L’annonce du ministre des Finances est étonnante. Rs 20 000 seront accordées aux jeunes qui ont atteint l’âge de 18 ans à partir du 1er janvier 2023. Mais également à ceux qui fêteront leurs 18 printemps durant les mois ou années à venir… Cela concerne 50 000 jeunes cette année, apprend-on, et c’est la Mauritius Revenue Authority qui paiera les heureux bénéficiaires, par chèque, en janvier 2024. Question dès lors: n’est-ce là une mesure pour s’attirer la sympathie des futurs électeurs ?

Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice, est de cet avis. Cette mesure est un moyen d’embobiner les jeunes qui, à l’âge de 18 ans, ont le droit de vote, en vue des élections à venir, estime-t-il. «Bon, la mesure a été annoncée et ces jeunes percevront ces Rs 20 000. Il faut savoir comment gérer cet argent. L’utiliser à bon escient et de manière judicieuse. Il ne faut surtout pas que ces jeunes soient influencés par cette mesure pour les législatives.» Il met l’accent sur le rôle des parents dans l’encadrement de leurs enfants pour bien utiliser cet argent et les éduquer sur le plan politique afin qu’ils ne se laissent pas berner et qu’ils fassent un choix éclairé.

Cette initiative, appelée Independence Scheme, a été introduite dans le cadre du 55e anniversaire de l’Indépendance, dans le but de leur permettre de démarrer un nouveau chapitre de leur vie. «Aller à l’université, obtenir un emploi ou un stage, créer une petite entreprise, apprendre à conduire, acheter de nouveaux équipements sportifs. Autant d’aspirations réelles d’un jeune de 18 ans entrant dans l’âge adulte», a fait ressortir Renganaden Padayachy dans son discours budgétaire.

Lors d’une rencontre avec les médias hier matin, le ministre des Finances a d’ailleurs soutenu que cette mesure vise à «contribuer à l’indépendance de ceux atteignant la majorité. De leur permettre d’acheter du matériel informatique, un instrument de musique ou de payer leurs frais d’examens de HSC s’ils redoublent (…) des jeunes veulent quitter Maurice et ça nous attriste. On espère les motiver à rester».

Jérémie, qui aura 18 ans en juillet et se retrouve en grade 12 en raison du retard engendré par le Covid-19, prévoit d’économiser cet argent jusqu’à la fin de ses études secondaires. Il envisage de l’utiliser ultérieurement pour apprendre à conduire ou pour contribuer aux dépenses liées à ses études supérieures. «Ces Rs 20 000 restent une aide pour les parents qui font beaucoup de sacrifices pour nous aider à construire notre avenir. Quand j’irai voter, je regarderai le programme que proposent les partis, c’est un ensemble. Nou pa bet!»

Tous les jeunes feront-ils comme Jérémie ? Les paris sont ouverts...