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Affaire Akil Bissesur: l’opération de livraison contrôlée «mal ficelée»
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Affaire Akil Bissesur: l’opération de livraison contrôlée «mal ficelée»
Un limier chevronné de la brigade antidrogue, qui a été à la tête de plusieurs opérations de controlled delivery (livraison contrôlée) à travers le pays, a accepté de nous expliquer le déroulement d’une telle opération. Après avoir visionné le live d’Akil Bissessur, ce policier affirme que l’opération de la Special Striking Team (SST) de l’ASP Ashik Jagai était «mal ficelée». Plusieurs manquements ont été notés, ce qui pourrait faire capoter l’enquête.
«Il y a eu un mauvais planning, le faux facteur était paniqué et ne savait pas quoi faire exactement et les limiers de la SST n’auraient pas dû se présenter dans leur véhicule. Une opération de livraison contrôlée est dans la plupart des cas une opération sous couverture. Je pense que le faux facteur n’avait pas suffisamment été briefé sur ce qu’il devait faire ou répondre. Lorsqu’Akil Bissessur lui a dit que le colis ne lui appartenait pas, il aurait dû partir. Mais à la place, il a paniqué», confie le limier. Il est cependant catégorique qu’une opération «of controlled delivery is established when the receiver takes possession of the parcel» ; et il affirme que dans le cas d’Akil Bissessur, ce dernier n’a pas pris possession du colis, avançant qu’il n’a jamais passé de commande.
Il explique aussi qu’un policier de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU)peut se déguiser pour les besoins d’une opération. «Il est impératif que les policiers soient undercover afin de pouvoir mieux enquêter et ne pas éveiller les soupçons.» Il affirme aussi que cette opération aurait normalement dû être sous la responsabilité de la brigade antidrogue de l’aéroport. Après que la Customs Anti-Narcotics Section (CANS) de la Mauritius Revenue Authority a constaté qu’il y avait quelque chose de louche avec le colis, elle aurait dû faire appel à la brigade antidrogue de l’aéroport. «Les officiers de la CANS doivent en fait ouvrir le colis en présence des limiers de l’ADSU et ces derniers doivent confirmer qu’il s’agit bien de drogue en effectuant un field test.»
Ce n’est qu’ensuite que l’opération de livraison contrôlée est montée, sous la responsabilité d’un surintendant de police ou d’un officier de rang plus élevé. Un faux facteur est ensuite chargé de remettre le colis au destinataire, à l’adresse mentionnée sur le colis. Sinon ce dernier est contacté au téléphone par le service courrier et doit se présenter à l’entrepôt pour récupérer sa marchandise. Il est arrêté une fois qu’il récupère le colis et c’est là que les limiers de l’ADSU doivent décliner leur identité.
Cela fait plusieurs années que la drogue est envoyée par voie postale et les expéditeurs sont de plus en plus créatifs. Ils n’affichent jamais la véritable identité des récipiendaires, mais indiquent toutefois l’adresse. Les substances illicites sont souvent dissimulées dans divers objets.
Colis et ecstasy : un paquet de questions…
<p style="text-align:center"><img alt="" height="350" src="/sites/lexpress/files/images/colis_ook.jpg" width="350" /></p>
<p>La tentative de livraison contrôlée d’un colis contenant des comprimés d’ecstasy d’une valeur de Rs 2 millions à l’adresse d’Akil Bissessur à Sodnac soulève de nombreuses zones d’ombre. Est-ce que le colis réceptionné à P<em>laisance Air Transport Mauritius </em>(PATS) avait un expéditeur ? Y avait-il le numéro du destinataire sur le colis ? Comment les informations ont-elles été relayées au niveau de la douane pour informer la police ? Comment le contrôle de livraison a-t-il eu lieu ?</p>
<p>Un proche du dossier confirme que le colis est arrivé le vendredi 16 juin et l’expéditeur a bien un nom et une adresse de l’Allemagne. Sur le colis il y avait bien un code-barres. Toutefois, le nom de l’expéditeur qui n’est pas un Mauricien ne nous sera pas révélé car il y a une enquête policière en cours. Il y avait un numéro portable et le nom du destinataire… Avinash. Le nom de famille, soit Bissessur, n’y est pas mentionné. Il y a plusieurs façons de réceptionner les colis à leur arrivée soit à PATS ou au Ground 2 Air Warehouse. En principe, il y a plusieurs catégories de courrier par avion; les colis arrivent dans des boîtes ou des sacs.</p>
<p><strong>Chiens renifleurs </strong></p>
<p>C’est à travers le manifeste que les douaniers, en présence d’un <em>Resident Officer</em>, un officier de l’ADSU, supervisent les colis. Les officiers de la CANS doivent passer les colis au scanner et les faire sniffer par les chiens renifleurs. Au scanning, les images suspectes sont prises en considération. Si un colis est soupçonné de contenir de la drogue, un <em>seizing officer</em> de la CANS entame les procédures pour mettre la drogue sous scellés comme pièce à conviction. Le Resident Officer et l’officier de l’ADSU apposent leur signature sur le colis. C’est à partir de là que l’affaire change de main et l’ADSU lance son modus operandi pour une livraison contrôlée avec un «<em>dummy parcel</em>», soit un colis factice. Dans l’affaire Akil Bissessur, le colis serait arrivé au Ground 2 Air Warehouse et, selon des sources, la SST avait déjà ses informations et attendait qu’il soit sur le sol mauricien pour faire l’opération de contrôle de livraison.</p>
<p>Lundi, les officiers de la CANS et de la SST se sont réunis au Ground 2 Air Warehouse et les employés de la poste se sont déplacés pour assister à l’ouverture du colis. Les officiers de la CANS ont ouvert le colis et 1 022 comprimés d’esctasy ont été retrouvés dans la boîte d’une balance. Un field test effectué a confirmé que c’était bien de l’ecstasy. On nous affirme que cet exercice a été fait under camera en présence de beaucoup d’officiers.</p>
<p>D’autre part, une source du côté des Casernes centrales nous informe qu’une fois que la MRA est en présence d’un colis suspect, l’avis du commissaire de police est recherché pour savoir quelle équipe travaillera sur ce dossier. Le choix s’est porté dans ce cas précis sur la SST. Nous avons tenté de savoir si, selon la procédure, quand un colis suspect est détecté à son arrivée à PATS ou au Ground 2 Air Warehouse, il n’est pas inhabituel que l’ADSU lance sa livraison contrôlée en appelant le destinataire pour qu’il vienne récupérer son colis et il est alors pris la main dans le sac.</p>
<p>Cette fois dans le cas d’Akil Bissessur, cela ne s’est pas passé ainsi. Un haut gradé de la brigade antidrogue nous explique que le <em>modus operandi</em> d’une livraison contrôlée n’a pas de règle établie car l’équipe chargée de l’affaire décide de la façon dont elle montera son opération.</p>
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