«Il n’a jamais été question de pénurie de drogue sur le marché, que ce soit en période de confinement, lors des plus grosses saisies faites par la police et aujourd’hui encore moins même si le présumé caïd de l’Ouest, Jean Hubert Celerine, alias Franklin, est derrière les barreaux depuis le 7 février dernier.» Déclaration d’un haut gradé de l’Anti Drug & Smuggling Unit (ADSU) à une question de l’express hier soir. Ce dernier, dont l’équipe est amenée à «travailler» le terrain régulièrement dans cette région de l’île, à Bambous, Tamarin ou encore Rivière-Noire, indique que c’est «business as usual». Que ce soit pour le cannabis, la drogue synthétique ou encore les drogues dures comme l’héroïne. «Il y a certes d’autres trafiquants mais nous pensons que Franklin n’agit pas seul. Il aurait ses ‘dimune’. Si li li pa la, pa veu dir ki so cargaison ki fini.»

Notre interlocuteur poursuit en donnant plus d’informations sur un réseau de drogue. «Même si le cerveau n’est pas là en présentiel, il donne les ordres, les consignes. Ce sont alors à ses hommes de prendre le relais. Il faut garder en tête que le plus gros travail dans le trafic est fait par eux d’ailleurs, parmi la distribution.»

La drogue qui coule à flot. Un constat du travailleur social Percy Yip Tong. Si ce dernier ne veut pas parler de Franklin, il a tout de même accepté de donner son point de vue sur la situation actuelle dans la région. Pour lui, il y a une amplification du fléau à Rivière-Noire. «Il y a de plus en plus de jeunes consommateurs mais aussi beaucoup plus de filles qu’auparavant. J’ai moi-même chaque jour des parents qui viennent me voir pour trouver des centres pour leur enfant. Si à un moment donné, il y a un manque de drogue sur le marché dans un quartier, les usagers peuvent toujours se tourner vers d’autres fournisseurs. Cela n’a jamais été un problème. Moi je peux vous dire qu’il n’y a pas de pénurie en ce moment ici.»

Il explique que les Rs 13 milliards de drogue saisie depuis 2015, chiffre annoncé en grande pompe par Pravind Jugnauth lui-même lors d’une fonction officielle à la douane récemment, ne représenteraient que 10 % de la drogue qui entre dans le pays. «Cela veut dire qu’il y a environ Rs 130 milliards de drogue qui ont été mises sur le marché. Kuman kapav ena pénurie ?»