À partir du samedi 6 mai, le Collectif Arc-en-ciel (CAEC) mettra un nouveau service à la disposition de ses membres. Il s’agit de séances de conseils et de soutien aux parents dont les enfants font partie de la communauté LGBTQIA+. Les consultations gratuites seront assurées par la psychologue Amanda Sadien. Elle explique pourquoi un tel service est important à Maurice.

«Les jeunes se regroupent et se soutiennent entre eux. De cette manière, ils arrivent à s’épanouir», explique la psychologue. Mais une fois hors du cercle d’amis, le problème se corse. Beaucoup d’ados doivent se cacher à la maison. Or, c’est un espace qui à la base doit être sécurisé et confortable, un endroit où ils doivent se sentir libre, avance Amanda Sadien. D’où l’importance d’un tel programme. Les sessions auront lieu les samedis de 13 heures à 16 heures dans les locaux du CAEC à l’avenue Darwin à Quatre-Bornes.

Selon plusieurs études réalisées dans la société, le taux de dépression est de trois à quatre fois supérieur chez les jeunes dans la communauté LGBTQIA+. L’utilisation de drogues et la consommation d’alcool sont aussi très répandues chez les jeunes qui doivent réprimer une partie de leur personnalité.«Cela arrive car ils ne se sentent pas à l’aise. On a aussi constaté que cette catégorie de jeunes a tendance à prendre plus de risques au niveau sexuel aussi», ajoute la psychologue. Tous ces problèmes peuvent être réglés, voire évités, si la discussion est saine et ouverte au sein de la famille. Or, Amanda Sadien est consciente qu’à Maurice, il n’est pas simple d’avoir des professionnels LGBTQIA+ -friendly. «Il se peut que l’ado et ses parents se retrouvent face à un professionnel réfractaire et conservateur qui lui dit que c’est mauvais. Il va grandir avec», avance-t-elle. D’où l’importance d’avoir le service proposé par le CAEC. Mais ce n’est pas tout. «Aujourd’hui, contrairement à avant, le succès ne se mesure pas uniquement par les réalisations académiques ou sociales. Il y a aussi la qualité de vie. Pour la nouvelle génération, la santé et la tranquillité mentale sont primordiales. Avoir un tel service va dans ce sens», explique-t-elle.

Jean Daniel Wong, directeur du CAEC, revient sur ce qui a poussé l’ONG à venir de l’avant avec un tel projet. «Le soutien familial est primordial pour toute personne LGBTQIA+. Certes l’accès à l’information est aujourd’hui plus facile mais pour des raisons de pratique ou d’influence religieuse et du regard des autres.» Le fameux «ki dimounn pou dir» ou encore, des parents qui se demandent pourquoi cela leur arrive ou ce qu’ils ont fait de mal pour mériter cela. «Le CAEC a ainsi mis en place ce service car les parents ont aussi besoin d’exprimer leurs ressentis souvent liés à une certaine culpabilité et de la déception. Ils ont un besoin de comprendre pour pouvoir soutenir leurs enfants. C’est un service ancré dans la mission du CAEC qui est de faire entendre la voix et de promouvoir l’intégration de la communauté LGBTQIA+ mauricienne en mobilisant les ressources nécessaires pour aspirer à une société sans stigmatisation, sans discrimination et sans violence psychologique liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre», dit-il.

Le projet a vu le jour avec le soutien de la Mauritius Commercial Bank Forward Foundation. Le but de projet, tient à préciser Amanda Sadien, n’est pas de convaincre les parents, ni les forcer à accepter. C’est plutôt un travail d’accompagnement, qui vise à pallier le manque d’informations et les aider à concilier leur identité de parents à l’identité sociale ou religieuse. Le service est gratuit et uniquement sur rendez-vous en appelant le 5919 22 32.