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Drame à Mare-Longue: un ingénieur détecte des anomalies
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Drame à Mare-Longue: un ingénieur détecte des anomalies
Plus de dix jours après le drame survenu à Mare-Longue, drame ayant coûté la vie à deux pèlerins d’Albion et blessé plusieurs autres, les interrogations se multiplient. La ligne à haute tension du Central Electricity Board (CEB) est la cible de toutes les critiques. Les précédents communiqués du CEB viennent réfuter ces accusations, soutenant que la faute ne doit pas être imputée au CEB mais plutôt aux pèlerins qui transportaient un kanwar géant de 22 pieds. C’est quand il est entré en contact avec la ligne aérienne à haute tension de 66 000 KV et placée à sept mètres du sol que l’électrocution des pèlerins a eu lieu. Qui dit vrai ? Qui croire ? Tentatives d’explications.
La question a été posée à un ingénieur électricien et expert du réseau électrique et celui-ci relève plusieurs anomalies. «Je maintiens que le sag level, c’est-à-dire le niveau d’autorisation de sécurité, n’a pas été respecté par le CEB. (…) Je constate que les hauteurs de sécurité n’ont pas été respectées. (…) Il est de la responsabilité du CEB de s’assurer que les distances de sécurité soient respectées en fonction du voltage», explique le professionnel. De plus, poursuit-il, l’incident s’est produit sur une pente. Aucune précaution n’a été prise pour maintenir les dégagements en installant des poteaux plus hauts au bas de la pente.
Autre point soulevé par l’ingénieur: la ligne aérienne qui empiète sur la route plutôt que d’être en bordure. «Il s’agit d’un défaut de conception et d’un manque de contrôle qualité de la part du CEB. Nous avons besoin de l’Occupational Health and Safety Inspectorate pour enquêter correctement sur cet incident.» Or, explique l’ingénieur, le CEB ne serait pas en conformité avec l’Occupational Safety and Health Act de 2005 car l’organisme ne disposerait pas du nombre requis de Security Officers enregistrés face à la taille de l’organisation. De plus, depuis que le dernier Security Officer enregistré a pris sa retraite, il est entendu que le service de transmission et de distribution n’aurait personne pour superviser ses opérations.
L’ingénieur, en s’appuyant sur les photos et autres cartes de la région, est convaincu que la portée des poteaux est trop éloignée. Il s’explique. «En fait, une section de 800 m à 1 km a été modifiée par rapport à la conception originale. Cela a commencé lorsqu’une troisième voie a été mise en service juste après Jet Ranch et l’intersection de Mare-Longue. Tous les poteaux sont numérotés. Là où l’accident s’est produit, la portée se situe entre les pôles 293 et 294. Lorsque la section a été modifiée, la distance entre les travées - c’est-à-dire la distance entre les tours - n’a pas été respectée. Il me semble qu’il manque plus de six à huit poteaux.»
Selon lui, les distances de portée doivent être d’environ 35 à 40 m. «Le profilage des lignes aériennes ne l’était pas non plus. De plus l’Electricity Act n’est pas respectée car nous n’avons pas à la fois de dégagement vertical et horizontal de 7,5 mètres. Les dégagements horizontaux signifient que le poteau aurait dû être à 7,5 mètres de la route et de toute autre structure, y compris les arbres.»
Le pire, dit l’expert, il y a une différence de dégagements entre l’ancienne loi de 1939 sur l’électricité et la nouvelle loi de 2022. «L’ancienne dit 20 pieds, c’est-à-dire 6 mètres, la nouvelle dit 7,5 mètres. Des règlements ont été publiés l’année dernière en juin 2022 et le CEB n’a rien fait en ce qui concerne cette non-conformité.»
Pour lui, cette section de 1 km ne serait pas conforme à la conception internationale et à l’Electricity Act. «Les portées sont sporadiques. Un des poteaux se trouve sur la route. Sur cette portée, il aurait dû y avoir au moins quatre poteaux. Cette distance est supérieure à 60 mètres.» Plus loin, il indique la distance à laquelle doivent se trouver les poteaux (Voir photo). «C’est la conception non modifiée. Il s’agit d’une conception parfaite avec un minimum d’accrochage de 300 à 600 mm sur les travées.»
L’ingénieur fait ressortir que la ligne à haute tension aérienne se trouve sur le chemin du retour. «C’est de ce côté qu’il y a eu un problème de dégagement. (…) Je vois un problème de dégagement avec la ligne aérienne de 66 000 KV du CEB.» Il fait ressortir que 66KV est le voltage le plus élevé à Maurice. «Le câble traverse trois fois la route à Pétrin. Et le seul endroit où il a survolé le milieu de la route, c’est sur le lieu de l’accident.»
Si certains témoins affirment avoir vu une brindille sur le câble à haute tension le jour du drame, l’ingénieur électricien explique que la brindille peut être testée pour savoir si elle a été cassée sous tension ou fondue lorsque le câble est défectueux.
Il explique qu’en tant qu’ingénieur et connaissant la structure du CEB, c’est un ingénieur principal qui est responsable des systèmes de transmission, c’est-à-dire uniquement le système 66 KV. «Quand la dernière inspection a-t-elle été effectuée et pourquoi cette non-conformité n’a-t-elle pas été signalée et, pire encore, pourquoi n’a-t-elle pas été résolue ?» Il fait ressortir que le département de transmission dispose également d’un drone avec caméra infrarouge intégrée pour inspection. «Quand ce drone a-t-il été utilisé pour la dernière fois ?» s’interroge-t-il.
Autre question qui l’interpelle : «Pourquoi lorsque l’accident s’est produit, il a été demandé au responsable de la zone Sud de fournir un rapport alors qu’il n’est en charge du réseau électrique que jusqu’à 22KV seulement ? C’est plutôt l’ingénieur principal du service de transmission qui aurait dû rédiger un rapport.»
L’express a contacté le CEB. Nous attendons ses réponses.
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