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Shelters: l’horreur à l’abri des regards
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Shelters: l’horreur à l’abri des regards
La gestion des «shelters» demeure une actualité brûlante. Notamment avec cette énième allégation de maltraitance qu’aurait subie un petit de 6 ans le mois dernier à L’Oiseau du Paradis à Cap-Malheureux. Auparavant, il y a eu le cas de bébé S., mais aussi l’histoire des deux frères qui avaient été retirés de la garde parentale sans ordre de la cour…
• «Rotin bazar» et «disel pima» sur les parties intimes d’un enfant de 6 ans
• Deux «caregivers» arrêtées
Le shelter de Cap-Malheureux – L’Oiseau du Paradis – refait parler de lui. Cette fois, pour des allégations de maltraitance, qu’aurait subie un petit de 6 ans entre le 5 et le 6 mai. L’enfant a expliqué qu’il aurait été frappé à l’aide d’un «rotin bazar» sur les parties intimes par une caregiver, M.P., et qu’ensuite une autre, J.L., aurait passé du «disel pima et du poivre» sur la blessure... Une troisième accompagnatrice, N.A., aurait, selon les dires du petit, été témoin de toute la scène et aurait simplement ri. L’enfant a été conduit à l’hôpital le 27 mai. Selon nos informations, un deuxième enfant du même âge serait également concerné. Il aurait affirmé avoir vu M.P. frappant le premier enfant et aurait lui aussi été victime de J.L. qui aurait frotté du piment sur sa bouche alors que N.A. était présente et n’a rien fait.
Ce n’est que le mardi 6 juin que M.P a été arrêtée par des policiers de Grand-Baie pour «causing child to be harmed with aggravating circonstances». J.L., quant à elle, a été arrêtée mercredi pour le même délit. Elles ont toutes deux été traduites en cour de Pamplemousses où elles ont obtenu la liberté conditionnelle moyennant une caution. Depuis, elles passent leurs journées au bureau du National Children’s Council (NCC) en attendant une décision sur leur sort. Au ministère de l’Égalité du genre, une source sûre confie que ces arrestations font suite à une enquête et que ce sera le NCC qui prendra prochainement des sanctions à leur encontre.
Au shelter, on explique néanmoins ne pas comprendre cette démarche, d’autant plus que M.P. ne travaillait pas ces jours-là, soit les 5 et 6 mai. «On pense que c’est une façon de la punir car on l’a toujours soupçonnée d’être celle qui divulguerait des informations du shelter à la presse et aux membres de l’opposition notamment.» On parle toutefois d’images qui circuleraient sur l’épisode «disel pima» mais «reste à prouver si elles existent réellement».
Contactée à ce propos, M.P. a brièvement accepté de nous parler. «Je suis innocente et je n’ai rien à voir avec cette affaire.» Pourtant, ce n’est pas la première fois qu’elle est suspendue de ses fonctions. Elle l’a été à deux reprises dans le passé pour d’autres accusations, notamment pour avoir donné des cigarettes à des mineurs au shelter, entre autres. «Oui, mais je tiens à préciser que pour toutes ces accusations, depuis 2018, j’ai été blanchie. Pourquoi ?» Ajoutant qu’elle est étonnée d’être toujours parmi les seules à être sanctionnées alors que d’autres affaires plus graves qui se passent dans les abris sont «étouffées». Quoi par exemple ? Nous n’en saurons pas plus. À chaque fois, dit-elle, elle n’est jamais appelée à fournir sa version des faits. Nous avons également sollicité J.L., mais elle est restée injoignable hier. Pour l’heure, M.P., J.L. et N.A. ne sont plus en contact avec les enfants de L’Oiseau du Paradis mais doivent se rendre chaque jour au bureau du NCC. «Pourquoi n’avoir toujours pas agi aussi sévèrement en ce qui concerne la troisième personne (NdlR, N.A), plus d’un mois après les faits ? N’est-ce pas un gaspillage de ressources humaines», se demande-t-on au sein du shelter de Cap-Malheureux.
État déplorable
L’Oiseau du Paradis porte décidément mal son nom, faiton valoir. Car, hormis le sort réservé aux enfants, l’état des lieux est également décrié. Entre des eaux usées qui inondent une partie de la cour et des endroits dans la même cour où l’on a brûlé des déchets ici et là, on soutient qu’on a peur pour la sécurité et la santé des résidents mineurs. «Il y a un problème avec la fosse septique. Celle-ci serait en piteux état et pour éviter qu’un enfant ne tombe dedans, on l’a recouverte de pierres et parfois on met une chaise pour éviter tout incident», soulignent des employés.
Où en est-on avec ces autres cas ?
<p>On se souvient tous du cas de bébé S. qui était à l’hôpital depuis octobre 2022 après avoir été victime de négligence alléguée au sein du même shelter à Cap-Malheureux. Suite à cette affaire, six <em>caregivers</em> avaient été arrêtées et sont suspendues à ce jour. Un <em>Fact- Finding Committe</em>e a été mis sur pied, mais personne n’en connaît les retombées jusqu’à aujourd’hui. Entre-temps, bébé S. a quitté l’hôpital récemment et a été placée au sein du foyer La Cigogne, à Floréal, en attendant qu’on lui trouve une famille d’accueil, avait indiqué Stéphanie Anquetil lors d’une conférence de presse en mai.</p>
<p>Et puis, nous mettions en avant le sort de deux frères de 15 et 13 ans placés au shelter de Cap- Malheureux. Le plus jeune avait même été interné à l’hôpital Brown Sequard, selon sa mère âgée de 37 ans à l’époque. On a appris par la suite que les enfants avaient été envoyés dans cet abri sans ordre de la cour. «<em>The court wishes to be enlightened as to why the children without court orders…» </em>avait lancé M<sup>e</sup> Lovena Sowkhee, qui représentait la maman, tout en déclarant qu’il était clair que le cas de ces deux frères avait été «mal géré» par le ministère concerné. Selon nos informations, les deux frères seraient finalement retournés chez eux.</p>
Le centre de relais de Notre-Dame géré par le privé
<p>Des informations provenant du ministère de l’Égalité du genre, le centre de relais de Notre-Dame, inauguré en grande pompe en octobre 2021 par la ministre Kalpana Koonjoo-Shah, ne sera plus géré par l’État mais par le même propriétaire d’un foyer privé situé dans les hautes Plaines-Wilhems. En d’autres termes, le centre sera entièrement géré par le privé. <em>«En principe, cela doit prendre effet à partir de demain (NdlR, aujourd’hui, jeudi) car les employés ont déjà reçu des directives, mais si tel n’est pas le cas, ce sera chose faite dans quelques jours seulement, le temps de tout finaliser»,</em> explique une source fiable. Par ailleurs, les soignantes qui estiment qu’elles sont des «fonctionnaires» et qui refuseraient de travailler dans le privé seront mutées au shelter de Cap-Malheureux, laisse-t-on entendre. Notre source au ministère de l’Égalité du genre explique en outre qu’il se pourrait que tous les autres shelters gérés par l’État passent entre les mains du privé. N’estce pas là un aveu d’échec ? Nous n’aurons pas de réponse à cette question…</p>
Kalpana Koonjoo-Shah: dodo, micro et dérapages verbaux
<p>La ministre de l’Égalité du genre, Kalpana Koonjoo-Shah, a beaucoup fait parler d’elle depuis qu’elle a accédé à ce poste en novembre 2019. Détentrice d’une licence en Sciences biologiques de l’université de Brighton au Royaume-Uni, elle était assistante secrétaire permanente au ministère de la Santé depuis 2017. Si la gestion des shelters créé des vagues depuis quelque temps déjà et que le dossier a fait l’objet de nombreuses questions au Parlement, on se souvient également de la ministre après certains «incidents», dirons-nous. Au sein de l’Hémicycle, par exemple, il y a eu la fameuse injure – destinée au speaker disent les mauvaises langues – qui s’est fait entendre au Parlement le 4 mai 2021 lorsqu’elle intervenait. Nombreux sont ceux qui avaient alors cru reconnaître sa voix, mais la ministre avait nié et avait même porté plainte à la Cybercrime Unit. Or, la voix «mystère» n’a jamais pu être identifiée.</p>
<p>Ensuite, il y a eu une photo la montrant pendant qu’elle dormait au Parlement. Plus récemment, elle a également laissé éclater sa colère contre la députée Stéphanie Anquetil, qui s’occupe du dossier du bien-être de la famille et des enfants au sein du Parti travailliste. Elle l’a insultée pendant de longues minutes et a fini par traiter la députée rouge de <em>«Manjulika»</em> <em>(NdlR, personnage possédé par un esprit dans un film bollywoodien)</em>. Auparavant, l’élue de la circonscription n°7 (Piton–Rivière-du-Rempart) avait refusé de répondre à une question parlementaire sur la gestion des shelters, avançant qu’il y avait des «fake news» qui circulaient et que, de ce fait, elle ne pouvait répondre. </p>
<p>Au ministère de l’Égalité du genre, on soutient que <em>«la ministre est l’une des seules, voire la seule, qui se bat réellement pour le bien-être des enfants et des femmes»</em>. Toutefois, des membres du NCC, les employés des abris, les caregivers et même certains fonctionnaires en poste dans des institutions rattachées à ce ministère, ne voient pas les choses du même oeil…</p>
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