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Moris… mélanz tou kouler
Des visages, des couleurs, des croyances. Tous unis sous un même ciel. Celui d’un pays où les races se mélangent et où le racisme essaie parfois de s’immiscer, insidieusement. Plus d’un demi-siècle après notre indépendance, les Mauriciens, pas à pas, essaient, main dans la main, de se débarrasser des chaînes du communalisme. Si le chemin est encore long, celui parcouru par notre nation arc-en-ciel, citée en exemple à travers le monde, a de quoi nous rendre fiers. Que souhaitez-vous à l’île Maurice en ce jour spécial ? Réponses de quelques compatriotes. Réponses de quelques compatriotes.
Gédéon Salomon, marchand de plage à Trou-d’Eau-Douce : «Combattons la drogue et le prix de l’essence»
Il a 58 ans. À ses heures perdues, Gédéon Salomon aime taquiner le poisson. Marié, père de deux garçons, ce grand-père de quatre petits-enfants est aussi un grand observateur de la société, plus particulièrement du quotidien de son village où la vie n’est plus aussi douce qu’autrefois. «Aujourd’hui la drogue a pris beaucoup d’ampleur. Et elle touche des jeunes de 10-15 ans. J’entends souvent que la police a procédé à des arrestations, mais je constate que malgré cela la drogue continue de se vendre. Moris dan balans. Ena plas per pou alé. Péna sékirité», explique-t-il. Son souhait en ce jour ? «Qu’il y ait plus de liberté d’expression, mais encore faut-il que les jeunes sachent s’en servir et n’utilisent pas des fausses paroles pour semer le doute dans la tête des gens. Je souhaite aussi que le pays devienne moins raciste. Nous fréquentons la même école, le même hôpital, voyageons par les mêmes transports publics, nous ne pouvons être racistes ! Je souhaite également qu’il y ait plus de démocratie, que l’économie se rétablisse. Ki bann pri lesans, medsinn baissé et que la drogue cesse d’être un fléau pour notre pays.»
Ruddy Elan Bhujun, collégien : «Protégeons la langue créole, le ciment de notre nation»
Comme tout Mauricien, Ruddy Elan Bhujun n’a pas un, mais plusieurs souhaits pour l’avenir de son pays. Ce jeune de 17 ans a récemment participé à la troisième édition du National Youth Parliament, un programme d’activités ayant pour but de permettre aux jeunes de mieux se familiariser avec le mode de fonctionnement de l’Assemblée nationale. Pour l’occasion, il campait pendant deux jours, le rôle du leader de l’opposition. «Je suis d’avis que la nature des problèmes qui se manifestent dans le domaine politique, cette malheureuse tendance à vouloir exacerber les divisions et la réticence à combattre les différentes formes d’inégalités que nous connaissons actuellement ne reflètent nullement ce que nous sommes en mesure d’espérer d’un pays comme le nôtre. Je suis convaincu que nous avons les moyens pour faire la démonstration qu’à l’avenir, nous pouvons mieux faire dans de nombreux domaines. Nous avons la responsabilité de créer un avenir meilleur pour notre pays. Cela commence par un engagement sincère envers le peuple», confie cet élève de Grade 12 au collège Sookdeo Bissoondoyal à Rose-Belle.
Évoquant le créole mauricien qui a définitivement acquis le statut de la langue commune, Ruddy Elan Bhujun estime qu’il est essentiel de considérer la langue créole comme un facteur déterminant pour favoriser la compréhension mutuelle et la solidarité entre toutes les communautés. «En tant que Mauriciens, nous devons être fiers de cette langue et la protéger, car elle est le ciment de notre identité et de notre unité.»
En sus de vouloir protéger et d’afficher ouvertement sa fierté par rapport à notre langue maternelle, l’ado se dit convaincu qu’il sera actif dans la politique à l’avenir. Il souhaite que les instances concernées prennent en considération les aspirations des jeunes, en les soutenants dans la réalisation de leurs projets. «Les jeunes sont la clé du succès de la construction de l’île Maurice de demain. Nous avons cette énergie, cette créativité et ce désir de nous engager pour apporter notre contribution dans les actions qui seront mises en place pour relever les défis qui nous attendent (...) Nous devons nous sentir encouragés et soutenus dans nos actions car nos voix et nos perspectives sont essentielles pour façonner l’avenir de notre pays», conclut Ruddy, tout en espérant que ses souhaits puissent se réaliser et que la volonté de faire de la transparence une valeur intrinsèque de la vie politique à Maurice parvienne à se matérialiser.
Georges Chung, économiste : «Tous Mauriciens malgré la couleur de notre peau»
Pour ce 55e anniversaire, l’économiste Georges Chung exprime ses souhaits en effectuant un bref plongeon dans l’illusion de la société idéale, voire utopique. Cela en trois points :
1. Que les marchands de drogue cessent leurs activités de destruction de notre pays avant qu’il ne soit trop tard. Le développement de Maurice, depuis l’Indépendance, demeure un cas d’école pour la plupart des pays encore empêtrés dans la misère. On sait que pour perdre un pays, il est plus facile de le submerger de drogues que de l’envahir, à l’image de la guerre de l’opium.
2. Que nous tous, quelle que soit la couleur de notre peau et notre croyance, nous nous rappelions que nous sommes Mauriciens avant tout et que nous sommes sur terre avec une mission, celle de l’avancement de soi mais aussi celle de l’humanité.
3. Que nous soyons tous conscientisés à l’idée que nous pouvons, de manière pratique, transformer notre pays, le placer parmi les plus développés au monde avec une qualité de vie à faire pâlir des pays européens ou asiatiques.
Aswin Lutchanah, Social Media Manager à l’Université du Luxembourg : «Développons une allergie aux chatwas»
Ce Mahébourgeois de naissance carbure à la bonne humeur. Autodidacte, poète à ses heures perdues, il se fait un devoir d’être notre porte-drapeau à l’université du Luxembourg. Social Media Manager, Aswin Lutchanah distille son humour à la sauce mauricienne là-bas. Il a fait son apprentissage sur les bancs du collège Saint-Esprit avant de s’envoler pour la France pour un Diplôme d’études universitaires générales à Metz.
Pour cet enfant du pays, qui aime profondément son île et qui y revient régulièrement, le 12 mars a une énorme importance. «À 55 ans, nous sommes à l’aube de la retraite pour un individu et c’est souvent synonyme de l’âge de la sagesse. Extrapolons cela au niveau du pays, nous devrions avoir appris et compris plein de choses maintenant. De cette sagesse, je souhaite que chaque Mauricien et chaque Mauricienne développe une allergie aiguë aux chatwas.»
Le jeune homme souhaite en outre que chaque habitant de notre île ait la possibilité de s’accomplir et de briller. «J’ai eu la chance de voyager dans plusieurs pays et partout on parle du sourire et de la gentillesse des Mauriciens. Soyons conscients et fiers de nos atouts. Cultivons cette humanité qui suscite l’admiration. Notre paradis multiculturel nourrit notre ventre, notre âme et notre esprit par tant de diversités. Les différences sont nos normes. Vivre avec, c’est normal. Ne laissons personne nous diviser. Parce que la division, ça s’apprend. La débrouillardise et l’excellence sont dans notre ADN. Continuons à lire, apprendre, s’instruire, se construire et progresser tout en s’entraidant. Prenons soin de chacun d’entre nous, de nos magnifiques plages et de notre île. Moins de béton, plus de verdure et d’oiseaux qui chantent. Je t’aime de chaque millimètre de mon corps mon île Maurice...»
Vincent Montocchio, Managing director de Circus! : «Soyons intransigeants face à toute forme de racisme»
En ce jour spécial, Vincent Montocchio, le patron de Circus!, souhaite «que jamais nous ne cessions de nous émerveiller de notre richesse culturelle et que jamais nous ne cessions de nous indigner à chaque fois que quelqu’un lui porte atteinte. C’est notre plus grande force et notre plus grande fragilité. Que nous soyons intransigeants face à toute forme de racisme, du plus petit mot déplacé à la plus honteuse des chansons scandée dans une école publique, en passant par toutes les discriminations quotidiennes dont certains sont victimes. Que nous protégions avec la plus grande fermeté possible notre plus grand trésor. Est-ce beaucoup demander ?»
Azad Jeetun, économiste : «Laissons respirer les institutions»
Azad Jeetun, économiste, estime qu’après 55 ans d’Indépendance, il y a définitivement des progrès économiques visibles à l’échelle nationale et dans un ensemble de secteurs porteurs de croissance et générateurs d’emplois. «Cela a été possible grâce au partenariat public-privé, lancé après l’Indépendance et axé sur l’économie mixte et consolidé au fil des années par la suite ; ce qui a permis d’ailleurs au pays de décoller. Cela a été une politique win-win qu’il faudra pérenniser pour les prochaines années.»
Si l’économiste soutient que les structures économiques ont évolué, ont été renforcées et diversifiées, il estime en revanche que face à la nouvelle architecture économique mondiale, il y a urgence à introduire de nouveaux piliers économiques pour soutenir la croissance post-Covid. «Il faut continuer à innover suivant l’émergence d’une nouvelle configuration de l’économie domestique, marquée par de nouveaux défis se profilant à l’horizon. Mais plus important, c’est la planification de l’économie qui demeure une priorité. On ne peut que regretter le démantèlement du ministère du Plan et du Développement qui avait le mérite de planifier le développement socio-économique du pays par le biais de l’élaboration de différents plans de développement.»
Azad Jeetun estime, par ailleurs, qu’au moment où le pays s’apprête à célébrer ce 55e anniversaire, il y a des efforts à faire pour dépolitiser les institutions du pays et les rendre véritablement indépendantes des autorités. «S’il y a un souhait à faire, je dirai aux dirigeants du pays de laisser respirer les institutions du pays, appelées à renforcer la démocratie.»
Vandanah Halkhari, Miss Global Tourism 2023 : «Offrons une meilleure vie aux animaux»
Elle a été élue Miss Global Tourism 2023 Mauritius mais aussi deuxième dauphine du concours Miss Environment International Mauritius 2023. Vandanah Halkhari, 22 ans, cite Mahatma Gandhi. «La grandeur d’une nation et son progrès moral peuvent être jugés par la façon dont ses animaux sont traités», explique cette amoureuse des bêtes, surtout de nos amis à quatre pattes. «Mon plus grand souhait pour 2023 est d’offrir une vie meilleure à ces animaux errants, sans défense, à Maurice. Il y a environ un quart de million de chiens à Maurice, la plupart d’entre eux ont des maîtres mais sont libres de se promener dans les rues et les plages où ils peuvent être considérés comme une nuisance. Des milliers de chiots naissent dans la rue chaque année car la plupart des propriétaires ne stérilisent pas leurs chiens. Les habitants de Maurice aiment leurs toutous, mais beaucoup n’ont tout simplement pas accès aux soins vétérinaires. Mon objectif principal est d’encourager les gens à stériliser leurs animaux pour prévenir la cruauté envers ces derniers. Je sauve des animaux depuis l’âge de 12 ans environ. En tant que peuple, en tant que nation, nous pouvons aider ces âmes sans défense soit en leur donnant de la nourriture, soit en les nourrissant dans la rue. Battons-nous ensemble pour un monde meilleur, pour eux et pour nous…»
Saoud Baccus, romancier et ancien footballeur : «Faisons preuve d’indépendance d’esprit»
Il est détenteur d’un PhD de l’université de Toronto. Romancier, ancien footballeur des Muslim Scouts, Saoud Bacus, qui habite Roches-Noires, revient sur ce 55e anniversaire avec ses propres mots. «Lorsque mes étudiants me demandent ce que j’entends par le terme ‘ indépendance’, j’avoue que je ne sais pas trop ce qu’il faut dire, encore moins ce qu’il ne faut pas dire. Voilà que la question est d’actualité pour la fête nationale de Maurice ; cette fois-ci, je tenterai d’y répondre, ne serait-ce que succinctement.»
Il ajoute qu’«un État souverain est un État indépendant dans tous les sens du terme. Nous sommes indépendants parce que nous prenons nous-mêmes toutes les décisions pour gouverner notre pays ; toute décision est prise ayant en premier l’intérêt du pays avant toute autre considération, quelle qu’elle soit. En d’autres mots, nous ne sommes pas contraints de faire selon le dictat des États puissants. En outre, il y l’indépendance d’esprit. Sommes-nous indépendants si on doit penser comme ceux qui nous ont colonisés ? À l’aube de nos 55 ans, rien sur l’île ne démontre que nous avons exercé notre indépendance d’esprit pour bâtir notre pays selon nos aspirations. Nous nous servons toujours de ce que les Français et les Anglais ont légué sur leur passage, le plus souvent à mauvais escient. En matière d’indépendance, il est également important de distinguer entre la forme et le fond.»
Azad Rojah, responsable de relation clientèle : «Cultivons les connexions humaines, comme le thé»
Malgré un temps pluvieux, il nous accueille avec plaisir au Royaume du thé, au Domaine de Bois-Chéri. Azad Rojah, responsable des guest relations, nous fait découvrir son parcours, ainsi que l’évolution de la plantation de thé elle-même.
Les premières plantations de thé en ce lieu remontent à 1892, ainsi que la création de l’usine de Bois-Chéri, celle-ci ayant été construite par la compagnie Bour et Breton. Puis, en 1958, elle est rachetée par la famille Aubin qui étend et intensifie la culture du thé à partir de 1960. En 1976, soit huit ans après que l’île Maurice a obtenu son Indépendance, Azad Rojah rejoint l’usine de Bois-Cheri et sa tâche consiste à emballer les sachets de thé. Il avait alors 14 ans. «À l’époque, cette machine distribuait les feuilles de thé séchées dans le sachet, et je m’occupais manuellement de l’emballage. Il fallait 10 personnes à la fois et nous ne pouvions préparer qu’un seul sachet de thé en une minute.» Par la suite, Azad Rajah assumera différentes fonctions et responsabilités au sein de l’usine : cueilleur, pompiste, téléphoniste, chauffeur et, au fil du temps, il s’orientera vers l’aspect touristique en faisant visiter les lieux.
Aujourd’hui, Azad Rojah a 60 ans. Marié et père de deux enfants, il continue à travailler par passion. Pour le 55e anniversaire de notre Indépendance, son souhait est simple : que la culture et les valeurs du mauricianisme se renforcent, «afin que nous puissions tous nous diriger vers un meilleur avenir. Et même si la nouvelle génération pense et travaille différemment avec l’évolution de la technologie, il ne faut jamais oublier l’importance des connexions humaines dans la vie. Tout comme le thé de Bois-Chéri, qui continue à faire partie de l’identité mauricienne et que l’on trouve dans presque toutes les maisons».
Nabiil Kahufid, avocat : «Encourageons les jeunes»
En ce jour spécial, il a une pensée spéciale pour les jeunes du pays. Nabiil Kaufid, avocat, est d’avis que la jeunesse mauricienne a les capacités de changer les choses et espère voir une plus grande contribution de leur part dans plusieurs domaines. «J’ai un message d’espoir à faire passer à la jeunesse mauricienne ; l’avenir de notre pays dépend de vous. Chacun d’entre vous a des talents et des compétences qu’il peut mettre au service du pays. Il appartient à vous de les développer pour votre épanouissement personnel et pour être en mesure de façonner le futur de notre nation mauricienne.»
Maurice, poursuit l’homme de loi, a su, avec persévérance et dévouement, se faire une place sur la carte mondiale pour être citée comme un modèle de réussite. «Je tiens ici à saluer la solidarité mauricienne et surtout, l’unité du peuple mauricien car c’est notre plus grande force. En tant que citoyen mauricien et en ma capacité d’avocat, je vais continuer à oeuvrer sans relâche pour faire avancer les causes les plus nobles pour bâtir une meilleure île Maurice.» En conclusion : «Je suis fier d’être Mauricien !»
Satya Pavaday, collégienne : «Combinons les idées des jeunes et la sagesse des aînés»
Elle a 18 ans… À l’occasion des 55 ans de l’Indépendance Satya Pavaday, élève au Queen Elizabth College, estime que «notre pays a accompli certaines choses que d’autres rêvent d’avoir : nous n’avons pas de guerre, pas de violence, pas de famine. Donc nous devons être reconnaissants de la chance que nous avons d’être nés sous notre quadricolore». Mais tout n’est pas rose et il faut revoir certaines choses de manière réaliste. «Il y a des secteurs qu’il faut remanier et il faut donner sa chance à la jeunesse. Les temps changent à une vitesse fulgurante et les jeunes débordent d’idées, de projets pour l’avancement du pays. Nous sommes une génération très vocale sur les inégalités et nous nous exprimons surtout sur les réseaux sociaux car les informations et pensées se transmettent rapidement. Combinant cette jeunesse surdouée en technologie et plus ouverte d’esprit avec la sagesse et l’expérience de nos aînés, nous pourrons faire de grandes choses dans plusieurs domaines pour faire avancer l’économie, la culture et l’entente mauricienne.»
Chelon, entrepreneur : «Vivons en harmonie avec la nature»
Il habite Port-Louis et a 33 ans. Connu comme Chelon par son entourage, ses proches, ses amis, l’entrepreneur n’a qu’un souhait pour le pays en ce jour de fête de l’Indépendance; celui d’une île Maurice meilleure, où il fera bon vivre dans la paix et la tranquillité. «Maurice a toujours été un pays multiculturel et la plupart d’entre nous avons su nous adapter dans cette société ‘atypique’. mais certaines mentalités n’évoluent pas avec le temps. Le rêve serait de pouvoir vivre sans racisme et sans communalisme. Un pays où tous nous pourrons évoluer, grandir, vieillir en harmonie, en accord avec chacun et dans le respect mutuel.» Très créatif, Chelon confectionne souvent des objets artisanaux et il a aussi un profond attachement à la nature. Pour l’île Maurice de demain, il souhaite que «tous aient un plus grand engagement envers la préservation de l’environnement, la protection de la nature et tout ce qu’elle peut nous offrir. Nous Mauriciens devons vivre en harmonie avec elle…»
Viksha Anthony, professionnelle en ressources humaines : «À quand une Première ministre femme ?»
Experte en gestion des projets, philanthrope, Viksha Anthony, professionnelle en ressources humaines, souhaite l’égalité entre hommes et femmes et l’égalité des chances. «Cela passe notamment par une plus grande représentation des femmes dans toutes les sphères. À travers l’histoire, la femme a démontré ce dont elle est capable. Notre système politique n’encourage pas assez les femmes à se mettre en avant. À quand une Première ministre femme ? C’est mon souhait pour Maurice. Il faut s’attaquer à l’éducation, qui ne doit pas reposer que sur des connaissances académiques mais aussi sur des principes et des valeurs, qui s’apprennent à la maison et sur le terrain. Je souhaite que les jeunes consacrent du temps à des organisations non-gouvernementales durant leurs vacances scolaires pour qu’ils touchent du doigt la réalité des autres. Je souhaite une modernisation dans les systèmes d’administration du secteur public et une véritable digitalisation de leurs services. Nous ne pouvons plus perdre du temps dans les démarches administratives. En tant que professionnelle des ressources humaines, je pense que les entreprises devraient accorder plus de place à la responsabilité sociale en leur sein, de même qu’à la durabilité afin que tous les employés soient conscients de l’importance de la préservation de notre île. En les impliquant ainsi, leur direction renforcera leur sentiment d’appartenance à l’entreprise.»
Farook Pirbacosse, responsable de Shaolin Gym : «Restons unis»
Âgé de 45 ans, Farook Pirbacosse dirige le Shaolin Gym à Phoenix depuis six ans. Professeur de self-defence et de Mixed Martial Arts, il est aussi ceinture noire au quatrième degré de Jiu-jitsu. «Avant, j’étais ingénieur. De 2003 à 2014, je dirigeais la compagnie F1 Electrical Contracting Ltd. Mais mordu de sport, il a décidé de se lancer dans le domaine. Comment perçoit-il son pays en ce jour des célébrations de l’Indépendance ? «Ayant voyagé en Angleterre, en France, à Singapour, en Malaisie, en Chine, à Hong-Kong, à Dubayy, en Arabie saoudite, entre autres, pour des raisons professionnelles et touristiques, je peux dire que Moris res nou péi. Nous avons la chance d’être un pays qui comprend diverses communautés. Ailleurs, ce n’est pas le cas car il existe une division marquée entre les ethnies. Au Sénégal et en Inde, beaucoup de personnes dorment dans la rue et vivent parfois dans la pauvreté extrême.» Quant à sa vision du futur, Farook Pirbacosse plaide pour la continuité du développement et de l’unité. «Il est vital que nous restions unis. C’est pour ce principe d’unité que j’ai choisi d’évoluer dans le sport.»
Ritesh Ragudu, passionné de photographie : «Militons pour la liberté d’expression»
Il figure parmi ces jeunes qui ont à cœur l’avancement du pays. Âgé de 24 ans, cet habitant de Poudre-d’Or-Hamlet est friand de l’actualité mauricienne et n’en rate pas une miette. Passionné de photographie, de pêche et de randonnée, Ritesh Ragudu aime se cultiver, nourrir son intellect et comme tout citoyen, rêve d’une île Maurice meilleure. «J’aime bien converser avec les anciens, pour apprendre du passé. Nous avons amélioré beaucoup de choses comme la qualité de vie, la plupart des infrastructures, l’éducation et bien d’autres, mais sommes-nous encore une île démocratique ? Peut-on encore débattre librement ? Pouvons-nous vivre librement ? Existe-t-il une liberté d’expression ? Y a-t-il eu des changements dans la mentalité et l’état d’esprit de la population pour évoluer vers la progression ? Si nous obtenons des réponses à ces questions, il sera facile de déterminer l’avenir de Maurice. D’ici là, je serai toujours fier de notre diversité culturelle, notre peuple et de nos croyances.»
Il lance un message aux politiciens : «Espérons qu’ils travaillent davantage dans l’intérêt de la population que pour leur intérêt personnel…»
Germain Wong Yuen Kook, avocat : «J’espère qu’on échappera à une crise institutionnelle»
Il souhaite tout d’abord une bonne fête de l’Indépendance à tous nos citoyens. Pour Germain Wong Yuen Kook, avocat, le 12 mars demeure un jour mémorable. «Depuis 1968, l’île Maurice a obtenu son Indépendance en tant que monarchie constitutionnelle. C’est donc une commémoration de notre liberté et du fait que nous sommes un État souverain. Il faut donc fêter dignement notre Indépendance et hisser notre drapeau avec fierté. Comme nous sommes une nation arc-en-ciel, il faut continuer à consolider notre unité nationale pour que la paix continue à régner sur notre beau pays.» Du côté légal, «je suis fier de la robustesse et de l’indépendance de notre système judiciaire. Quant à la ‘boutade’ du bureau du commissaire de police envers celui du bureau du Directeur des poursuites publiques, cela lance un très mauvais signal sur le plan international et fragilise le moral. Du coup, j’espère qu’on échappera à toute crise institutionnelle. Cela, pour le bien-être même de notre système démocratique».
Soudhirsingh Bundhoo, chef : «Préservons notre richesse culturelle»
Il a 36 ans et exerce comme chef au Dinarobin. Soudhirsingh Bundhoo, aussi connu comme le chef Singh, officie dans les cuisines depuis 17 ans. Sa spécialité : les plats japonais. Originaire de St.-Paul, Phoenix, le chef Singh a remporté plusieurs concours prestigieux. L’homme qui fait des merveilles en cuisine rêve d’une île en harmonie, comme un bon plat où les saveurs se mélangent. «Mon souhait pour Maurice c’est la paix, l’égalité, le respect et la solidarité. May we honor our national anthem, may peace, justice and liberty reign in our nation forever and ever...» Le chef Singh fait valoir que nous avons la chance de posséder une richesse culturelle qu’il faut préserver pour toutes les générations à venir.
Philip Li Ching Hum, écrivain et légiste: «Reprenons-nous en main»
Il enseignait jadis l’anglais et la littérature. Philip Li Ching Hum, écrivain et légiste, estime «qu’à l’aube de nos 55 ans d’Indépendance, nous avons rendez-vous avec notre destin. Nous avons pu briser les chaînes du colonialisme et entonné le chant de la liberté. La route a été longue et sinueuse mais grâce aux efforts inlassables de nos grands-parents, nous avons pu transformer notre île perdue dans l’océan Indien. Malheureusement, durant ces dernières années, notre île offre une image peu reluisante. Nous assistons inéluctablement à une érosion des valeurs démocratiques. La démocratie se rétrécit de jour en jour et nous basculons dans l’autoritarisme». Il est d’avis que «nos institutions ne fonctionnent plus comme il faut. La drogue fait rage. La corruption s’infiltre avec impunité. La violence domestique est un fléau qui gangrène notre tissu social. L’exode des cerveaux, causée par l’absence de méritocratie, montre à quel point notre société est malade car les jeunes ont perdu confiance dans l’avenir du pays où il y a trop de népotisme. Mon souhait est qu’il faudrait un sursaut politique, économique et social. Les Mauriciens sont connus pour être résilients, persévérants et combatifs. Tout le monde doit se reprendre en main. Nous en sommes capables pour l’avoir démontré dans le passé à plusieurs reprises. Malgré ces moments sombres, je garde toujours l’espoir en des lendemains meilleurs».
Preety Ramdoyal, directrice d’une succursale bancaire : «Unissons-nous»
Cela fait 14 ans depuis que Preety Ramdoyal habite au Québec avec sa famille. Cette directrice de succursale à la Banque nationale du Canada dit avoir toujours une pensée spéciale pour son pays natal en ce 12 mars. Pour cette année, cette mère de deux filles, Kristy et Kelly, tout comme son époux Kirty, souhaitent bonheur et prospérité à chaque Mauricienne et Mauricien sans oublier nos compatriotes de la diaspora. «Plus que jamais, nous devons nous unir pour faire régner la paix entre les êtres humains, par le dialogue, l’honnêteté, la transparence et le vivre-ensemble. Le mauricianisme est dans l’âme de chaque Mauricien, travaillons ensemble pour un avenir meilleur.» Notre compatriote souligne que le peuple mauricien est unique et que «notre plus grande richesse est notre culture diversifiée». Pretty Ramdoyal souhaite que Maurice favorise la liberté d’expression. «Que chaque personne ait le droit de s’exprimer librement, de donner son opinion par la parole ou par l’écrit et bien sûr toujours dans le respect.» Elle souhaite également que les Mauriciens vivent en harmonie tout en respectant les croyances et religions. «Comme un seul peuple, une seule nation…»
Natasha Naiken, femme pêcheur : «N’oublions pas nos valeurs»
Natasha Naiken, mère de famille, et femme pêcheur et banian, se dit fière d’être Mauricienne. Pour les 55 ans de l’Indépendance et les 31 ans de la République, surtout après les crises engendrées par le Covid-19 et les défis auxquels nous devons faire face actuellement, cette habitante de Mahébourg souhaite surtout que nous vivions tous en harmonie. «En cette année 2023, après avoir traversé tant d’épreuves, mon souhait est que nous soyons solidaires et unis et que nous agissions vraiment comme ‘enn sel lepep enn sel nasion’ au quotidien, tout comme quand nous sommes à l’étranger et que nous affichons fièrement notre identité mauricienne. Il faut que nous soyons fiers d’être Mauriciens tous les jours. Je souhaite qu’il y ait un changement de mentalité et nous cessions de montrer les autres du doigt. Je souhaite qu’il y ait plus de transparence. Que le gouvernement soit plus à l’écoute de la population. Nous souffrons de la vie chère.»
Natasha souhaite aussi que la production locale, en ce qui concerne la pêche, soit promue davantage. En tant que maman, elle souhaite en outre que nous ne nous laissions pas emportés par les temps modernes et l’utilisation outrancière de la technologie et qu’on conserve les valeurs et que celles-ci soient inculquées aux enfants.
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