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Le goyavier de Chine, casse-tête pour les espèces endémiques
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Le goyavier de Chine, casse-tête pour les espèces endémiques
La saison des goyaves de Chine a commencé et devrait durer jusqu’à juin. Si ses fruits font le bonheur des amateurs de «confits» et celui des cueilleurs en pleine nature, l’arbre envahit nos forêts, gênant la régénération des espèces indigènes et endémiques. Vikash Tatayah, le directeur de la Mauritian Wildlife Foundation, nous éclaire sur cette espèce exotique envahissante.
Un petit bonheur pour ceux friands de ces fruits rouges et acidulés ou jaunes et sucrés ; sans oublier les fans de cueillette dans les bois de Plaine-Champagne et Mare-aux-Vacoas. Ses bienfaits pour la santé sont connus ainsi que la solidité du bois qu’on peut commercialiser. Toutefois, le goyavier de Chine, introduit à Maurice au 18ᵉ siècle, est une plante invasive qui a un impact néfaste sur la biodiversité locale. Le psidium cattleianum est originaire de la côte est du Brésil. Importée en Chine méridionale et exportée ailleurs, la plante a pris le nom de P.chinense, goyavier de Chine.
Dans son milieu naturel, la densité est faible. Mais à Maurice, tout comme à La Réunion, elle est devenue envahissante en raison de deux facteurs : les prédateurs et maladies de son milieu brésilien n’ont pas été introduits à Maurice et la dissémination de ses graines se fait rapidement. «Il y a, en effet, une corrélation entre l’augmentation du condé et du goyavier de Chine. Les graines ont aussi été propagées par les cochons marrons et le singe. À Rodrigues, néanmoins, elle n’est pas encore si envahissante», explique Vikash Tatayah, le directeur de la Mauritian Wildlife Foundation (MWF).
Autres points néfastes. Cette plante exotique qui pousse et s’étend très vite absorbe et stocke beaucoup d’eau aux dépens de nos ressources, les nappes phréatiques proches des réservoirs. La plante contribue aussi à l’érosion et a un impact négatif sur la conservation du sol. Les endroits propices pour cette plante sont les hauts plateaux au vu du climat humide et d’une bonne pluviométrie. En cas de faible densité des goyaviers de Chine, comme dans la région basse des Gorges de la Rivière-Noire, l’arbre peut atteindre 10 mètres de haut avec un tronc de plus de 20 cm de diamètre.
Contrôle de l’envahisseur
Il n’est pas question d’éradication mais de contrôle de cette espèce envahissante. «Beaucoup adorent la goyave de Chine et elle resterait toujours très disponible dans son ensemble mais cette espèce doit être contrôlée. Elle pousse sur des milliers d’hectares à Maurice. Son contrôle pour les besoins de la conservation s’étend uniquement sur des centaines d’hectares, dans des régions où il y a des programmes de conservation, notamment dans les parcs nationaux.» Vikash Tatayah relève que «dans des milieux où il y a des plantes rares et des besoins de réhabilitation avec des espèces indigènes et où il faut protéger les oiseaux endémiques, le contrôle est assez complet».
Toutefois, le contrôle de la goyave de Chine et d’autres espèces envahissantes comme le privet et le poivrier est très difficile et très coûteux, souligne le directeur de la MWF. Le goyavier de Chine est une espèce envahissante résiliente. Mais pour conserver des plantes et des oiseaux et reptiles endémiques, il faudrait augmenter la superficie de contrôle de la goyave de Chine et d’autres espèces végétales envahissantes.
Toute action pour augmenter la population de plantes envahissantes est mauvaise pour la flore locale. Une sensibilisation des Mauriciens est importante pour les informer des résultats de ces efforts: des forêts de bonne qualité, le retour de plantes endémiques et l’utilisation de ces parcelles de forêt par des oiseaux endémiques. Maurice forme partie des pays dont la flore est la plus menacée au monde. Et les plantes envahissantes ont certes contribué à la perte de nos forêts protégées.
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