suivant les mises en application.

Yogesh Sanmukhiya, recteur du collège Modern à Flacq, affirme que l’établissement a commencé à avoir des classés au HSC depuis 2007. «Les élèves, parents, enseignants et gestionnaires du collège ont travaillé et œuvré de manière collaborative pour continuer sur cette lancée. Ainsi, en février 2013, nous avons décroché la première lauréate, suivie d’autres en 2017 et 2020.» Selon lui, c’est le résultat d’un travail d’équipe qui a su décortiquer la pédagogie qui doit être appliquée à ce niveau d’études. «Cela demande un type de préparation spécifique qui peut être reproduit avec d’autres élèves, y compris ceux en situations de handicap.»

Flash-back

<p>En novembre 2015, une nouvelle réforme éducative est annoncée. Elle met fin au Certificate of Primary Education l&rsquo;année suivante et introduit le Primary School Achievement Certificate en 2017. Ces changements abolissent alors les termes &laquo;Standard&raquo; au primaire et &laquo;Form&raquo; au secondaire. Les classes sont désormais désignées en termes de &laquo;Grade&raquo; dès janvier 2017.</p>

<p>Aussi, le nine-year schooling prend effet alors que les examens nationaux sont prévus en Grade 9. L&rsquo;introduction de 12 académies à partir de Grade 10 est également au menu. Les établissements convertis en académies sont : Dr Maurice Curé State College, Droopnath Ramphul State College, Forest-Side State Secondary School, G.M.D Atchia State College, John Kennedy College, Mahatma Gandhi Institute, Queen Elizabeth College, Royal College Curepipe, Royal College Port-Louis, Sookdeo Bissoondoyal State College, Sir Leckraz Teelock State Secondary School et Sir Abdool Raman Osman State College.</p>