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Vanesha Pareemamun: «Les jeunes talents ont des attentes différentes et sont plus enclins à la mobilité professionnelle»

5 avril 2023, 21:00

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Vanesha Pareemamun: «Les jeunes talents ont des attentes différentes et sont plus enclins à la mobilité professionnelle»

En raison de sa formation d’économiste et de sa responsabilité des ressources humaines dans le groupe Currimjee, notre invitée est bien placée pour parler de l’évolution des hommes et des femmes dans le monde du travail après les chocs provoqués par la venue inattendue de la pandémie et l’entrée en scène d’une longue période inflationniste. Elle est loin d’une posture défaitiste face aux conséquences associées au Covid-19. Bien au contraire, elle parle des leçons à tirer d’une telle situation, dont la nécessité pour les entreprises d’accélérer le processus de numérisation de leurs opérations. Nous abordons avec elle le «quiet quitting», un concept qui, selon elle, est un enjeu mondial qui «a un impact tant sur la productivité des employés que sur leur motivation».

Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de votre poste de «Chief Human Resources Officer» ? Com- ment vivez-vous cela au quotidien en tant que femme ?

Il faut savoir que je suis économiste de formation et que j’ai exercé ce métier pendant dix ans. Comme j’ai voulu prendre une nouvelle orientation professionnelle, j’ai entamé un MBA avec spécialisation en ressources humaines et cela fait plus de 15 ans que je suis dans ce domaine. J’ai rejoint Currimjee Jeewanjee en 2017, en tant que Chief Human Resources Officer du groupe, et je suis aussi responsable de la fondation Currimjee. C’est un métier passionnant qui évolue constamment et, surtout, où le genre a peu d’importance.

Qu’est-ce que le fait d’être une femme apporte à ce métier ?

Je pense que c’est une question d’individu et non de genre. Ce qui compte, ce sont les compétences, l’écoute, la passion, une attitude positive et l’envie de bien faire les choses.

Dites-nous ce qui vous passionne le plus dans votre travail ?

La gestion des ressources humaines ne cesse d’évoluer au gré des fréquents changements dans le monde du travail. Nous devons ainsi adapter notre stratégie RH en continu, pour mieux répondre aux besoins/attentes évolutifs des entreprises, de nos employés et des jeunes talents. C’est un travail enrichissant qui se fait avec les chefs d’entreprise du groupe dans l’optique de les accompagner dans l’exécution de leur stratégie. C’est une plus-value à notre fonction qui la rend encore plus passionnante. Nous travaillons tous en symbiose et pour un common purpose au sein du groupe Currimjee Jeewanjee.

Quelle est votre vision de l’égalité homme-femme au travail ?

Le débat ne doit pas être centré sur l’égalité homme-femme, mais davantage sur l’équité, la diversité, qui est une richesse, et l’inclusion. C’est surtout sur cela que nous devons travailler collectivement.

En tant que professionnelle, considérez-vous que nous manquons de femmes aux postes de responsabilité ?

Nous voyons que de plus en plus de femmes occupent des postes de direction aujourd’hui. Bien que nous ayons encore du chemin à faire, nous sommes sur la bonne voie car bon nombre d’organisations s’engagent en faveur d’une représentativité féminine dans des postes de leadership.

Selon des études, les femmes feraient toujours mieux que les hommes, mais elles peinent à accéder aux postes importants. Pensez-vous qu’elles n’aient pas de chances égales dès le départ ?

Les différentes responsabilités qui pèsent sur la vie d’une femme, tant sur le plan professionnel que personnel, ne facilitent certes pas les choses. Cependant, c’est aussi une force. Nous sommes très multitâches et gérons simultanément beaucoup de choses. Il faut faire évoluer le mindset et prendre des risques si nous voulons grandir.

Un message à faire passer aux femmes ?

Croyez en vous ! Soyez la conductrice et non la passagère sur la route de vos aspirations professionnelles. Il est important de ne pas se mettre des barrières et de se donner toutes les chances de réussir. Cela commence par nous-mêmes; il faut créer un écosystème qui va nous aider à grandir dans notre carrière.

Quel a été l’impact du Covid-19 sur l’entreprise (au niveau RH) ?

La pandémie de Covid-19 nous a permis de relever d’innombrables défis. L’adaptabilité a ainsi été la clé. Nous avons pu mettre en place un protocole sanitaire et sécuritaire rapidement et revoir nos modalités de travail. Nous avons ainsi travaillé à distance et avons pu compter sur la flexibilité de tous nos employés. Nous avons pu heureusement relever les défis. La pandémie nous a aussi poussés à accélérer la numérisation de nos opérations.

Sur le plan plus personnel, le Covid-19 nous a appris à nous serrer les coudes et a renforcé nos liens. Le CJ Employee Wellbeing Program, qui a été mis en place avec un psychologue, est né durant cette période d’incertitude dans le but d’ai- der à améliorer le bien-être et la santé de tous nos employés. Nous organisons ainsi régulièrement une série d’initiatives au- tour de ce thème. Ce programme se veut inclusif et touche tous les membres des équipes. Cette année, nous mettons l’accent sur le preventive care.

Comment contribuez-vous à l’émergence d’une nouvelle culture du travail en tenant compte des besoins évolutifs de l’entreprise ?

Chacune des stratégies RH que nous mettons en place repose sur des valeurs essentielles au groupe, qui sont la clairvoyance, l’intégrité, la responsabilité, la passion et l’ouverture. Notre culture d’entreprise évolue, s’adapte. Nous parlons ainsi d’une culture évolutive et non nouvelle. Le succès d’une entreprise repose sur une culture agile, numérisée, de performance, de proximité et d’écoute. Le groupe Currimjee Jeewanjee investit aussi beaucoup dans la formation qui cadre avec notre politique d’apprentissage continu.

L’entreprise a-t-elle tiré des leçons de cette crise ?

La crise est venue confirmer une de nos certitudes : il faut continuer à investir dans la numérisation des opérations et des services, dans la formation, dans des structures et une workforce agiles. Elle nous a aussi démontré l’importance d’avoir une vision commune, de la proximité, d’être connectés les uns aux autres, d’être solidaires, de collaborer et de continuer à communiquer. Nous devons ainsi être encore plus à l’écoute de nos clients et innover constamment pour répondre à leurs exigences.

Avez-vous des difficultés à recruter ces temps-ci ?

 Il s’agit d’un défi auquel de nombreuses entreprises à travers le monde sont confrontées. Les jeunes talents ont, aujourd’hui, des attentes différentes et sont plus enclins à la mobilité professionnelle, soit à changer de métier tous les trois à cinq ans. Dans l’optique d’attirer et de retenir les talents, nous travaillons sur notre Employee Value Proposition, qui vise à démontrer en réel tous les avantages de travailler pour le groupe. Ceux-ci incluent la formation pour offrir à nos employés des opportunités de développement, les modalités de travail flexibles (hybride, temps partiel, etc.), l’Employee Well-Being Program pour contribuer à leur bien-être, le CJ Parental Benefits et les Currimjee Group Offers (offres spéciales sur nos services et produits). Ayant diverses causes sociales à cœur, le groupe Currimjee Jeewanjee encourage aussi ses équipes à participer à nos initiatives CSR et environnementales. Afin d’offrir un environnement de travail agréable et convivial, le groupe a aussi mis en place un espace coworking au Nénuphar, aux Arcades Currimjee.

Au-delà des diplômes et des expériences professionnelles, les entreprises recherchent-elles des soft skills chez les candidats ?

Oui ! Nous mettons beaucoup d’accent sur l’attitude et les compétences ‘douces’, tant sur le plan humain que relationnel, lors des recrutements. Les connaissances sont cruciales, certes. Toutefois, de nombreuses études ont démontré que les soft skills sont également essentielles au succès et à la pérennité d’une entreprise.

Quelle est votre opinion sur le «quiet quitting» ?

Encore une fois, le quiet quitting est un enjeu mondial qui a un impact tant sur la productivité des employés que sur leur motivation. Comme il ne s’agit pas d’une démission au sens propre du terme, c’est-à-dire que le salarié reste à son poste en faisant le strict minimum.

L’entreprise doit savoir susciter ainsi un sentiment d’appartenance chez ses équipes et pouvoir répondre à leurs attentes. Il faut communiquer sur les objectifs de l’entreprise et engager tous les employés – quelle que soit sa place dans la hiérarchie – à travailler avec passion et amour. Il faut que le cadre soit aussi propice.

Il faut que le lieu soit accueillant et favorise la productivité. L’entreprise doit aussi investir dans le développement de ses collaborateurs avec des programmes de formation pour tous. Et aussi, mettre en place un pro- gramme de reconnaissance pour valoriser ceux qui se démarquent, mais aussi encourager les autres à se démarquer.