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Marché Maurice-Réunion: Se nepa serin ki gazouye…
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Marché Maurice-Réunion: Se nepa serin ki gazouye…
Il y aurait bel et bien un trafic d’oiseaux vers La Réunion. Plus particulièrement de serins. Ceci n’est pas nouveau mais le sujet revient constamment sur le tapis et dans plusieurs articles de presse depuis quelques jours, suivant la saisie de 150 kg de zamal à l’île sœur et l’échouage d’un bateau par des Mauriciens à Anse-des-Cascades, en avril. De quoi s’agit-il ?
Un article, publié le 2 mai sur le site France Info, parle de l’enquête de la police mauricienne sur le propriétaire du bateau qui a échoué à Anse-des-Cascades et qui a vu l’arrestation de trois Mauriciens à La Réunion, notamment des deux footballeurs Benjamin Leu et Andy Patate, ainsi que Roddy Meunier. Il fait aussi état, au niveau de Maurice, de l’arrestation d’Arshad Abdur Rahman, de Samuel Legentil et de Felix Dilane Lapierre. «L’enquête révèle un trafic fonctionnant dans les deux sens : du ‘zamal’, cannabis cultivé à La Réunion, à destination du marché mauricien, et dans l’autre sens, des serins capturés à Maurice et vendus aux amateurs réunionnais d’oiseaux en cage. Ces serins endémiques de Maurice, appelés aussi béliers, sont très prisés des collectionneurs d’oiseaux.»
Selon Vikash Tatayah, Conservation Director de la Mauritian Wildlife Foundation (MWF), il y a deux types de serins. Le Serin du pays, soit le «Serinus Mozambicus», est souvent aperçu en bord de mer, sur les filaos ou dans des champs. Quant au Serin du Cap, aussi connu comme le «Tisserin», il vit en colonie et est très souvent sur les arbres, tissant son nid en forme de boule. Les deux types de serins sont originaires d’Afrique australe et n’appartiennent pas aux espèces protégées par la loi mauricienne. Ce qui veut dire qu’ils peuvent être capturés et mis en cage, et sont même considérés comme des espèces envahissantes à Maurice de par leurs nombres.
Environ Rs 10 000 l’unité
À La Réunion, les deux sont également présents, explique le Conservation Director de la MWF. Cependant, le Serin du pays, qui y est appelé «bélier» est désormais rare car il a longtemps été chassé, capturé… braconné. «Ils sont très prisés aussi parce qu’ils ont un très beau chant.» Avant de rappeler que ce n’est pas la première fois que le trafic de serins se fait entre Maurice et La Réunion. «Cela a déjà été fait par voie aérienne.» Notamment en 2018, lorsque 250 de ces oiseaux avaient été interceptés à l’aéroport de sir Seewoosagur Ramgoolam, en partance pour l’île sœur à bord d’un vol d’Air Austral. Puis, en 2016, quand la plus grosse saisie a été faite à l’aéroport Roland Garros, à Saint-Denis, avec 407 serins. Un Mauricien avait dissimulé les oiseaux dans 11 tuyaux en PVC, spécialement conditionnés et rangés dans un sac à roulettes.
À savoir que, selon la presse réunionnaise, un serin peut être vendu jusqu’à 200 euros (environ Rs 10 000). À Maurice, ils ne sont pas beaucoup commercialisés, mais il arrive que quelques-uns soient mis en vente dans des animaleries. Il faut alors débourser entre Rs 500 et 1 000 la paire. Dans un article du 28 avril, avec comme titre «Speed boat Réunion Maurice : Les trafiquants d’oiseaux derrière les barreaux, la drogue volatilisée…» Zinfos974 soutient que «le bateau embarquait des oiseaux de Maurice vers La Réunion et devait repartir chargé de cannabis en sens inverse». Concernant l’un des footballeurs arrêtés, il évoque qu’«inconnu de la justice mauricienne, [il] a été à son tour mis en examen pour transport, détention, et tentative d’exportation de cannabis et import d’oiseaux».
Pourtant, selon une source à l’Anti Drug & Smuggling Unit, l’on se demande combien de serins devaient être exportés pour ces grosses quantités de zamal qui allaient fouler le sol mauricien.
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