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Changement climatique: à la rescousse des coraux en danger

25 avril 2023, 20:00

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Changement climatique: à la rescousse des coraux en danger

Inondations, glissement de terrain, érosion, montée des eaux, blanchiment des coraux… Autant de phénomènes qui affectent le pays et qui sont dus au changement climatique. Les coraux sont fascinants. Ces animaux extrêmement anciens sont devenus, peu à peu, des constructeurs de récifs. Mais, aujourd’hui, ils sont en danger avec la perte de la biodiversité et les maladies. Le réchauffement climatique est lourd de conséquences pour ces barrières naturelles. 

Le blanchiment des coraux est un phénomène qui affecte les lagons mauriciens. Il est causé par l’acidification de l’eau due à une température élevée dans le lagon. Ceci découle du changement climatique et est accentué par une surutilisation des lagons. Nadeem Nazurally, de l’ONG EcoMode Society et chercheur à l’université de Maurice, explique que le blanchiment des coraux est un signe que les coraux se meurent. Une fois morts, ils se brisent et n’agissent plus comme barrière contre les vagues, et les plages en souffrent à travers l’érosion. De plus, ce sont les coraux qui fournissent leurs aliments aux poissons. Donc, sans coraux, plus de poissons ni de sable. 

«Il faut savoir que les coraux sont sensibles à plusieurs changements en mer ; cela va du taux de sel à la lumière qu’ils reçoivent, en passant par l’impact des vagues. Il existe des coraux qui sont adaptés à survivre temporairement dans l’eau, avec plus de sédiments ou une température un peu plus douce, alors que d’autres ne le sont pas. En été, le mauvais temps n’est pas très dangereux, mais entre l’impact de l’homme et celui du mauvais temps, cela peut avoir un effet négatif sur les coraux», nous dit-il. Avant d’expliquer qu’entre «les sédiments, les objets polluants lessivés par la pluie, les endroits où l’eau ne s’écoulait pas avant les flash floods, c’est un cocktail dangereux auquel sont confrontés les coraux». 

Travaux de restauration des coraux en cours.

Ils sont très sensibles à leur environnement mais c’est ce cocktail détonnant qui suit les flash floods et les cyclones qui s’avère être un danger supplémentaire pour eux qui sont alors stressés par la situation et peuvent en mourir. De plus, les effets mécaniques du mauvais temps, surtout cyclonique, comme les vagues, ont tendance à endommager, voire détruire, les coraux les plus fragiles. Les récifs coralliens sont directement menacés par le réchauffement climatique. 

Quand la température de l’eau de surface des océans augmente, les récifs coralliens y sont très sensibles du fait de leur faible capacité d’adaptation. «Un à deux degrés Celsius d’augmentation de température des eaux de surface au-delà des maxima habituels, sur une durée de deux semaines, voilà qui est suffisant pour provoquer un blanchissement massif, affectant la croissance, l’alimentation et d’autres processus écologiques des récifs», explique Nadeem Nazurally. 

L’espoir renaît, cependant, avec des projets de régénération de coraux par le Mauritius Oceanography Institute, l’université de Maurice et d’autres ONG. Active depuis 2012, l’EcoMode Society s’est donné pour mission de protéger et de préserver l’environnement terrestre et marin à travers la recherche et la sensibilisation. «Nous savons que si nous ne changeons pas notre façon de faire, toutes nos ressources naturelles disparaîtront et nous continuerons à perdre des espèces», souligne Nadeem Nazurally. 

Parmi les projets, celui de coral farming, financé par le GEF Small Grants Programme de l’United Nations Development Programme. Il consiste à tenter de redonner vie aux coraux qui ont subi le contrecoup du naufrage du Wakashio. «On collecte les coraux cassés ou impactés par la marée noire sur les récifs de Pointe-d’Esny. Nous les apportons dans une nursery avant, éventuellement, de les remettre à l’eau.» Nadeem Nazurally ajoute : «Il y a aussi des coraux cassés par les bateaux ou les ancres qu’on collecte et qu’on place dans une pouponnière. On fait le suivi des coraux en regardant comment ils grandissent et, après, on les replace dans des sites dégradés. On fait un suivi pour voir si les coraux survivent ou s’il y a d’autres facteurs qui les empêchent de grandir.» 

Les cadres d’araignées ont prouvé leur potentiel pour restaurer les récifs dégradés.

Les coraux existants ne sont pas utilisés pour en cultiver. «Nous collectons les coraux déjà cassés et nous les laissons pousser dans ces structures. Nos coraux ont bien grandi durant la période de confinement. L’idée de planter ces coraux est venue grâce aux casiers des pêcheurs», dit-il. Pour le chargé de cours, ces casiers jetés à la mer, sont, d’ailleurs, une cause de pollution. «Mais, paradoxalement, les coraux y poussent», se réjouit-il.

Un autre projet est celui des cadres d’araignées qui ont prouvé leur potentiel pour restaurer les récifs dégradés, principalement causés par la pêche à l’explosif, les ancres ou les dégâts des tempêtes. Leurs formes ouvertes permettent aux coraux de se développer et à l’eau de s’écouler. Ces charpentes sont légères, ce qui permet un transport facile sur le chantier et leur construction est peu coûteuse. Des études menées dans le monde entier ont prouvé leur capacité à réhabiliter les récifs. 

La prévention reste, pour le moment, le meilleur moyen de limiter les dégâts des flash floods et des cyclones avec une forte pluviométrie sur les récifs coralliens. «Le meilleur moyen de protéger les coraux de l’impact des flash floods, c’est en s’assurant que l’eau soit bien canalisée dans les drains vers des endroits où ils doivent se vider», ajoute Nadeem Nazurally. «Il serait possible de trouver des moyens de filtration mais ce serait long, fastidieux et onéreux. Il faut avant tout s’assurer que les drains fonctionnent correctement. Les communautés côtières, notre économie et le futur des générations à venir en dépendent. La préservation et la protection des écosystèmes marins et des récifs coralliens, à l’île Maurice comme dans le reste du monde, font partie des défis globaux que nous devons relever ensemble, coûte que coûte», conclut le chercheur.