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Transferts massifs au sein de l’ADSU: qu’est-ce qui se cache là-dessous ?
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Transferts massifs au sein de l’ADSU: qu’est-ce qui se cache là-dessous ?
Le bal des transferts intrigue. Des policiers ne savent plus sur quel pied danser. Qui est le chef d’orchestre ? Pourquoi cette nouvelle valse ?
Véritable séisme au sein de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) cette semaine après le transfert du DCP Choolun Bhojoo, patron de la brigade antidrogue, remplacé par le DCP Mardaymootoo Rassen. Jeudi et vendredi, neuf chefs inspecteurs, trois inspecteurs et d’autres limiers ont été mutés avec effet immédiat. Selon des sources sûres, ces transferts massifs ne s’arrêteront pas là... Est-ce le grand ménage ?
Pourquoi ce remue-ménage ? «Nous sommes dans l’incertitude. Le stress est à son comble. Pa pé kapav manzé. Nou pa koné ninport kiler nou gard room kapav call dir nounn transfer.» C’est le sentiment d’un limier de l’ADSU, depuis que les transferts ont débuté. En effet, selon nos sources, cela ne va pas s’arrêter aux hauts gradés. Et ils le savent... D’autres limiers seraient aussi concernés. Rien n’est anodin. Tout ce qui se passe n’est qu’un miroir de ce qui est déjà arrivé dans le passé, assure-t-on. L’élément déclencheur ? Nos sources s’accordent à dire que cela est lié à l’affaire Franklin. Tous les soupçons de «liens entre politiques et policiers» avec l’homme d’affaires «mafieux» gêneraient beaucoup trop et n’aideraient pas à faire taire les mauvaises langues, à la veille des élections...
Donc comme les défilés à l’Independent Commission against Corruption (ICAC) n’auront pas suffi, nos sources indiquent qu’il fallait trouver un bouc émissaire, voire plusieurs. «Ce sont donc nous les policiers qui payons les pots cassés dans des tactiques bien calculées», ajoute un officier. D’ailleurs, selon Rajen Valayden, rédacteur en chef de Capital, il fallait s’y attendre. Avant même cette vague de transferts, il l’avait annoncée sur une radio privée. «Ce ne sont pas des décisions prises à la légère. Ce sont des décisions politiques et cosmétiques pour gérer la perception du public.»
Le fait que cela soit avec «effet immédiat» en atteste. Pourtant, souligne Rajen Valayden, le Premier ministre Pravind Jugnauth n’a jamais manqué de faire l’éloge de l’ADSU lors de ses sorties publiques. Sa fameuse phrase «nou kas lérin mafia», tout le monde la connaît désormais par coeur. Mais le fait qu’il soit récemment venu dire que «la mafia a opéré pendant des années et a infiltré certaines institutions», semble vouloir faire croire qu’il a soudainement ouvert les yeux… . «Il faut donc se poser des questions. Pourquoi maintenant et avec effet immédiat ?»
1985 : Amsterdam Boys
Nos sources au sein de la police elle-même font valoir que ce n’est pas la première fois que le MSM agit de la sorte après un scandale lié à la drogue. «L’histoire est là pour nous le rappeler.» Après la création de l’ADSU le 27 novembre 1983, alors «ki ladrog ti pé donn bal», plusieurs limiers de cette équipe d’environ 35 policiers avaient été transférés – en 1987 – à d’autres postes alors que d’autres avaient été suspendus. Cela, en raison du scandale des Amsterdam Boys de 1985, où quatre députés du gouvernement de SAJ avait été arrêtés à l’aéroport de Schipol à Amsterdam avec 20 kg d’héroïne dans une de leurs valises... «SAJ ti démann enn komision danket ki ti présidé par ansien sef ziz sir Maurice Rault. Apré piblikasion rapor-la, boukou lapolis ti transfer. Sé inpé séki pé arivé dan zafer Franklin», assure un haut gradé.
À l’époque, ajoute-t-il, il y avait une unité spéciale, comme la Special Striking Team (SST) aujourd’hui, qui faisaient partie de ceux engagés dans la lutte contre la drogue et le crime organisé. «Ti apel zot Flying Squad kouma SST, sété bann ankéter kinn swazir lor sélét ki ti ladan.» Le Premier ministre et ministre de l’Intérieur tenterait-il donc de marcher sur les pas de son père, en mettant maintenant en pratique les recommandations du rapport Lam Shang Leen ? Ces officiers demeurent perplexes.
Quid de l’avenir de l’ADSU ? Nos sources indiquent qu’il ne faut pas s’inquiéter, l’unité ne devrait pas disparaître, pas dans l’immédiat du moins. Par contre, la SST, affirment-ils, pourrait graduellement être dissoute car ses hommes retourneraient au sein de l’ADSU maintenant que l’équipe est plus «adaptée» avec les différents transferts. «Cela avait été le cas avec la Flying Squad à l’époque.» Rajen Valayden est du même avis d’ailleurs. «Il y aura peut-être la dissolution de la SST maintenant...»
Cette situation n’est pas facile en tout cas à digérer pour les officiers concernés. La peur d’être transféré est permanente. «Si tir nou l’ADSU transfer nou sipa konstab normal nou pou perdi nou risk allowance ek lapey ki nou ti pé gagné. Rétournn en aryer a ler aktuel li pa pou posib finansierman mé osi mentalman.» Ils expliquent se sentir aussi en danger. «En perdant notre poste au sein de l’ADSU, on perd aussi une protection. Les trafiquants qui nous connaissent pourront se dire que maintenant qu’on a été dégradé, ils peuvent se venger. La peur est là», ajoute un autre limier.
Rajen Valayden ajoute qu’une enquête sur les avoirs des hauts gradés, tout comme ceux déjà à la retraite, est plus qu’importante à l’heure actuelle. «Nous entendons parler de roi de l’Ouest ou de l’Est mais il y aussi des policiers devenus rois. Comment ? Il faut enquêter...»
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