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Roches-Noires: Passage... sans accès
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Roches-Noires: Passage... sans accès
Une journée plutôt ensoleillée et calme sur la côte à Roches-Noires. Entre les deux accès publics à la plage les plus éloignés, l’interminable tranchée de bungalows privés s’étend sur environ deux kilomètres. Au milieu, absolument aucun moyen d’accéder à la plage, sauf un petit passage permettant un accès total aux piétons et limité aux voitures des résidents et aux véhicules d’urgence. Devant ce petit passage, un panneau installé par le conseil de district de Rivière-du-Rempart nous accueille.
Curieux, on descend pour se diriger vers la plage et découvrir la vue qu’elle pourrait nous offrir. À mesure qu’on avance, on se rend compte que le petit passage n’a pas été entretenu depuis longtemps. Des noix de coco séchées, de larges feuilles et de l’herbe indomptée obstruent notre parcours. On aperçoit également une canette de bière, qui nous indique que ce coin est habituellement visité. Devant nous, un couple d’étrangers se tient au bout du passage pendant un moment. Pourquoi ne se diriget-il pas davantage vers la plage ? Nous nous demandons.
À notre grande surprise – et consternation –, en arrivant au bout du passage, on constate qu’il n’y a absolument aucun moyen d’accéder à la plage. La raison : le passage étant au niveau de la route, la plage et le niveau de la mer se trouvent environ deux mètres en dessous. Même si le passage se termine par la même limite que les autres bungalows avoisinants, il n’y a absolument aucun perron construit par les autorités pour permettre aux piétons de descendre sur la plage et se balader. Par contre, on constate que les bungalows situés à côté du passage ont tous des perrons permettant aux résidents et aux propriétaires d’accéder à la plage et de profiter de l’expérience «pieds dans l’eau». Bref, un passage piétons vers la plage qui ne donne aucun accès à la plage et nous contraint à nous arrêter à un cocotier, bien au-dessus du niveau de la mer, à côté d’une tranchée interminable de villas privées qui, forcément, restreignent l’accès public à la plage. À quoi cela sert-il vraiment alors ? On se le demande.
«C’est dommage, car c’est vraiment une belle plage offrant des vues apaisantes et envoûtantes mais nous ne pouvons pas y aller», dit le couple d’étrangers, en repartant. Sur place, on aperçoit deux bateaux privés en mer et la vue calme et pittoresque d’une plage très propre. Après quelques instants, nous décidons de partir également. Sur la route, à proximité du passage, deux jeunes hommes se déplacent à vélo. Habitants de l’Est, ils viennent généralement sur la plage pour pêcher. «C’est le seul passage aménagé mais on ne peut pas vraiment l’utiliser, car il n’y a pas de perrons. La seule option est d’aller plus haut, ou plus bas, à la partie de la plage qui offre l’ accès au public et de marcher jusqu’ici pour la vue», disent-ils. Combien de temps met-on ? «Pa koné, li bien loin sa», nous disent-ils.
En descendant plus loin vers un premier accès à la plage, on aperçoit une résidente de l’un des bungalows sortant de sa propriété. On lui demande si elle est au courant de la mise en place du passage public. «Wi mé pa kapav servi.» Alors, comment les gens se rendent-ils à cet endroit, demandons-nous. «On ne peut pas car les deux seuls accès publics à la plage sont par ici (NdlR : vers le pont) ou plus haut sur la route. Mais ce n’est pas non plus faisable car le terrain est très rocheux et la mer est profonde. Cela peut vous prendre beaucoup de temps. Ou kapav trasé touzour», nous dit-elle. Ainsi, on profite de cet accès à la plage pour essayer d’y accéder, mais en vain car il n’y a pas de passage public pratique. Une grande partie de la terre sur laquelle on pourrait marcher est la propriété privée des propriétaires de bungalow et ce qui reste pour l’usage public n’est pas pratique pour marcher. Par conséquent, on change d’avis.
Direction donc plus haut vers l’autre accès pour essayer d’accéder à cette plage magnifique. On met au moins dix minutes pour y parvenir en voiture. Pendant que l’on marche, on arrive à peine à garder l’équilibre, à traverser des rochers et à faire de notre mieux pour ne pas tomber et nous blesser. Une vingtaine de minutes plus tard, nous transpirons à grosses gouttes lorsque on arrive enfin sur place. Les propriétaires de bungalows et résidents sont plutôt surpris de nous voir. On suppose qu’ils ne sont pas habitués à voir des non-résidents accéder à la zone. Ou encore, ce n’est pas tous les jours que l’on traverse des rochers et que l’on marche aussi loin juste pour admirer le paysage.
Le paysage est impressionnant et les bungalows sont tous bien entretenus. Toutefois, le petit passage public semble exister sans raison, car le niveau du sable et de la mer est très bas. On ne peut ni monter, ni sauter. Alors que l’on tente de retourner, des questions nous restent à l’esprit : à quoi cela sert-il de placer un panneau et d’induire les gens en erreur ? Pourquoi créer un passage public pour piétons alors qu’il aboutit à une impasse en premier lieu ? Ou la construction éventuelle de perrons est-elle prévue pour que le public puisse profiter de ce magnifique paysage marin paisible ? À l’heure où nous mettions sous presse, une réponse du conseil de district de Rivière-duRempart était toujours attendue.
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