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Police | Deux suicides en un week-end: pression au travail ?

6 mars 2023, 10:00

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Police | Deux suicides en un week-end: pression au travail ?

Quel type de situation les a poussés au désespoir ? Est-ce le stress et la pression au travail qui ont mené ces deux policiers à commettre l’irréparable? Jean Finnaud Clair, habitant de Mourouk de 31 ans et policier depuis dix ans, était affecté au poste de Port-Mathurin. Il s’est pendu hier matin dans sa nouvelle maison en construction. C’est en le cherchant que sa mère a fait la découverte macabre. Un autre policier s’est lui aussi suicidé en se pendant, à Maurice cette fois-ci. Pierre Gregory Saminadas, âgé de 30 ans, de L’Escalier, était affecté au poste de police de Grand-Bois et avait neuf ans de service. Son corps a été découvert en bordure de route, suspendu à un arbre, le 4 mars. Il devait faire le troisième shift ce samedi-là.

Nous nous sommes entretenus avec le frère de Jean Finnaud Clair, Doreck Clair, notre collègue photographe à La Sentinelle. Il a dû prendre l’avion en urgence hier après-midi afin de compléter les démarches pour l’enterrement de son frère à Rodrigues. «Mon frère surveillait la station de la MBC de Rodrigues. Il avait fait sa demande pour travailler à Rivière-Coco afin d’être plus près de la maison. Il était apprécié au travail et on ne voulait pas qu’il soit muté. Qu’est-ce qui a pu lui arriver ? Ma mère sait tout simplement qu’il aurait eu des soucis au travail ; c’est ce qu’il lui avait confié. Il était tellement réservé que ma mère n’a pas pu lui demander ce qui s’était vraiment passé. Entretemps, ce dimanche matin, il s’est donné la mort.»

Doreck Clair nous a expliqué qu’il était le benjamin d’une fratrie de quatre frères. «Après sa séparation avec son épouse, il a eu une fille qui a aujourd’hui six ans, mais qui ne vit pas avec lui. Par ailleurs, mon frère, après sa séparation, est venu vivre avec ma mère. Il était proche d’elle mais il était une personne très réservée qui n’était pas prête à révéler quoique ce soit de sa vie professionnelle ni de sa vie privée. Il avait commencé la construction de sa maison et voulait émigrer au Canada. Il avait déjà entamé les démarches.» Il a ajouté que s’il s’était suicidé, c’était dû à des pressions au travail. «C’est quand je serai à Rodrigues que j’aurai plus de détails sur le cours des événements qui ont mené à la perte de mon frère aujourd’hui», nous a-t-il confié avant son départ.

Par ailleurs, Wills Saminadas, le père de Pierre Gregory Saminadas, a expliqué, lui, que son fils était un bosseur. «Il a travaillé au poste de police de PlaineMagnien avant d’être affecté, l’année dernière, à l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) de l’aéroport. Cependant, après cinq ou six mois, il avait été muté au poste de police de Grand-Bois, en novembre 2022, malgré le fait qu’il aimait ce département.» Le père a également expliqué que c’était là que son calvaire avait débuté. «Ce n’était pas facile pour lui de sortir de L’Escalier pour aller à Grand-Bois. Il m’avait confié que l’un de ses supérieurs lui donnait du fil à retordre. Il n’était pas entré dans les détails pour m’expliquer le genre de problèmes qu’il avait avec ce supérieur. À chaque fois que j’abordais le sujet, il se sauvait. Mon fils n’était pas quelqu’un qui déballait toute la vérité. Il fallait le cuisiner.»

Ces derniers temps, il était tellement affecté qu’il prenait beaucoup de congés maladie et il avait même songé à prendre une «vacation» afin de se reposer. «Je pense que c’était la goutte d’eau qui avait fait déborder la vase et il s’est donné la mort. Je suis triste d’avoir perdu mon fils dans de telles circonstances.» Un des amis proches a expliqué qu’il voulait l’aider en prenant un rendez-vous chez un psychologue mais cela n’avait pas abouti. «Il avait honte, de peur que les personnes se servent de ce point contre lui. Il ne s’est pas fait aider. C’est chagrinant d’avoir perdu un bon ami comme lui.»

Sollicité, l’inspecteur Shiva Coothen, du Police Press Office, a déclaré qu’il n’a pas été informé de ces cas et qu’il ne pourra pas faire de commentaire à ce sujet. Contacté à plusieurs reprises, le sergent Enraj Tarolah, président de la Junior Police Officers Union, est quant à lui resté injoignable.