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Chômage: des habitants du Sud en mal d’emploi
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Chômage: des habitants du Sud en mal d’emploi
Depuis des mois, des habitants du Sud, en particulier des femmes, peinent à trouver du travail. Si bien qu’ils bifurquent vers la moindre opportunité professionnelle, qu’elle soit en ville ou dans des régions plus éloignées. Pourquoi cette concentration dans le Sud ? Que faire face à cela ?
«Je suis sans travail depuis des mois. Aussi, je scrute les annonces de recrutement sur Facebook. Je suis tombée sur l’une d’elles pour être employée de maison à Vacoas», confie Colette, 51 ans. Habitante de Savanne, elle exerçait précédemment dans l’hôtellerie mais la crise économique et pandémique a entraîné des pertes d’emploi dont le sien. «Je me suis recyclée comme garde-malade. C’était ma bouée de sauvetage jusqu’à ce que mon patient décède. Là, je tente ma chance comme domestique, bien que le lieu soit éloigné de mon domicile. Je n’ai pas le choix. On ne peut rester ainsi sans emploi», poursuit-elle. Pour mettre toutes les chances de son côté, Colette a même proposé de rester dans cette résidence pour quelques jours afin d’éviter des dépenses additionnelles en termes de transport, frais qui doivent être remboursés par l’employeur.
La quinquagénaire n’est pas la seule à vivre cette situation. Rebecca, une mère de famille de 46 ans habitant Plaine-Magnien, lorgne également les postes en ligne. «On est plusieurs dans la région à éprouver des difficultés à décrocher un emploi. Même les jobs à temps partiel en dessous du salaire minimum sont quasi-inaccessibles. En plus, si vous habitez le Sud, c’est plus compliqué», explique-t-elle. Sarojini, 55 ans, est dans le même bateau. Résidant à Rivière-du-Poste, elle est au chômage depuis plusieurs mois. Sa fille est aux aguets sur la toile, cherchant des postes de service à la personne. «Malheureusement, je ne trouve pas d’emploi malgré toutes les tentatives», déplore-t-elle.
Ainsi, nos interlocutrices évoquent une concentration de difficultés d’emploi dans la région sud de l’île actuellement. Certains observateurs abondent dans le même sens. À l’exemple de Gutteea Rajesnarain, travailleur social et syndicaliste, qui indique que beaucoup d’habitants du Sud cherchent du travail dans le Nord, à défaut d’en trouver dans leur localité, surtout depuis le Covid-19. «Aujourd’hui, on parle de chômage mais aussi du genre. Y a-t-il une recherche pour déterminer le taux de chômage selon le ‘catch- ment area’ ? Pourquoi ne trouve-t-on pas de solutions, en particulier pour les habitantes du Sud ? Plu- sieurs d’entre elles doivent bouger plus loin dans l’espoir de décrocher des postes», déclare-t-il.
Pourquoi peinent-elles à trouver un travail ?
Le travailleur social évoque un manque de développement dans ces régions. «Il ne faut pas uniquement prioriser des emplois pour des expatriés mais considérer l’ensemble des ressources humaines locales. Les habitantes du Sud doivent sillonner diverses régions pour postuler. Il faut gérer cette situation au plus vite, d’autant plus que Maurice dispose d’une plus forte population de femmes», affirme-t-il.
Cela dit, un travailleur de terrain dans le Sud souligne que beaucoup d’efforts sont faits pour des job fairs dans les centres sociaux, notamment par les hôteliers. «Certains de ces établissements offrent aussi des formations aux jeunes de 15 à 16 ans et les paient. Ainsi, ils pourront être employés par la suite. Des emplois sont tout de même disponibles», constate-t-il.
Pour sa part, Georges Ah Yan, activiste, observe que ces difficultés d’emploi n’épargnent pas les hommes du Sud non plus, quoique la situation empire pour les femmes. «Clairement, il n’y a pas de développement en région rurale. Par exemple, il n’y a pas d’usine dans le Sud. Certains habitants du quartier doivent donner des adresses urbaines dans leur quête d’emploi. D’ailleurs, quand plu- sieurs ont réussi sur le plan scolaire, ils quittent Mahébourg pour s’installer dans les villes. On peut rester dans le Sud pour l’agriculture et la pêche mais peu de résidents aiment ces secteurs», déclare-t-il.
Quelles solutions pour ce type de chômage ?
L’activiste est catégorique : il faut étendre des projets de développement dans le Sud. Évoquant certaines infrastructures existantes dans cette région, il déplore le fait qu’une toute petite poignée de résidents du Sud y soit employée. «Il faut décentraliser certains services et les intégrer dans cette région. Pourquoi pas l’implantation d’une université ainsi que d’autres industries dans le Sud ? Les usines sont concentrées à Plaine-Lauzun. Cela créerait des emplois pour ces habitants en parti- culier», suggère-t-il.
Du côté du ministère du Travail, on nous affirme qu’on ne peut vraiment parler de «régions éloignées» car l’île est petite et, qui plus est, est bien desservie par les transports. Il existe au ministère, par exemple, des officiers qui habitent dans le Sud (Tyack, L’Escalier, etc.) mais qui travaillent à Port-Louis. Actuellement, pour la région Sud (s’étendant de Case-Noyale à Grand-Port), il existe des centaines d’opportunités, notamment dans les hôtels. Selon un représentant du ministère, le secteur de la logistique recrute aussi, de par la présence de l’aéroport, sans oublier les opportunités liées à la comptabilité. «Maintenant, c’est tout aussi vrai de dire que dans le Sud, nous n’avons pas de pôle BPO ni de business parks, type Ébène, qui auraient généré beaucoup plus d’emplois», concède-t-il.
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